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Charles Koechlin   les différents types d'auditeurs

      " Beaucoup d'auditeurs (inculte, ou peu musiciens) entendent la musique sans entendre sa sensibilité, ne percevant cette musique que sous l'apparence de ses autres éléments. Parfois même, elle ne sera pour eux qu'une sorte d'excitant de leur imagination qui vagabondera, au besoin, fort loin  de la musique. Les uns n'attacheront d'importance qu'au côté intellectuel (incapable de percevoir la beauté de forme des harmonies et des mélodies...); il leur suffira de reconnaître certaines symétries aisément discernables - toutes choses en dehors de la vraie qualité musicale... et voici les analystes, les fort-en-thème, qui consacrent toute leur attention à des minuties d'écriture: ce qui peut avoir un intérêt pédagogique, mais tend à nous écarter de la compréhension profonde: tel un grammairien très ferré "sur l'emploi du subjonctif chez Montaigne" et qui resterait incapable de saisir la pensée, voire d'admirer comme il sied le style des Essais! (toujours l'antagonisme de la lettre et de l'esprit). - Il y a enfin, ceux qui entendent sans écouter; se laissant bercer dans un songe de peintre ou de poète, grisés par la musique ainsi que par une fumerie d'opium...

     Il est évident que dans tous ces cas, l'auditeur reste loin de l'oeuvre véritable; la beauté qu'il lui attribue n'est point la vraie beauté profonde de la musique, mais celle d'un aspect très accessoire, - ou même en dehors du domaine musical ".

Esthétique et langage musical,    Editions Mardaga, p. 318.

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