Home page icon  La vache

Un enseignement de la Mère Nature…

Posée sur le sol, tranquille, elle rumine… C’est une image sereine, une image de campagne, une image qui nous parle de la douceur de la vie, une ambiance paisible qui cache une profondeur, une intimité. Dans l’antiquité, nombreuses sont les traditions qui ont élevé cette image dans la gloire d’une réalité supérieure, divine, mais pas moins concrète. Or, c’est justement cet aspect du réel autour de nous qui leur servait d’intermédiaire. Ils regardaient la vache par exemple avec tout leur être, et se laissaient toucher, pénétrer par l’essence de ce qu’ils voyaient. Regarder une vache n’était pas une affaire intellectuelle, mais le vécu d’un mystère, c’était sacré. Ils en devenaient d’autant plus nobles, lucides, beaux, vrais, qu’ils se faisaient humbles et respectueux, ‘petits’, pour entrer dans la connaissance de la Vie - toute forme de vie étant une porte étroite qui peut s’ouvrir vers le Grand Inconnu. Elle ne peut s’ouvrir que devant une attitude juste à retrouver, et non pas devant un orgueil et un égoïsme monstre, avec lequel l’être humain considère les êtres vivants, la nature et la vie elle-même.

En effet, il y a une autre image, sale, noire et horrible que j’ai déjà vu sur une vidéo : celle des abattoirs, la vache sans défense, parquée, attachée, égorgée. Son sang sur le sol, celui-là même qui, pour nous, est la vie. Beaucoup de gens ont peur du sang, c’est la panique lorsqu’il coule… mais on a fait couler le sien, celui de la vache… pour presque rien. Du sang sur le sol, son sang sur nos mains… de près ou de loin, c’est pareil : On a tué… c’était interdit pourtant… « Tu ne tueras point ! ». On l’a fait, on le fait encore. Elle avait pleuré son veau, le troupeau pleure une des siennes. On pleure nos enfants qui meurent à la guerre, ils pleurent leurs parents et amis dont le sang coule sur le sol. C’est la même image, sale, noire et horrible : la vie n’est plus sacrée.

C’est ce qu’exprime cette prière trouvée au hasard d’une recherche :

Prière’ de la vache qui voit passer les hommes…

« Derrière des barbelés on m'a conduite au pré. Et quand on m'a amenée vers l'amour du taureau c'était pour me mentir: Alors j'ai eu un veau, ils disent "sous la mère" , admirent ma tendresse et puis vantent mon lait. Puis ils me l'ont volé et l'ont tué... Ils prennent alors mon lait pour en faire le leur... Je sais que si un jour, ce cycle s'arrêtait, c'est moi que l'on tuera, on me dépècera et on vendra le tout. Prisonnière au fond du pré je vois passer les hommes. Ce sont tous mes bourreaux... »

C’est dommage car on y perd tout. C’est dégradant… et périlleux, car par la loi de cause à effet, on s’entretue et s’entredéchire de plus en plus. Déjà on ne se parle presque plus. Beaucoup d’artificiel, de mensonge dans nos relations… On ne sait plus regarder la vache et la nature tout entière est en quelque sorte absente de notre propre regard, on regarde avec dédain. On en a fait une image sale, noire et horrible. Mais la vache, elle, sait : elle sait parler avec la nature, elle prend et rumine, elle communie. Elle en dégage une force, une stabilité intérieure, elle en impose naturellement car… elle est la Nature, elle le sait, elle le vit, elle met au monde son veau. Cette image ‘vaut’ de l’or car… nous aussi, nous mettons des enfants au monde. C’est une image sereine qui nous parle de la douceur de la vie, une ambiance paisible. D’ailleurs, voici un beau poème alpin qui fut trouvé écrit sur une assiette, paraît-il : 

La ‘prière’ de la vache

« Je te salue, berger, maître des verts sommets
Emmène- moi l'été là où je me repais
Dans l'herbe où je me meus
Que ma langue gourmande tond à qui mieux-mieux
Et toujours redemande.

Et si parfois je ris, c'est de contentement
De voir que de mon pis, tu nourris tes enfants

Et ravis ton palais
En maints subtils nuages
Car de mon lait
Tu fais beurre - et crémeux fromages... »

Nous devons regarder chaque image en face, et sentir le lien entre notre destinée et la sienne, la leur.

La tradition égyptienne, plus que tout autre, a toujours honoré le principe de la Mère universelle, nourricière, généreuse et protectrice. Elle était la gardienne de la sagesse féminine. On l’appelait : Hator, la femme du ciel qui mit au monde Horus, le soleil. On la représente avec le disque solaire entre ses cornes. C’est la maternité en action, dans sont côté céleste, spirituel mais également terrestre. Aussi fut-elle représentée comme une femme coiffée de la même façon ou encore avec une tête de vache.

La terre, la vache, la femme, une ‘trinité’ qui nous ouvre le futur si on le veut bien. C’est prendre conscience que la nature et la femme sont une, une intelligence qui porte la vie et lui offre un devenir. Il dépend de nous qu’il soit sombre ou lumineux car ce que l’on fait à la nature, on le fait aux femmes d’une manière ou d’une autre. Aujourd’hui, l’être humain qui travaille pour presque rien, qui se ‘saigne’ pour un semblant de vie qui ne lui appartient presque pas, se trouve lui aussi parqué dans les cités, les immeubles, enfermé en usine ou dans un bureau… un esclave presque. Oui, mais il a mis la vache et toute la Nature en esclavage…

C’est dommage, elle représentait la prospérité, l’abondance, ce que toute la nature montre. Elle donne du lait, c’est une alliance, celle de la Nature avec nous. On a trahit !... Notre amie la vache, on l’a trahie ! C’est inscrit maintenant quelque part autour de nous, en lettres sombres, car tous s’enfuient à notre approche. Ils ne voient plus le respect, la noblesse, la grandeur d’âme, ces belles écritures de lumière, eux qui comptaient sur nous… ils avaient confiance, ils n’ont plus confiance, nous nous méfions les uns des autres, c’est le juste retour, une sale ambiance entre nous.

Ha ! Si on pouvait se rattraper… les innocents animaux nous pardonneraient c’est sûr ! Mais on laisse faire, ne disant rien, le steak dans l’assiette écoutant les nouvelles pour nous rassurer ; pourvu que rien ne nous arrive... Oui, mais : « Ne fais pas à l’autre ce que tu ne voudrais pas qu’on te fasse » ; « ce que tu fais à l’un de ces petits, c’est à moi que tu le fais » disait Jésus, ce grand Essénien qui prenait soin de la vie. Cela aussi est inscrit, en nous, une conscience vivante. Pourtant on voudrait garder les interprétations classiques, caduques, pour ne point être dérangé, mais si Dieu est la Vie, alors la vache aussi ! Nous aussi ! Les égyptiens avaient raison en disant qu’un Dieu était dans la vache ou plutôt une Déesse - car elle est Hator, et ils devenaient des dieux, de vrais Etres Humains en cultivant un regard divin sur les êtres, en reconnaissant leur place et leur rôle d’intermédiaires conscients, aimants, intelligents. Ils avaient une alliance… La tradition de l’Inde a porté, elle aussi, une attention particulière à la vache. Aujourd’hui encore, dans ce pays, elle est assez respectée, considérée. D’autres cultures ont porté ce regard pur et authentique à différentes époques, inspirées par la Sagesse essénienne de leurs brillants représentants, qui a traversé l’histoire telle une flamme olympique… jusqu’à aujourd’hui.

La vache nous apprend à manger, à nous poser, nous recentrer, à faire corps avec la vie qui vient de la terre, à prendre le temps aussi. Le temps, elle le mastique, le digère, le fait passer à travers elle, maîtrisant le moment présent. Peut-être nous parle-t-elle d’éternité…


 

Alain Contaret

Auteur du livre :

« Hommage aux Animaux » aux Editions Essénia


 

 

 

Croiser un animal n’est pas anodin du tout, car c’est une rencontre vivante, avec un être vivant. L’histoire de l’humanité n’aurait pu se construire sans le peuple animal, qui aujourd’hui a plus que jamais besoin de reconnaissance, de respect, d’intégration dans notre schéma de penser qui se mortifie de plus en plus.

De plus, bien que nous n’y pensions guère, notre partie animale continue, elle, à nous soutenir - mais pour combien de temps ?

Quelle est la place véritable du règne animal dans la vie de l’être humain ?

Quelle est l’attitude que ce dernier devrait avoir pour un meilleur équilibre en lui et autour de lui ?

Comment collaborer avec les animaux, nous qui partageons le même air, la même eau, et qui marchons sur la même terre, avec le feu de la vie dans notre cœur ?

Y aurait-il un lien entre la souffrance animale et la souffrance humaine ?

Mais surtout, quel haut message de la Vie se trouve caché derrière leur présence ?

Dans ce livre, fort, poignant, d’une écriture sage, nous partons à la découverte de réponses qui ne peuvent apparaître qu’à travers un autre regard, une vision nouvelle qui s’ouvre sur la vie et son mystère…

 


 

Pour contacter Alain Contaret :

ecriture.lumiere@gmail.com

Site animaux : www.alliance-essénienne-de-sauvegarde-des-animaux.org