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La transformation de la conscience

Jérôme R.

     Merci de votre réponse. J'ai toutefois du mal à comprendre comment la spéculation philosophique peut se maintenir dans la lucidité. Non pas que la lucidité rende idiot (ce serait contradictoire), mais elle paraît cultiver une présence unitive dans laquelle la conscience mentale (conscience de quelque chose) est vue pour ce qu'elle est: une relation entre deux termes que l'on considère illusoirement comme séparés- un sujet et un objet. Dès lors, la connaissance -fût-elle métaphysique- n'est-elle pas encore qu'une relation d'un terme à un autre? Ce que nous appelons "connaissance" ne se trouve t-il pas discrédité dans son sens même, puisque la lucidité nous place dans une intelligence intuitive qui court-circuite les mentalisations ? Dès lors, les réponses de Jean Klein, les mots de S Jourdain, la phénoménologie de M. Henry, les stances de Nagarjuna etc.. sont philosophie quant au reste......Comment faites-vous dans vos classes pour traiter un programme "mental" de façon non mentale? Je n'ai sans doute pas compris votre réponse... Bien à vous.

Serge C.

       Vos questions excèdent le thème du forum. Il y aurait beaucoup d'éléments à donner en réponse. Surtout en  ce qui concerne la pédagogie de la philosophie. Tenons-nous en surtout à ce que vous dites avec beaucoup de finesse sur la lucidité et la conscience d'unité. Il est parfaitement exact que ce que l'on nomme d'ordinaire connaissance est construit sur la dualité sujet/objet, dont la réification la plus extraordinaire se trouve d'ailleurs dans l'approche scientifique classique. Nous avons dans les leçons choisi d'utiliser pour cela le terme "savoir". La Connaissance au sens le plus élevé du terme est connaissance par identité, connaissance non-duelle. Elle  ne peut pas en définitive s'enfermer dans des concepts, ni faire l'objet d'un système. La lucidité qui en offre la vision n'est pas affaire de manipulation de concepts, mais plutôt jaillissement intuitif et perception directe de l'intelligence. C'est évidemment un défi pour les habitudes de la pensée, mais après tout, ce n'est qu'un retour aux sources, car c'est justement de cette intelligence qu'en définitive la pensée provient. C'est peut être aussi un jeu très amusant et subversif que de reprendre ce qui est déposé dans un programme "mental", de manière non-mentale.

Jérôme R

     J'ai réalisé que j'avais un ressentiment vis-à-vis de la pensée philosophique, qui n'est qu'un attachement déçu. Or, que la pensée soit duelle n'est pas un problème en soi tant qu'on la laisse pour ce qu'elle est. La philosophie a sans doute sa place si elle est expérimentation des limites mêmes de la pensée. Cela suppose que l'on soit déjà orienté par cet amour de la sagesse, pressentiment de quelque chose de plus vaste que la ratiocination; ou même que l'on ait déjà connu l'Éveil- auquel cas, cela est fait pour le jeu. Il est beau que vous ayez le courage d'assumer cette orientation dans le petit monde de la philosophie française si soucieux de poser les limites de la respectabilité philosophique (n'est-ce pas le propre d'une institution?). Ce n'est pas encore très facile pour moi.
 

Serge C.

     Bon, puisque vous le dites vous-même, inutile que j'en rajoute. Il est assez désolant de voir à quel point a postmodernité est imprégnée d'une sorte de misologie de fond. Tout cela n'est qu'ignorance. L'état de la connaissance de l'esprit est assez lamentable aujourd'hui, en raison d'une fragmentation du savoir d'un côté et de l'autre d'une grande confusion mentale. La fragmentation est alliée avec la compartimentation rigide du savoir universitaire, dont la philosophie souffre, comme toutes les autres discipline et le résultat, c'est une tendance à l'ésotérisme généralisé. Seuls spécialistes comprennent des spécialistes! Ils se parlent entre eux et c'est le règne de la raciocination de l'intellect. Les perles des découvertes majeures sont consignées dans des livres inaccessibles que le commentarisme universitaire rend encore plus inaccessible le plus souvent. La conséquence, c'est que le retour vers le sens vrai de la philosophie passe par une véritable insurrection intellectuelle. Et là, il y a deux voies, ou bien vous crachez sur le système et vous vous placez immédiatement dans la marge en refusant les compromissions, pour vous en tenir à l'essentiel. C'est ce que faisait Krishnamurti, et ce que fait Steve Jourdain. Ou bien vous y restez, avec la stratégie du cheval de Troie, en poursuivant l'aventure de l'intérieur. Pour le joyeux sabotage de la bêtise, de l'ignorance, des préjugés ambiants. En d'autres termes, on peut parfaitement être dans le monde, sans être du monde. Il faut une sacré dose de feu intérieur, mais c'est assez amusant.

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