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René Barjavel    évolution et Nature


    "Que les espèces soient issues les unes des autres par filiation ou qu'elles soient nées de manière indépendante, on ne peut cependant pas nier, quand on les considère dans leur ensemble, qu'elles  aillent effectivement du plus simple au plus complexe. qu'il y ait eu ou non évolution, il y a gradation, il y a progression de l'amibe à l'homme. c'est un fait. Cette progression ne peut pas être le fait du hasard, car hasard et progrès ne sont pas compatibles. elle n'est pas non plus le résultat de la lutte pour al vie, ni de la sélection des mutations, puisqu'elle ava à l'encore de la sécurité. Et nous sommes amenés à cette conclusion effarante: si cette progression s'est faite dans le temps, s'il y a eu, comme tout semble le prouver, d'abord des organismes vivants très simples, puis des êtres de plus en plus compliqués, nageants, volants, fabricants, si cela a effectivement commence à la cellule pour arriver aujourd'hui au polytechnicien et aller demain jusqu'où, cela ressemble extraordinairement à l'oeuvre peut à peu pensée, perfectionnée touche à touche, rectifiée, effacée, recommencée de mieux en mieux, d'un apprenti qui s'est fait la main!

    Qui est l'apprenti des monstres du secondaire devenu le génial ouvrier de l'oiseau? 

    La Nature?

    Mais qu'est-ce que c'est, la Nature?

    Cette entité, à laquelle se réfèrent les esprits rationalistes pour expliquer l'inexplicable, ressemble beaucoup à un dieu auquel on n'ose pas dire son nom, et qu'on a amputé de toute volonté et de tout esprit d'initiative. une déesse mère passible qui accouche sans savoir qui l'a engrossée. cette Nature-là n'est pas perfectible. Elle ne peut pas être notre apprenti, car elle ne sait pas apprendre.

    Alors... Dieu?

    Mais Dieu non plus ne peut pas être apprenti. Il n'est pas perfectible. il est parfait.

    Si c'est Lui l'ouvrier, nous pouvons en conclure que l'évolution étaient déjà tout entière contenue dans la première cellule. tous les ordres y étaient inscrits. Ceux de la cellules, ceux de l'espèce, ceux de toutes les espèces. Le premier grain de vie qui s'émut, il y a un milliard d'années, était la graine de tout l'arbre vivant qui couvre aujourd'hui la terre. Il contenait déjà tout: les forêt,, les troupeaux, les moissons et les peuples, les océans pétris de planctons et de baleines, trois milliards d'hommes et le cerveau d'Einstein.

    Et peut être plus. Car la Terre à son tour est en train de germer. La vie terrestre va bientôt pousser sa tige hors de son humus natal, aller fleurir dans les étoiles et y jeter ses graines. La vie terrestre, née d'une molécule infinitésimale, est peut être destinée à conquérir l'infini de l'espace, dans l'infini du temps. Reste à savoir si cette expansion de la vie telle que nous la vivons et voyons autour de nous sur ce grain de poussière, si cette invasion des planètes, qui va commencer demain, puis celle de l'univers qui suivra peu après, si cette diffusion, cette propagation universelle d'une phénomène jusqu'alors peut être unique et localisé, qui a pour effet de transformer la matière inerte en matière sensible, est de nature à nous emplir d'enthousiasme ou d'horreur ".

     La faim du tigre, Folio, Paris, p.54 sq.

 


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