Document : Milan Kundera

L'éternel retour et la légèreté


    "Si chaque seconde de notre vie doit se répéter un nombre infini de fois, nous sommes cloués à l'éternité comme Jésus-Christ à la croix. Cette idée est atroce. Dans le monde de l'éternel retour, chaque geste porte le poids d'une insoutenable responsabilité. C'est ce qui faisait dire à Nietzsche que l'idée de l'éternel retour est le plus lourd fardeau (das schwerste Gewicht).

     Si l'éternel retour est le plus lourd fardeau, nos vies, sur cette toile de fond, peuvent apparaître dans tout leur splendide légèreté.

     Mais la pesanteur est-elle vraiment atroce et belle la légèreté?

    Le plus lourd fardeau nous écrase, nous fait ployer sous lui, nous presse contre le sol. Mais dans la poésie amoureuse de tous les siècles, la femme désire recevoir le fardeau du corps mâle. Le plus lourd fardeau est donc en même temps l'image d'une plus intense accomplissement vital. Plus lourd est le fardeau, plus notre vie est proche de la terre, de l'être terrestre, qu'il n'est plus qu'à demi réel et que ses mouvement sont aussi libre qu'insignifiants.

    Alors, que choisir? La pesanteur ou la légèreté?

L'insoutenable légèreté de l'être, Folio, p. 15.

 

 


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