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Fiches cinéma et philosophieThe Island
Notion : le vivantLa question du clonage humainLa biologie, avec le génie génétique, nous promet monts et merveille dit-on. Mais elle promet aussi une horreur absolue. Nous pourrions d'ors et déjà mettre en culture, non seulement des cellules souches, mais des clones de nous-mêmes, en guise de pièces de rechange. Notre film commence dans un univers souterrain de science fiction. A l'extérieur, le monde est sensé être empoisonné, sauf une mystérieuse "île". Lincoln Sixeco, notre héros, est résident d'une sorte d'établissement ultra-moderne, ordonné de manière très stricte. Ce qui interroge très vite le héros qui se pose des questions sur le sens véritable de son existence et la liberté qui lui est laissé. Comme tous les habitants de cet univers clos, il espère enfin être élu pour sortir et aller sur"l'île". il découvre un jour, dans les conduits, un papillon vivant, alors qu'il ne devrait pas y avoir de vie à l'extérieur. Les questions qu'il se posait s'amplifient et se précisent. Il y a bien de la vie dehors. Pourquoi lui a-t-on menti? A quoi rime cette existence très ordonnée dans la cité où tout le monde porte le même survêtement et où tout est sous contrôle? Tous les habitants de cet étrange établissement sont en réalité des clones parfaits d'hommes et de femmes riches qui peuvent ainsi s'offrir des organes de rechange, en cas de maladie ou d'accident. Par exemple, un jouer de base-ball alcoolique, pourra avoir un foie neuf parfaitement compatible en faisant transplanté celui de son clone sur son propre corps. Dans le film, "l'homme", c'est celui qui vit dans le monde ordinaire, l'autre, le clone, n'est pas considéré comme "humain". Le docteur Mérrick, fondateur de cette clinique, vend des organes en disant aux clients que ces corps restent à l'état végétatif et ne sont pas conscients. C'est ce qu'il dit, mais en réalité, il s'est heurté à des problèmes de développement qui l'ont obligé à faire vivre normalement les "clones". Ceux-ci sont conditionnés depuis le début, ils n'ont pas de souvenirs et d'enfance et pas de sexualité. ils sont bloqué à 15 ans d'âge mental. Lincoln et sa compagne Jordan Two-delta vont réussir à sortir de la cité pour rentrer dans ce monde extérieur réel qui leur est totalement inconnu. Evidemment, ils vont de découverte en découverte, car ils n'ont jamais été confronté au réel, puisqu'ils ne sont "officieusement" que de la "viande". Le film va bien sûr nous amené vers la rencontre entre le clone et l'original et c'est là que tout est dévoilé. Le désir de survie fait que pourtant l'original de Lincoln va tenter de faire capturer son double, sa "police d'assurance", au lieu de l'aider à révéler à toute la presse l'existence de cette machination. Petit détail, le chasseur de prime qui traque Lincoln et Jordan est un noir qui a connu le sens de l'esclavage et il va retourner sa veste en comprenant que ces milliers de clones ne sont rien d'autre que des esclaves à qui on nie toute humanité et que l'on va exterminer parce qu'ils ont pris conscience d'eux-mêmes. L'hypothèse fait frémir, mais elle est vraiment très sérieuse. Nous savons que Le meilleur des Monde de Huxley est réalisable, mais finalement, The Island n'est qu'une extension de la même problématique. Le mérite de ce film est de bien poser le problème de la culture des cellules, vers une dérive parfaitement prévisible. A partir du moment où le clone est produit, il est un être humain comme un autre. Mais a-t-on le droit de faire ce que la nature ne produit jamais, une reproduction à l'identique? Faut-il encourager cette tendance à perfectionner le corps par des pièces de rechange? On risque d'abord le trafique d'organe et ensuite, on dérive vers The Island et pour le bénéfice de qui? des riches seulement!
© Philosophie et spiritualité, 2006, Serge Carfantan. avec l'aide gracieuse de Pauline Carfantan
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