La 
vitesse ; pierre angulaire de la vie ! 
Chez l’humain, 
l’anxiété induite par le vide est connexe à la peur du temps ! 
En effet, semblablement à 
une éternité, qui est analogue à 
une trotteuse ne tournant 
pas, l’infiniment grand peut être comparé à 
l’infiniment petit, et le néant peut être collationné au rempli.  
Vivre est un exercice 
capitaliste ; c’est-à-dire, une discipline individuelle requérant de temps à 
autre un savoir-faire social. 
La pierre angulaire 
de l’économie est de gagner du terrain, d’avancer – de créer de la richesse en 
usant du mouvement et de la vitesse tout en prenant soin d’éviter l’accident. 
Pourtant, c’est justement en franchissant les collisions que l’on parvient 
réellement à acquérir ; ce qui est franchi sans rencontrer d’obstacle ne pouvant 
pas être considéré comme étant dépassé, mais simplement comme ayant été 
contourné. 
En essayant un 
instant d’imaginer la nature des quelques derniers souvenirs auxquels je 
songerais avant d’entamer ma dernière respiration, je constate que seuls les 
chocs ont de l’importance ! La durée ne compte pas ; c’est ce qui l’entrave qui 
fait foi, ce qui la cadence – les paliers qui la constituent. 
Une existence est 
toujours noyée dans l’abîme de la vitesse, camouflée par la hâte du mouvement ou 
par l’aveugle impatience de l’énergie. 
C’est en étant saisi 
par le vide, assommé par l’impondérable valeur de l’instant qui n’en finit pas, 
qu’il devient possible de ressentir la vie – celle qui est réellement nôtre –, 
car tout mouvement effectué représente une extériorisation de la volonté, et de 
facto, une dilution de celle-ci. 
La culture populaire, 
qui aime à définir la vie humaine comme une aubaine, insinue que l’activité – 
source de sensations – est ce qui présente le plus d’efficience afin de se 
sentir vivant ; il n’en est rien, en réalité, comme d’une seconde l’on se 
souvient de son début et de sa fin plus que sa contenance, seule l’immobilité 
permet de constater la vie. Aussi, pour exemplifier, l’on pourra remarquer qu’à 
bord d’un véhicule, il semble rouler autrement vite lorsqu’un choc vient 
interrompre l’avancée, que lorsque le trajet se déroule sans accrochage. Ceci 
vient de ce que le vide est ce qui détient le plus de capacité d’attraction ; 
plus considérable sera l’éloignement du néant, et plus grand sera le choc qui y 
ramènera ! 
Des tremblements 
d’une main aux prompts clignements d’yeux lorsque l’on ne parvient plus à y 
croire, en passant par les incantatoires jouissances, les craintes, l’ivresse ou 
le repos, la vitesse nous poursuit ; tant qu’il y a vie !