Conscience et état de conscience

 Par Paul Moyne

 "Comment cet amas visqueux et blanchâtre à l'intérieur de mon crâne peut-il être conscient ?...

Certains types de systèmes vivants ont évolué au cours de longues périodes de temps. Parmi eux, quelques-uns ont des cerveaux évolués capables de causer et d'entretenir la conscience...

à moins d'être aveuglés par la mauvaise philosophie ou quelque avatar de la psychologie officielle, nous ne doutons pas un instant que les chiens, les chats, les singes et les petits enfants sont conscients et que leur conscience est aussi subjective que la nôtre... " (cf. J.R.Searle - The rediscovery of the Mind, 1992).

 

Janes Goodal à partir des années 1960, mit en évidence un système rudimentaire de pensée chez les grands singes anthropoïdes de Tanzanie.

Depuis nous savons que la vie sociale des chimpanzés atteste d'alliances, de ruptures, d'agressions, de réconciliations, de trahisons.

 D'autre part, selon A.N. Whitehead :

"l'attrait et l'aversion .... n'acquièrent évidemment toute leur importance que dans le cas des organismes supérieurs. Ils constituent le premier pas sur la voie mentale, sans pour autant équivaloir à la conscience. Mais une entité actuelle qui comporte ces opérations doit présenter une intensité élevée de sentirs conceptuels … ".

Qu’en est-il de la conscience, est-elle un opérateur ayant le pouvoir de reconnaître, de juger, …, in fine : de décider et d’agir ?

Non, un non sans appel.

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 "Selon la théorie que je défends, il est dans la nature même de la vie d’engendrer l’intelligence partout où (et dès que) les conditions requises sont réunies. La pensée consciente appartient au tableau cosmologique, non pas comme un épiphénomène propre à la biosphère, mais comme une manifestation fondamentale de la matière. La pensée est engendrée et nourrie par le reste du cosmos." (cf. Christian De Duve – Nobel - Poussière de vie).

 Non ; la pensée n’est pas engendrée par le cosmos, en revanche de rarissimes complexifications de la matière peuvent conduire à des activités d’ordre transcendant, qui émergent d’un état singulier : l’état de conscience,

et certaines de ces activités sont dénommées pensées, ce qui est fort différent.

"Il est clair que les phénomènes mentaux ont des caractéristiques assez différentes des phénomènes observables dans le cerveau." (cf. Benjamin Libet  - Consciousness : conscious subjective, experience),

par exemple, les chronologies des activités cérébrales d’ordre transcendant, sont différentes des chronologies qui caractérisent les comportements physiques des neurones.

 

Pour l’esprit en quête des causes primordiales, la véritable question n’est donc pas,

comment un cerveau peut-il produire la conscience ? mais,

comment un état d’entendement caractérisé par des facultés qui permettent de transcender des phénomènes et que nous qualifions d’état de conscience, 

émerge-t-il d’un cerveau ?

 

Vous l’avez compris, l’analyse des phénomènes cérébraux et psychiques impose une extrême rigueur conceptuelle et sémantique.

Pour cela, par exemple, nous nous interdisons de reconnaître les organes, particulièrement le cerveau, comme des "opérateurs", ce sont des moyens qui permettent de faire.

Nous nous gardons aussi des ambiguïtés du genre :

"les processus cérébraux causent l’état de conscience, un état caractéristique d’un ordre supérieur".

Quel est cet ordre ?

 

*

 

 

Le cerveau ne fait donc pas l’esprit, en revanche il permet à l’entité créatrice, d’ordre transcendant, qui nous anime, de se reconnaître dans l’esprit ( dans le je, moi, ego, sujet),

et en outre, de gérer la dynamique du corps et d’avoir des pensées, nombreuses et diverses.

 

C’est pourquoi, selon nous, l’état de conscience est le fruit d’activités de création sans cesse plus complexes,

des évolutions qui conduisent bien évidemment, à le considérer comme précédé de prémices, notamment d’un proto état de conscience.

 

Néanmoins, attention aux concepts trompeurs tel les notions de "conscience primaire", de "conscience perceptive", …, et de "conscience de soi".

Il est plus judicieux de parler d’"état de conscience primaire", d’"état de conscience perceptive" et d’"état de conscience de soi",

sachant que ces niveaux d’état de conscience sont les fruits d’incessantes activités de création d’ordre physique et d’ordre transcendant.

 

Insistons davantage.

Certes il est nécessaire de connaître les caractéristiques biologiques d’un cerveau, de savoir comment il est et a été structuré, …

cependant l’analyse de ces informations ne doit pas masquer la problématique essentielle :

quelle est l’entité créatrice qui l’utilise et peut, en et par l’homme, entendre le monde de manière cohérente malgré des interprétations de caractère relatif ?

 

Vaste sujet qui, à propos de l’état de conscience, conduit bien évidemment, à méditer sur la nature des facultés qui permettent l’interprétation,

mais aussi, sur les liens virtuels qui permettent les interactions permanentes entre les composants du corps, les perceptions, les pressentiments et les émotions :

 

"Prenons le cas tout simple des distensions de la vessie et du rectum : la sensation peut devenir extrêmement pressante et occuper tout notre esprit, qui devient alors obnubilé par un besoin urgent de soulagement. Elle est si vive qu’il est difficile de penser à autre chose." (cf. Affective Neuroscience - Jaak Panksepp),

"Nous pourrions effectivement parler d’une sensation de soif lorsque la déshydratation (de l’organisme) est modérée mais il ne fait aucun doute qu’un état de déshydratation sévère provoque une sensation autrement plus pénible qui déclenche une forte émotion." (cf. Physiology of Thirst and Sodium Appetite - James Fitzsimons).

Où résident ces sensations ?

En toute logique, ce ne peut être que dans le domaine de l’abstraction où cohabitent les expériences du passé jugées dans le moment présent pour anticiper l’action, c’est à dire dans un domaine intemporel et transcendant.

Etant intemporel et d’ordre transcendant, ce domaine se révèle en outre, l’expression singulière d’un domaine universel associé à l’espace qui contient le réel,

un domaine transcendant et universel, inconnu des scientifiques, des philosophes et des théologiens, recelant toutes les virtualités et les potentialités qui permettent de conduire la dynamique évolutive du monde, et que nous avons dénommé :  spacimplicatio.

Des faits riches d’espérances puisqu’ils incitent à croire que durant l’existence, nous avons un "pied dans la temporalité" et un "pied dans l’éternité" !  

Caractère évolutif et subordonné de l'état de conscience

Le bébé homme doit attendre quelque vingt mois pour se reconnaître dans un miroir.

Plus précisément, il faut environ un an et demi pour que le je (moi, ego, sujet, esprit) du bébé homme puisse reconnaître son corps parmi les imageries virtuelles construites, de manière innée, dans son domaine de l'abstraction.

L'expérience est devenue classique :

dès qu'il a conscience de son corps, un très jeune enfant maquillé à son insu, puis placé devant un miroir, tente d'ôter ce maquillage en intervenant non pas sur le verre du miroir, mais sur la partie maculée de son visage.

L'émergence de l'état de conscience présuppose donc,

outre un potentiel cérébral semblable à celui de l'homme,

un câblage synaptique suffisamment structuré, entre autres, grâce à la prise en compte des premières expériences  vécues.

Les réactions devant un miroir de certains animaux supérieurs, confirment également le réalisme (l’existence) d’un proto état de conscience.

Les premières expériences de ce genre, sur les chimpanzés, furent effectuées par Gordon Gallup dans les années 1970  (les chimpanzés ne cessent de s'amuser de leurs mimiques).

Deux autres espèces de singes anthropomorphes : les orangs-outans et les gorilles expriment aussi, une sensibilité singulière pour leur image.

Il est vrai que s’agissant des gorilles, l’expérience du miroir est plus difficile à mettre en œuvre ; en effet, ceux-ci n'aiment pas se regarder dans les yeux.

Ce n’est donc que lorsque leur image est prise latéralement par une caméra puis renvoyée sur un écran, qu’ils "daignent" se reconnaître sur le miroir,

c’est à dire, se reconnaître parmi les nombreuses virtualités qui meublent leur domaine de l’abstraction.

 

Cependant, pourquoi les capucins et les macaques apparemment aussi évolués, ne manifestent-ils pas cet état d’être, ce  proto état de conscience ?, 

les femelles des macaques croyant voir une rivale dans le miroir, l'attaquent, tandis que les capucins ont tendance à regarder derrière le verre pour y chercher quelque chose.

Une première réponse semble s’imposer :

ces singes ne disposent pas de potentialités génétiques et cérébrales suffisantes.

 

Il y eut de nombreuses expériences, notamment sous le contrôle des chercheurs Joshua Plotnik et Diana Reiss ; nous savons ainsi que les dauphins et les éléphants réagissent aussi, aux divers tests de reconnaissance de soi, dans un miroir.

A titre d’exemple, citons les comportements d’Happy, Maxine et Patty, trois éléphantes d'Asie d’un zoo de  New York.

Selon les expérimentateurs, après s’être reconnue, Happy a touché à plusieurs reprises, avec sa trompe, la croix blanche tracée à son insu derrière son œil droit, ses deux autres compagnes étant restées totalement indifférentes à cette marque visible.

Maxine a ouvert la bouche et examiné son palais avec curiosité.

 

Néanmoins, même si les éléphants, les dauphins et certains singes anthropomorphes se comportent différemment face à un miroir, tous révèlent qu’ils sont "porteurs" d’un proto état de conscience et que ce singulier état d’entendement peut être développé par l’éducation.

 

Ces faits attestent, bien évidemment, le caractère évolutif et subordonné de l’état de conscience, le plus affiné et le plus subtil étant celui de l’homme (à dire vrai, tout entendement du monde présuppose un état de conscience de l’autre).

 

En outre, l’état de conscience de l’homme est plus que la conscience du corps, il est l’état de transcendance qui permet à  l’entité créatrice qui lanime, de se reconnaître sous le couvert du moi (je, ego, sujet, esprit).

Nous voici fort éloignés des théories qui essaient de nous faire croire que l’impact de l’environnement est la cause principale de l’évolution des espèces 

Caractère fractal, modulaire, des virtualités émergeant de l’état de conscience.

Dans le domaine de l’abstraction, les imageries, les concepts, les idées, …, sont structurés à l’aide de liens transcendants qui permettent d’assurer la cohérence de l’entendement et son adéquation avec la réalité.

Nous ne pouvons donc pas ignorer l’entité créatrice en charge de ces liens et des chronologies qui leur sont associées.

 

A ce propos, les expériences de Francisco Varela (1946 – 2001) sont riches d’enseignements.

Celui-ci étudiant la perception des clignotements successifs de lampes placées côte à côte, constata,

lorsque la durée d'extinction de ces lampes est longue, que leurs clignotements sont perçus indépendamment les uns des autres,

et que si la durée d'extinction est suffisamment courte, l'éclairement parait continu.

Entre ces cas extrêmes, pour un temps d'extinction adapté, émane une sensation de mouvement (principe des publicités qui défilent).

 

Plus précisément, après avoir asservi les clignotements des lampes au rythme alpha mesuré par l’électroencéphalogramme (rythme voisin de 100 ms), Varela montra que statistiquement, le sujet n'appréhende aucune discontinuité si l'allumage coïncide avec la période ascendante de deux ondes successives ; en revanche, les clignotements apparaissent distincts pour des allumages déclenchés durant la période descendante.

 

Ainsi, les virtualités qui "émaillent" le domaine de l’abstraction sont reconstruites à chaque instant ; elles sont en quelque sorte, discrètes et modulaires.

 

Dès lors,

qui peut "gommer" ces myriades de fractures et assurer la liaison de ces virtualités ?,

qui peut garantir la cohérence de notre entendement du réel et la "permanence" de notre état d'être ?,

si ce n’est  un opérateur impliqué à chaque niveau structurel du corps, ipso facto, impliqué à chaque niveau structurel du monde,

un opérateur d'ordre différent de celui, physique, caractéristique des énergies et de la matière, puisqu’il est capable d'en transcender les états pour les reconnaître et en juger.

Nous voici fort éloignés de l’élan vital prôné par de nombreux philosophes (Bergson …) et théologiens !

Vigilance donc, lors de quêtes des causes primordiales, notamment  vis-à-vis de l’interprétation des découvertes scientifiques.

 

Vigilance

 

Vigilance par exemple, à propos des analyses ambiguës diffusées par les presses spécialisées ;  ainsi lorsqu’il nous est dit que les facultés dépendent de cellules spécifiques, en particulier des neurones.

Soyons précis, en réalité les facultés dépendent de cellules spécifiques parce que ces cellules permettent l’actualisation de potentialités particulières, génétiques ou autres.

 

Mais alors, comment comprendre et définir l’inné (ce qui est inné) qui se manifeste souvent par l’appétence, car, bien évidemment, ce n’est pas l’Instinct ni la Nature qui sont "maîtres du sens et des désirs" ?

Soyons à nouveau précis.

L’appétence ne fait pas l’acte (ne fait rien) ; ce désir de satisfaire certains besoins, comme tout désir d’ailleurs, est corrélatif d’incitations, d’ordre transcendant, plus ou moins nécessaires à la vie des individus, voire, au phénomène de la vie.

 

Insistons davantage.

Certes comme le soulignait Claude Bernard :

"La fixité du milieu intérieur est la condition d’une vie indépendante…. Tous les mécanismes vitaux, aussi différents qu’ils soient, ont pour unique but de maintenir constantes les conditions de vie dans le milieu intérieur. " (cf. Leçons sur les propriétés physiologiques et les altérations pathologiques des liquides de l’organisme),

cependant tout besoin doit être préalablement "appréhendé" (taux de sodium dans le sang, pression osmotique, …) et "géré" par un opérateur unique agissant dans le cadre d’un système commun de repères de valeur (de références abstraites).

 

D’autre part, que le cerveau par le biais de ses structures, soit impliqué dans les manifestations singulières que sont les émotions, personne n’en disconvient,

néanmoins cela ne signifie pas qu’il reconnaît, choisit, régule, commande, …, et qu’il est maître du sens.

Répétons-nous, le cerveau ne fait que permettre les activités physiques, biophysiques et transcendantes qui sont nécessaires à la dynamique évolutive des êtres dotés de cet organe, en particulier les activités qui conduisirent, qui conduisent à l’état de conscience.

Dès lors, quid de l’entité créatrice qui utilise le cerveau ?

Les émotions, primordiales ou subtiles, ne sont donc point à l’origine de la conscience comme cela est si souvent prôné, mais corrélatives d’activités physiques, biophysiques et transcendantes.

Elles sont néanmoins des composantes subjectives du phénomène de la vie comme les qualia (singulier : quale) qui représentent les expériences subjectives des individus. 

Poétiquement exprimé, les émotions sont des auras qui éclairent les chemins du quotidien.

Autres faits essentiels, les émotions sont interdépendantes, de caractère relatif et nécessitent la prise en compte de nombreux repères de valeur (utile – nuisible, …, juste – injuste, …, bien – mal).

Mystérieusement, certaines peuvent être "contenues" par le biais d’une faculté singulière : la volonté.

Cette faculté est-elle pour autant propre au seul genre humain, ou, comme nous le croyons, est-elle la facette d’une intention primordiale, notamment révélée par la cohérence de la dynamique universelle 

*

Considérons le texte de John C. Eccles (Nobel), un des pères de l’interactionnisme (reconnu comme dualisme) :

"la conscience fournit à chaque instant des expériences vécues globales des divers domaines complexes qui se partagent l'activité du cerveau ; par exemple, elle donnerait à un mammifère l'expérience du vécu globale d'un monde visuel ou tactile afin de guider son comportement bien mieux que ne le feraient les sensations visuelles ou tactiles transmises par les seules aires corticales agissant à la manière d'un robot. Ainsi les expériences conscientes telles que les sentiments devraient avantager l'espèce dans la lutte pour l'évolution....

La conscience influence les évènements du néocortex avec discernement et compréhension.

Il semblerait que la conscience connaisse toutes les potentialités acquises du cerveau. Elle doit par exemple avoir une mémoire qui lui permette d'agir avec rapidité et habilité afin d'activer les souvenirs appropriés emmagasinés dans le cerveau." (cf. Comment la conscience contrôle le cerveau).

 

Comment comprendre l'expression "la conscience fournit à chaque instant ..." ?,

qu'est-ce qu'une conscience qui connaît toutes les potentialités du cerveau ?

Vous saisissez, à nouveau, la dérive de l’entendement générée par le concept : conscience ; c’est pourquoi seule la notion d’état de conscience est judicieuse.

Il s’agit d’un état d’être de caractère dual qui, mystérieusement, "recouvre" des activités biophysiques, en particulier bio-cérébrales, et des activités d’ordre transcendant,

un état de connaissance qui permet à l’entité créatrice qui nous anime de se reconnaître sous le couvert du moi (je, ego, sujet, esprit).

Néanmoins,

"les processus mentaux et neuronaux sont si étroitement imbriqué et agissent les uns sur les autres d’une manière si subtile, qu’aucune de nos astuces ne nous permettra de les séparer." (cf. Discussion avec John Eccles rapportée par  Derek Denton).

 

En outre, rappelons que les "virtualités" qui participent à la connaissance, sont sises dans le domaine transcendant de l’abstraction,

un domaine qui n’est pas propre à l’homme puisque, par exemple, les rapaces en sont dotés ; en effet, ils ne fondent pas directement sur leurs proies, mais sur des points virtuels situés au croisement de trajectoires anticipées, les leur et celles de leurs futures victimes.

 

Nul doute donc, la reconnaissance de ce domaine transcendant,

ipso facto, qui est l’expression d’un domaine universel car il ne peut exister de domaine transcendant ponctuel (il y a seulement des "expressions singulières" de l’état de transcendance),

s’impose désormais.

Ajoutons que la conscience, plus exactement, l’état de conscience est un champ qui ne correspond :

"à aucun des champs physiques connus, comme l’électromagnétisme, la gravitation, …Il n’est descriptible en terme d’aucun événement physique observable ou d’aucune théorie physique constituée." (cf. Mind time -  Benjamin Libet).

Pour cela, ignoré de l’intelligentsia, nous avons dû le spécifier par le vocable : spacimplicatio (contraction des mots latins spatium et implicatio) ; selon nous, il s’agit du domaine d’implication permanente du Divin dans le monde.

 

*

 

G.M.Edelman (cf. Le présent remémoré) n'hésite pas à écrire :

"Toute théorie globale et pertinente de la fonction du cerveau doit proposer un modèle scientifique de la conscience. Or pour être acceptable scientifiquement, ce modèle doit éviter le dilemme cartésien.

En d'autres termes, il doit être exclusivement physique.",

 

et auparavant dans son ouvrage :

 

"Les traits subjectifs relatifs à la conscience de soi, l'usage de la première personne, le sens, etc., ne sont rien de plus : des processus subjectifs qui se déroulent chez une personne douée d'une conscience de degré supérieur...",

"La volonté exige qu'il y ait conscience d'un objectif et aptitude à commander l'action (sensation et perception sont donc nécessaires)".

 

Gardons-nous de tels discours ; la volonté n'exige rien, ne peut rien exiger.

C’est une faculté d’ordre transcendant, associée à l'action, et qui est reconnue propre à l’homme.

 

Soulignons aussi, sa compréhension primaire du "sens".

Edelman ne semble pas avoir perçu le caractère dual des processus de mémorisation et de transmission des informations, notamment le fait que toute organisation de processus biologique et toute information présuppose l’interprétation,

une faculté qui ne relève en rien, de l’ordre physique des énergies et de la matière.

Il n'est pas le seul, hélas !

 

Mentionnons également F.Crick et C.Koch :

 

"...selon notre hypothèse fondamentale, il est utile de considérer la conscience comme étant corrélée à un type précis d'activités effectuées par un sous-ensemble de neurones du système cortical....

L'information relative à un seul objet est répartie dans l'ensemble de l'encéphale. Il existe donc certainement un moyen d'imposer une unité temporaire aux activités de tous les neurones appropriés à ce moment précis ...

Il est possible que cette unité soit obtenue avec le concours du mécanisme rapide de l'attention, dont la nature exacte reste méconnue." (cf. Vers une théorie neurobiologique de la conscience),

"… et c'est probablement l'attention qui rend possible les représentations d'objets en trois dimensions ou de nature plus cognitive..." (cf. Conscience - Scientific American, 1992).

 

Nous adhérons volontiers à ces analyses mais nous considérons, en premier lieu, que tous les phénomènes, toutes les activités : physiques, biophysiques, cognitives, …, sont aussi les fruits d’activités transcendantes (d’activités d’ordre transcendant),

et soulignons, à nouveau, que l'attention n'est pas un opérateur, mais une faculté à la discrétion de l'entité créatrice qui nous anime.

Rappelons que Francis Crick, découvreur en 1953, avec James Watson, du mode de structuration de l’acide désoxyribonucléique (de l’ADN), n’eut cesse jusqu’à la fin de sa vie (juillet 2004), de s’interroger sur la conscience, en particulier sur "ce qui se passe dans notre cerveau, lorsque nous voyons quelque chose".

Il en vint même à imaginer des neurones de la conscience.

 

Quant aux informations et aux organisations de processus, notamment génétiques, insistons à nouveau, elles nécessitent à la fois,

des vecteurs du "sens" comme les ondes électromagnétiques qui sont associées aux particules, aux atomes et aux molécules, et des mémoires,

- et l'interprétation innée des caractéristiques de ces vecteurs et de ces mémoires (les lettres et les mots biologiques sont des groupes spécifiques d’ondes électromagnétiques).

Des faits essentiels qui sont toujours tus !

 

Dès lors comment ne pas sourire lorsqu'il est parlé (sic) :

- de "lois épigénétiques qui impriment une direction spécifique au développement d'un trait anatomique, physiologique, psychologique, cognitif", ou encore,

- de "règles épigénétiques qui, façonnant la pénétration et la sélectivité des gènes culturels, feraient en sorte, par exemple, que s'érigent certaines dénominations générales des couleurs au rang de traits pertinents des objets extérieurs ....",

comme si des lois et des règles étaient dotées de facultés qui permettent de juger, de choisir, …, in fine : de décider et d’agir !

 

Pour conclure

 

Les multiples niveaux d’entendement, notamment les proto états de conscience, montrent une fois encore, que nous évoluons dans un cyber univers dont la dynamique présuppose d’incessantes transmissions d’organisations de processus et d’informations.

 

Bien évidemment cette dynamique qui recouvre de permanentes activités de création, n’est pas en charge de lois, de processus et de mécanismes, quels qu’ils soient : sélection somatique, sélection synaptique, catégorisation, pression sélective, …, ne serait-ce que parce les évolutions ont nécessité, parce qu’elles nécessitent la  prise en compte permanente de critères de valeur par une entité maître du "sens", notamment la prise en compte de durées, ces intervalles qui n’étant pas de l’espace ne peuvent être que d’ordre transcendant.

 

Gardons-nous donc des discours simplistes, à l’instar de celui de Gerald Edelman parlant de la capacité à créer une scène mentale sans jamais reconnaître le caractère transcendant d’une telle scène (sa théorie du Darwinisme Neuronal).

Une telle scène présuppose en effet, l’existence d’un domaine intemporel transcendant, où cohabitent le passé, le présent et le futur.

Ce domaine, ipso facto de caractère universel et associé à l’espace qui contient le réel, dénommé par nos soins spacimplicatio, n’est cependant pas un néant particulier ; le domaine d’abstraction qui en est l’expression singulière, recèle des virtualités et peut s’enrichir avec l’homme, de concepts et d’idées émergeant de l’état de conscience.

 

Ainsi nous comprenons mieux pourquoi le "théâtre cérébral cartésien" est virtuel, et notre vie spirituelle est éternelle !

Néanmoins, pourquoi disposons-nous d’un état de conscience et cherchons-nous sans cesse ?

 

Nos incessantes activités de création qui d’ailleurs, sont à l’image de celles qui se déroulent en permanence dans nos cellules, n’attestent-elles pas qu’œuvrer pour savoir et chercher pour savoir davantage, relèvent d’une divine nécessité ?

Plus précisément, compte tenu du caractère potentiel de la vie et en raison du nombre astronomique de planètes dans l’univers (supérieur à 10 puissance 24), n’est-il pas raisonnable de croire que des êtres aussi évolués que l’homme existent de toute éternité, et qu’à cause des extraordinaires activités transcendantes qui le caractérisent, l’homme est impérieusement nécessaire au Divin  qui conduit le monde ?

 

*

 

"Si nous pouvons constater un comportement orienté vers un but, chez l’homme ou chez l’animal, alors nous aurons provisoirement des raisons de penser qu’il se trouve dans l’organisme une forme d’anticipation de l’avenir qui entraîne ou implique des capacités d’idéalisation, d’intégration du passé et du futur aux idées présentes, et la faculté d’organiser ces idées de manière temporelle." (cf. L'Organisation du Comportement : une Théorie Neuropsychologique - D. O. Hebb).

Certes, encore faut-il exprimer la quintessence de cette logique !

 

Croyez-vous par exemple, que l’intégration du passé et du futur aux idées présentes et l’organisation de ces idées de manière temporelle, soient le fruit du hasard ?

Non car ces processus et ces activités nécessitent la prise en compte permanente des expériences vécues dans le cadre d’un système commun de repères de valeur, et l’intégration de ces évènements dans des chronologies rigoureuses de caractère subordonné,

chronologies qui présupposent, répétons-nous, la reconnaissance et l’utilisation de durées, ces intervalles qui ne sont pas de l’espace mais d’ordre transcendant.

 

A vrai dire, ces faits dérangent énormément l’intelligentsia actuelle à tel point que celle-ci s’exprime souvent par des phrases, osons le dire : fumeuses, du genre :

"L’énergie mentale identifiée comme moteur de l’action fonctionne sur le mode de la causalité intentionnelle.".

 

Bien entendu, nous n’en sommes plus aux temps quand Descartes pouvait écrire, en toute bonne foi :

"… que chaque volonté est naturellement jointe à quelque mouvement de la glande pinéale mais que par industrie (habileté) ou par habitude on la peut joindre à d’autres mouvements…, si l’on veut disposer ses yeux à regarder un objet fort éloigné, cette volonté fait que leur prunelle s’élargit ; et si on les veut disposer à regarder un objet fort proche, cette volonté fait qu’elle s’étrécit. " (cf. Les passions de l’âme – Article 44).

 

Désormais, dans le discours philosophique et théologique, nous ne devons plus ignorer, même dans une approche scientifique, les activités d’ordre transcendant,

et au gré des prêches, sous le couvert d’une sémantique souvent floue, nous ne pouvons pas doter d’attributs créateurs : l’état de conscience, la pensée, les activités de pensée, les sentiments, les passions, les pressentiments, les facultés, …, les organes, le cerveau.

 

Il n’en demeure pas moins que l’état de conscience permet à tout homme d’enrichir son domaine de l’abstraction et de diversifier ses activités par le biais de facultés dont l’une des plus remarquables est la volonté,

ce qui, en ce début de troisième millénaire, lui donne notamment la possibilité de mieux "entendre" le Divin qui l’anime.

 

Quant aux émotions, pensées, sentiments, pressentiments, passions, facultés, …, ce ne sont pas les facettes de l’esprit mais les expressions de l’implication du Divin en nous.

Nous voici donc fort éloignés de Teilhard de Chardin lorsqu’il écrivait :

"Il existe seulement de la Matière devenant Esprit …. dans le cosmos qui s’est découvert à nos yeux, aucune distinction fondamentale n’est plus à faire entre le physique et le moral." (cf.  L’Energie humaine) !

 

Comment ne pas postuler aussi, avec assurance ? :

Cogito ergo mundus vivit (je pense donc le monde vit).

 

Hélas, il est difficile pour un individu dont le cerveau a été puissamment structuré durant l’éducation, de concevoir des nouvelles logiques par trop révolutionnaires !

 

 

 

Paul  Moyne

www.paulmoyne.com