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Rupert Sheldrake    Rêves de puissance: le pacte de Faust


         Une des caractéristiques les plus surprenantes de la révolution scientifique est le fait qu'elle se produisit dans un climat intellectuel imprégné d'alchimie, de magie, de mysticisme et de la peur généralisée des sorciers.6 Dès le début du xvie siècle, l'intérêt pour les pouvoirs magiques et les systèmes complexes de « magie sympathique », ainsi que pour le renouveau de la tradition hermétique censée représenter les enseignements magiques secrets de l'Égypte antique, ne cessa de croître. Le Dr Faust est l'incarnation de cette quête de pouvoirs surnaturels. Le premier récit le concernant fut publié en Allemagne en 1587, tout juste un siècle avant les Principia de Newton. Faust préfigurait la naissance de la science mécaniste - c'était un magicien, mais aussi la personnification du désir de puissance et de connaissance illimitées qui devait jouer un si grand rôle dans la révolution mécaniste et demeure au centre de l'esprit scientifique contemporain.

     Des dizaines de pièces de théâtre, de poèmes et de romans furent consacrées au Dr Faust, dont les fortunes changeantes reflétaient les mouvements de pensée du temps g. Au début du xixe siècle, il devenait impossible de condamner encore le désir de science et de pouvoirs absolus de Faust, puisque, dans l'esprit progressiste de l'époque, on estimait qu'une, telle quête était bénéfique, et non maléfique. Ainsi, les termes du pacte faustien avec le diable sont ils modifiés et mis en concordance avec l'esprit du temps dans le Faust de Goethe. (1808) : Faust ne doit plus être emmené en enfer à l'expiration d'un délai précis, mais uniquement s'il se lasse de sa quête incessante, s'il cesse de se sentir inassouvi. Il succombe donc finalement à un moment de satisfaction, où il imagine qu'il pourrait dire à l'instant qui passe: « Attarde-toi un peu, tu es si beau... Mais après une brève lutte avec les démons venus le réclamer, il est sauvé et monte aux cieux dans le plus pur style baroque.

L'âme de la Nature, p. 51-52.

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