François de Closet

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François de Closet critique de la civilisation technicienne

"La civilisation technicienne n'est encore qu'une pseudo-civilisation. Elle n'a de projet que pour les choses et non pour les hommes. Il est significatif que les auteurs de science-fiction aient toujours concentré leurs descriptions sur les machines. Leur monde est un décor. surprenant, fascinant, mais seulement un décor où l'homme ressemble comme un frère au citoyen d'aujourd'hui. Seules, les techniques ont changé. En revanche, quand les peintres primitifs voulaient représenter le paradis ils ne transformaient guère notre environnement. Ils exprimaient a félicité dans les êtres et non dans les choses. Les bienheureux se distinguaient des hommes ordinaires par un sourire intérieur et non par des commodités extérieures.

Le premier défaut du monde moderne n'est pas d'être injuste ou violent, c'est d'être irréaliste. C'est de placer son ambition suprême dans l'accumulation des richesses et non dans le contentement des individus, de limiter son propos au monde matériel alors qu'une civilisation se fonde et se juge sur l'expérience vécue de ses membres...

Une chose est certaine en tout cas: notre avenir n'es plus inscrit dans le progrès technique. Il y a quelques années, des futurologues s'attachaient à prédire les dates auxquelles nous pourrions prévoir le temps, implanter dans organes artificiels ou maîtriser la fusion thermonucléaire. Nous savons désormais que ces prédictions ne peuvent rien nous apprendre sur la vie de nos enfants. Nous sommes confrontés à un problème de civilisation; un problème que la technologie, si perfectionnée soit-elle, ne peut pas résoudre".

Le Bonheur en plus, Denoël, Paris, 1974, p. 14.

Texte proposé par Lauriane Jammeau