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Claude Levi-Strauss     Les préjugé d'infantilisme d'une pensée étrangère


« Quand nous comparons la pensée primitive et la pensée infantile, et que nous voyons apparaître tant de ressemblances entre les deux, nous sommes donc victimes d'une illusion subjective, et qui se reproduirait sans doute pour des adultes de n'importe quelle culture comparant leurs propres enfants avec des adultes relevant d'une culture différente. La pensée de l'enfant étant moins spécialisée que celle de l'adulte, elle offre, en effet, toujours à celui-ci, non seulement l'image de sa propre synthèse, mais aussi de toutes celles susceptibles de se réaliser ailleurs et sous d'autres conditions. Il n'est pas surprenant que, dans ce "panmorphisme", les différences nous frappent plus que les similitudes, si bien que, pour une société quelconque, ce sont toujours ses propres enfants qui offrent le point de comparaison le plus commode avec des coutumes et des attitudes étrangères. Les moeurs très éloignées des nôtres nous apparaissent toujours, et très normalement, puériles. Nous avons montré la raison de ce préjugé, qui ne mériterait d'ailleurs ce nom que dans la mesure où nous refuserions de nous rendre compte que, pour des raisons aussi valables, nos propres coutumes doivent apparaître sous le même jour à ceux qui les observent du dehors. »

Les Structures élémentaires de la parenté, Mouton, 1967, p.110.

 


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