Philosophie et spiritualité


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René Barjavel    le dieu des religion


    "Si Dieu avait besoin d'être adoré il n'eut créé que des chiens. Le chien est bien plus apte que l'homme à l'amour. Un chien affamé, battu, jeté à l'eau par son maître, s'il en réchappe reviendra gémir d'amour à ses pieds. Voilà bien le fidèle tel que le rêvent les Eglises.

    Que ce fidèle brûle vraiment d'amour, sans motif égoïste, sans souci de son coin de Paradis, sans peur de la mort, pour une vague entité qu'il nomme Dieu, cela ne peut être excellent pour lui. Il est toujours bon d'aimer.

    Mais ce Dieu qu'il adore n'est qu'une création de son esprit enfantin qui cherche désespérément à se raccrocher à la main de papa.

    Quand à Ce-Que-Nous-Nommons-Dieu faute de savoir comment nommer Cela, un nom étant une définition, et ce qui n'est pas connu ne pouvant être défini, il est bien évident que Cela n'est ni sentimental, ni vindicatif, ni bon ni mauvais, ni quoi que ce soit qui puisse faire penser à une qualification, c'est-à-dire à une limitation.

    L'adoration de Dieu que les religions recommandent, c'est l'intégration totale et à tout instant dans l'ordre et l'équilibre de la Création. tout ce qui n'est pas l'homme y participe passivement. Tout ce qui n'est pas l'homme y participe passivement. Ou de s'en détourner au risque de sa chute.

    Tel est peut être le sens du péché originel: de fait même de son origine, du fait qu'il est ce qu'il est, du fait même qu'il est tel qu'il est, l'homme peut choisir entre faire bien et faire mal.

    Il ne s'agit pas, bien entendu, du bien et du mal selon telle ou telle morale, chrétienne ou papoue.

    Il s'agit de l'action bonne ou mauvaise parce qu'elle est ou non dans l'ordre de la création.

    Mais l'homme d'aujourd'hui n'a plus le choix, car il ne sait plus où est le bien. On lui propose des biens divers, moraux, politiques, légaux, sociaux, familiaux, religieux, mais le bien essentiel lui échappe, il en ignore même l'existence. Il ne peut plus collaborer à l'ordre de la Création parce qu'il ignore cet ordre et sa place dans cet ordre. Et il crée le désordre par el fait même qu'il existe sans participer à l'ordre".

     La Faim du Tigre, Folio, Paris, p.137-138 sq.


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