Marcel Gauchet La condition politique
Fiche
rédigée par Laurence Hansen-Love (http://hansenlove.over-blog.com)
Né en 1946. Dès 1966, il est lié à Claude
Lefort, qui va déterminer son orientation et ses intérêts. Le philosophe
Claude Lefort est l’un des fondateurs du mouvement « Socialisme ou barbarie
qui, dans les années 70, se réclame du marxisme tout en concentrant ses
efforts sur l’analyse et la dénonciation de la pensée « totalitaire ».
A partir de 1968, Marcel Gauchet rompt avec le
marxisme et s’efforce de formuler une théorie de l’histoire « alternative ».
Il se rapproche de Pierre Clastres (auteur de « La société contre l’État »,
1974) et de Gladys Swain (psychiatre) avec qui il écrira plusieurs livres
sur la folie liée à la modernité (« La pratique de l’esprit humain.
L’institution asilaire et la révolution démocratique », 1980), de Cornélius
Castoriadis, philosophe du groupe « Socialisme et barbarie », et des
historiens anti-totalitaires et post-marxistes, François Furet et Pierre
Nora. En 1980, Pierre Nora lui propose de devenir rédacteur de la revue
Débat. En 1980, également, il publie un article fameux : « Les droits de
l’homme ne sont pas une politique ». En 1989, il entre au « Centre de
recherche Raymond Aron », où il rejoint Jacques Julliard et Monique
Canto-Sperber. Le centre R. Aron est généralement considéré comme le bastion
de la pensée libérale aujourd’hui en France.
La philosophie de Marcel Gauchet, dont « La
condition politique » présente une sorte de synthèse, est une entreprise de
déconstruction de la vision marxiste du monde qui a dominé la philosophie,
l’histoire et l’épistémologie pendant les années 60, avec Michel Foucault,
Althusser, Lévi-Strauss, Maurice Godelier, Albert Soboul (Historien de la
révolution française) etc… Son ouvrage principal, « Le désenchantement du
monde », qui évoque le déclin irréversible du « religieux » depuis le
tournant axial (8-5 siècle av J.C.) de l’humanité, postule que le moteur
de l’histoire humaine n’est pas l’économie, contrairement à ce que pensent
les marxistes. La représentation que les sociétés ont d’elles-mêmes
expliquent les grandes mutations (christianisme, État moderne,
totalitarisme, libéralisme..) qui constituent les étapes principales de
l’inévitable « sécularisation » de la condition humaine. Pour Marcel
Gauchet, l’infrastructure des sociétés n’est pas le rapport des hommes à
leur condition matérielle, contrairement à ce qu’affirme la vulgate
marxiste. D’autre part, le souci de rechercher la vérité se substitue à
l’objectif (marxiste) d’abolir le politique (en éliminant l’État). Il ne
s’agit pas de se résigner à l’oppression, mais de comprendre tout d’abord en
quoi consiste la condition humaine, qui reste politique quelque soit la
« plasticité » de cette notion.. Une juste compréhension de nous-même est
la condition sine qua non de toute émancipation.
(sur Marx et le marxisme, le structuralisme
de Lévi-Strauss, le totalitarisme, Michel Foucault, le désenchantement du
monde, voir les articles correspondant dans Philosophie deA à Z)
Quelques clefs pour aborder « La condition
politique »
La théorie marxiste :
La théorie de Marx est un matérialisme
historique. Pour Marx, toute société comporte une « infrastructure »
(structure plus ou moins cachée, échappant en grande partie à la volonté des
hommes) constituée par l’ensemble de forces productives et des rapports de
production. Ces éléments « matériels » sont déterminants et pour l’essentiel
indépendants de la volonté des hommes. Elle comporte ensuite une
superstructure (institutions politiques et autres –économiques, juridiques
etc…, et idéologies c’est-à-dire représentations que les hommes ont
d’eux-mêmes) qui ne joue qu’un rôle secondaire (« surdéterminant ») dans le
mouvement historique.
L’anthropologie marxiste (Maurice Godelier,
« Les sociétés pré-capitalistes », Ed. Sociales, 1970).
Il s’agit d’expliquer les sociétés primitives
conformément à un schéma marxiste. Les sociétés primitives sont prisonnières
d’un imaginaire mythologique et religieux (illusion, aliénation) qui leur
interdit toute appropriation volontaire de leur propre histoire. Cette
« dépossession de soi » s’explique par le caractère élémentaire de leur mode
de production ; cet archaïsme économique et technologique les rend
impuissants et démunis face à la nature. Mais d’un autre côté, le
« communisme primitif » est un mode d’existence social sans exploitation
économique ni sujétion qui reste un idéal à réactualiser ( « communisme
agraire », par exemple). De ce point de vue la « révolution » à venir est
bien, conformément à son étymologie, un retour au point de départ ( absence
de politique, absence d’État, absence de classes sociales, absence
d’oppression).
La thèse de Pierre Clastres (« La société
contre l’État », 1974)
Pour cet anthropologue qui a eu une influence
décisive sur Marcel Gauchet, les sociétés primitives ne sont pas des
« sociétés sans » (sans écriture, sans histoire, sans État) mais des
« sociétés contre ». Selon Pierre Clastres, qui Marcel Gauchet suit sur ce
point, le refus de l’État (du pouvoir politique au sens moderne) est un
rejet, un choix volontaire, par anticipation (ce qui ne doit pas advenir, ce
dont on doit se prémunir). En « choisissant » la religion (le règne de
l’invisible, la soumission aux traditions immémoriales) , les sociétés se
protègent d’une évolution dont elles ne veulent pas ! Dans les sociétés
qu’étudie Pierre Clastres (indiens d’Amérique latine) , il y a des chefs et
des chamanes, mais ce ne sont que des hommes et ils sont dépourvus de
pouvoir. Ils ont une autorité et des prérogatives (aller à la guerre, dire
la loi des anciens) mais pas de privilèges économiques ni de possibilité
d’opprimer. En gros, il n’y a pas et ne peut pas y avoir d’oppression dans
les sociétés primitives.
Problématique
de « La condition politique » de Marcel Gauchet :
La « condition politique » est ce qui
constitue notre humanité. Notre identité est politique ; nous sommes les
« acteurs de l’être-ensemble », ce qui est une autre manière de dire que
l’homme est un « animal politique » (Aristote). Mais pour Aristote, cette
définition exprime une nature, tandis que pour Marcel Gauchet, il s’agit
d’une « condition » qui se manifeste sous la forme d’un processus impliquant
toutes sortes de « mutations ».
A partir de cet axiome, la question posée est
celle-ci : pourquoi, dans toute société, y a-t-il des hommes qui commandent
et d’autres qui obéissent ? Les hommes ne peuvent-ils donc pas se passer de
« structures de commandement » et proclamer, à la manière des anarchistes :
« ni Dieu ni Maître ». Doit-on soutenir, à la suite de Kant, que l’homme est
« un animal qui a besoin d’un maître » ? Ou bien les marxistes ont-ils
raison de penser que l’aliénation religieuse et l’oppression économique sont
les conséquences d’une histoire contingente dans sa violence originelle
(coup de force et lutte des classes) qui sera un jour dépassée
définitivement (abolition de l’État, appropriation collective des moyens de
production et
émancipation consécutive de l’humanité) ?
Pouvons-nous espérer la fin du politique ?
Cela a-t-il un sens de militer pour l’abrogation du politique ?
RESUME DES DEUX PREMIERS CHAPITRES
INTRODUCTION
Récapitulation de l’histoire de l’humanité.
Il y a une permanence du « politique » depuis
l’origine de l’humanité jusqu’à aujourd’hui. Mais permanence ne veut pas
dire « invariance ». « Le » politique est d’une grande plasticité.. Mais ce
n’est pas pour autant qu’il peut être liquidé ! L’idée de
« dépérissement », puis d’abolition du politique est une méprise
fondamentale qui tient au refus de saisir son essence.
Dans l’histoire réelle des hommes, tout
commence par le refoulement « du » politique.
Au départ , « le » politique est caché, il est
remplacé et refoulé par « le » religieux (e religieux : ici les religions
sans Dieu) . Le sociétés primitives ne sont pas des sociétés sans
politique. Au contraire, elles révèlent l’essence du politique qui est la
« séparation » : pour se comprendre elle-même, une société doit se séparer
d’elle-même (elle doit opérer un « scission » entre l’instance qui dirige
et celle qui obéit).Dans les sociétés primitives, le politique comme
structure fondamentale de toute société (« articulation instituante »)
existe déjà, mais pas encore sous une forme visible, apparente, explicite
(ce qu’on appellera « la » politique).
La seconde étape est la naissance de l’État
(environ 3000 ans avant JC).
L’invisible, désormais, s’incarne et se
présente sous la forme d’une confiscation humaine de l’autorité. Tout
d’abord, ce sont les « grandes machines impériales » puis (« tournant
axial ») l’apparition du monothéisme qui procède à l’ « unification du
divin ». Premiers balbutiements de « la » politique, c’est-à-dire de
l’organisation volontaire et délibérée du politique sous la forme de la
démocratie ( 5 ièe siècle av JC en Grèce).
Troisième étape : l’État moderne (16 ième
siècle). Remodelage du politique hors de la religion dont Machiavel a fourni
la première théorisation.
Quatrième étape : Le renversement libéral.
C’est la sécularisation, c’est-à-dire l’autonomisation des composantes de
l’existence collective. Le politique se sépare du religieux, l’économie du
politique etc… Le pouvoir cesse d’être le médiateur avec l’au-delà. Mais un
problème aigu de légitimité et de projet est alors posé : si le passé n’a
plus d’autorité, toute projection dans le futur devient impossible. La
société est livrée à elle-même, elle ne parvient plus à se représenter
elle-même donc à se donner à elle-même des perspectives d’avenir, des
orientations collectives. Le politique es t »détrôné » , mais il n’est pas
aboli ni en voie d’abolition. La dissociation de « la » politique et « du »
politique caractérise les démocraties modernes, ce qui a pour effet immédiat
et manifeste l’impuissance du gouvernement représentatif.
D’où deux options :
1)
L’illusion de la
toute-puissance du politique (c’est le totalitarisme)
2)
Le mirage de son
extinction ( « la politique se réduit à l’expression des intérêts des
individus et à la protection de leurs droits »)
Cette seconde option, la négation du politique
au nom de l’autonomie (autonomie : la société se donne à elle-même ses
propres normes) est pourtant un leurre. C’est ce dont témoigne les
« tentations de l’Europe ». Il s’agit de la croyance en l’Europe comme une
association d’intérêts sans structure politique contraignante (« le
politique »). Pourtant l’idée de « société civile » internationale repose
sur une conviction fausse, celle de l’inutilité du politique (conçu à base
d’appareils de puissance et de rapports de force). Les européens pensent que
« la guerre, c’est fini » et que l’État-Nation, ou l’agrégation politique
des États-Nations (l’Europe politique) est devenu caduque et superflue.
Cette illusion - au départ libérale (la
société se suffit à elle-même) est à rapprocher du mirage de la sortie de
l’histoire, mirage propre aux européens. C’est la raison pour laquelle le
droit se substitue au politique mais la « démocratie des droits flotte dans
le vide » faute de toute base politique et de tout projet structurant.
Conclusion :
L’ »éclipse du social-historique »
(représentation par la société de son identité c’est-à-dire de son passé et
de son avenir) et « l’éclipse du politique » (l’illusion de pouvoir se
passer du politique) s’alimentent l’une l’autre.
C’est ce qui explique la « crise de
conscience » des démocraties libérales : l’illusion de pouvoir faire
l’économie du politique enlève aux hommes la possibilité de se concevoir
comme participant à l’histoire née avant eux et destinée à se poursuivre
au-delà d’eux.
I La dette du sens et les racines de l’État.
Politique de la religion politique
Il y a deux types de
sociétés. Les sociétés sans État, donc apparemment auto-administrées, et les
sociétés dominées par l’État. Les secondes sont-elles l’antithèse des
premières ? Absolument pas. Car, en dessous, ou en amont de cette
subdivision, il y a « le » politique.
Le politique,
c’est-à-dire la structure fondamentale de toute société humaine, ou encore
ce qui définit la condition humaine. C’est la nécessité, pour toute société,
de « séparer d’elle le foyer de son sens et de sa légitimité ». « Toute
société pense son sens sous le signe de la dette ». C’est cette « énigme »
que ce premier chapitre s’emploie à élucider.
Explication fatalistes de
la religion
Pour tous les
sociologues et philosophes (que M. Gauchet va réfuter ici) la religion est
une nécessité malheureuse que l’on peut expliquer soit par des raisons
psychologiques, soit par des raisons matérialistes (marxistes) soit par une
combinaison des deux.
Explications
psychologiques : de type freudienne (l’homme compense le sentiment de son
impuissance en s‘inventant le paravent des puissances protectrices) ou
structuraliste ( pour Levi-Strauss , la pensée sauvage construit le monde
selon des principes de classification inhérents à toute pensée).
Explication matérialiste
(Godelier) : le faible développement des techniques de production explique
le sentiment d’impuissance de la communauté d’où l’invention de puissances
invisibles ingérables.
La religion est une
institution
Loin d’être en effet la
conséquence d’un sentiment d’impuissance ou d’une immaturité affective et
mentale, la religion es tune institution . Elle est le produit d’une
décision collective, celle d’instituer une coupure intangible, rigoureuse et
définitive entre la communauté humaine et l’invisible. Une institution est
une « décision instaurée » qui relève d’un « parti pris ».
Les hommes ont-ils donc
choisi l’illusion religieuse et donc l’aliénation ? Oui (selon M. Gauchet !)
M ais pourquoi ? La religion est non pas une pure mystification (comme le
croyait Feuerbach, note de LHL) mais une « structure sociale » qui comporte
un bénéfice : l’extériorité du fondement social permet d’éviter l’avènement
d’un pouvoir politique séparé à l’intérieur même de la société. Dans une
société primitive, l’autorité est symboliquement détenue par les ancêtres,
les héros, les Dieux (« extériorité » de l’autorité). Mais personne au sein
du groupe ne peut confisquer le pouvoir de décider ou d’incarner les normes
(le Bien, le Juste, le Vrai). Ainsi la religion est (très paradoxalement) ce
qui préserve les hommes de l’aliénation de l’homme à l’homme ». Les
primitifs assurent ainsi la cohésion sociale ( « l’UN social) grâce à
l’aliénation (car les hommes sont dépossédés du « sens » qui les fait vivre
et qui a pour nom « religion »).
De la nature du politique
Cette approche permet de comprendre l’axiome
fondamental de la philosophie politique (selon M. Gauchet) : il n’y pas de
société naturellement UNE. Toute société est divisée d’avec elle-même.
Mais la forme religieuse de cette division permet d’assurer aux primitifs
une forme d’égalité et de justice. Tous les hommes sont égaux devant
l’invisible, et la loi est juste puisqu’elle s’applique également à tous.
Mais cette « justice » n’est possible que
parce que la société reconnaît la dette de sens consubstantielle à toute vie
sociale : la société (toute société !) « ne peut se penser qu’en pensant
qu’un autre la pense ». Les hommes ne peuvent se penser qu’en s’en remettant
à autre chose qu’eux et à d’autres hommes qu’eux.
L’organisation de l’extériorité
Le sociétés primitives agencent leur rapport à
l’extériorité (le divin, l’ivisible) de manière à conjurer l’apparition d’un
pouvoir séparé (l’État) et donc à exclure toute forme de domination au sein
de la communauté. Les chefs n’ont pas le pouvoir dans ces sociétés, parce
que la clef de l’ordre des choses es tenue par principe pour hors de portée
des hommes. Aucun homme n’a de pouvoir ni sur l’au-delà ni sur les autres
hommes. L’ »aliénation » religieuse n’est donc pas du tout une fatalité ni
la traduction d’une détresse. C’est un « parti-pris » ! De plus, la
représentation que la société a d’elle-même est déterminante (de l’ordre de
l’infrastructure) et non déterminée comme le croient les marxistes.
En conclusion : si les hommes ont inventé le
divin (ou les Dieux) et l’ont séparé d’eux-mêmes dans un au-delà
inaccessible, c’est pour « se rejoindre ». L’UN-social (la cohésion de la
communauté) est donc à ce prix.
L’État moderne et le totalitarisme
L’État prend la place de Dieu dans un premier
temps. « L’État déloge Dieu » : c’est l’avènement de l’État moderne. Mais
le résultat ne peut être que la dislocation de la société : l’État moderne
doit faire face au problème de la division sociale, puisque sans
« séparation » les hommes ne parviennent pas à se réunir.
L’État totalitaire s’explique par la volonté
de « retrouver l’Un à tour prix ». et ceci en récusant la division inhérente
au politique. Le totalitarisme est donc l’ « enfant naturel de l’État
moderne » (note de LHL : thèse commune à Tocqueville, Arendt, Lefort et
Aron).
Conclusion :
Pour venir à bout de l’illusion de l’ « Un
sans séparation » , nous devons admettre la vérité du lien social. Pour être
réunis, les hommes doivent être séparés. Ni la religion ni l’État ne sont à
incriminer, car ils ne sont pas responsables de cette situation.
La sujétion des hommes à l’autre « s’ancre au
plus intime d’eux-mêmes ».
On ne peut pas conjurer la domination. En
revanche, il faut essayer d’en dominer le principe : conquérir non pas le
pouvoir, mais sa vérité.
ANNEXE : VOCABULAIRE
Religion : représentation (d’elle-même)
de la société qui projette la source de l’autorité des normes sociales dans
un ailleurs invisible. A l’origine la religion est le choix de l’ illusion
et du mensonge afin d’éviter la domination politique (l’émergence de
l’État).
Le politique : l’infrastructure de la
politique, ce qui lui donne son cadre. Structure de commandement inhérente à
toute société.
La politique : (liée à l’émergence de
la démocratie) : activités visibles liés au politique caractérisées par le
fait que les contraintes constitutives du politique deviennent objet de
délibération et de décisions collectives.
Hétéronomie : soumission à une loi et à
des règles dont le foyer est extérieur à la société
Altérité religieuse : la source de la
loi est autre (altérité) que la société, elle n’est pas située dans la
communauté (elle est « ailleurs »)
Aliénation : soumission à la volonté ou
à l’autorité d’un autre que soi. Synonyme : dépossession de soi
Société primitive : société sans État,
sans écriture, sans classes sociales. Pas de pouvoir politique mais des
ancêtres, des chefs, des chamanes
Dieu : foyer subjectif (qui prend la
forme d’un sujet) unique de l’autorité . Fournit une explication
globalisante et unifiante de tout ce qui est.
Scission : coupure, séparation. Toute société
doit se séparer de ce qui la pense, ou de ceux qui la pensent. C’est
forcément l’un (la religion ) ou l’autre (la domination politique)
UN : mirage d’une société sans division
Divin : le surnaturel, l’invisible.
Dans les sociétés religieuses, réalités multiples et dispersées
qui gouvernent à la fois la nature et la
culture
Désenchantement du monde : (etym :
préfixe dès et latin incantare : " prononcer des formules magiques ") Terme
utilisé tout d'abord par Max Weber pour désigner le processus de reflux de
la magie comme moyen d'action et technique de salut, au profit d'une
relation rationnelle et pragmatique des hommes à leur environnement naturel
et social. Marcel Gauchet a donné ce titre à un ouvrage (1985) dans lequel
il montre que la religion, dont la fonction fut originellement et
essentiellement politique, n'a pas cessé, depuis l'apparition du monothéisme
et de la mentalité individualiste (le " tournant axial de l'humanité ",7-5
siècle avant Jésus-Christ) de perdre du terrain de ce point de vue. Les
progrès de la science et de la rationalité s'accompagnent d'un processus
irréversible de " sécularisation ", c'est-à-dire d'une dissociation des
différentes fonctions sociales (économiques, morales, politiques) et d'une
émancipation de la politique par rapport à la religion. Parallèlement, la
foi devient progressivement pour les croyants une affaire d'ordre privé. Ce
processus concerne évidemment les sociétés occidentales sécularisées mais il
ne pourra pas épargner indéfiniment les autres civilisations et les autres
cultures qui restent (en apparence) très profondément religieuses.
État : structure de domination
inhérente à la société moderne, tout en étant disjointe de cette société.
État moderne : État qui proclame son
émancipation par rapport au divin
État totalitaire : État qui nie la
séparation (qui repose sur l’illusion du retour de l’UN) ainis que
l’opposition des hommes entre eux et de leurs intérêts.
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