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La transformation de la conscience

Jean Marie C.

    J'ai bien failli passer à côté de votre forum car, comme Jérôme R il y a quelques pages, j'ai tendance à voir la philosophie comme elle se présente trop souvent elle-même : un jeu de l'esprit ou du mental mais pas une voie de transformation de la conscience. Or seule cette dernière m'intéresse, non comme chercheur spirituel mais pour témoigner que cette transformation est quelque chose de bien concret car elle s'est imposée brutalement à moi il y a deux ans et demi.
      En quelques mots, voici comment c'est arrivé. J'étais au bureau, l'esprit perdu dans une rêverie à propos d'un beau paysage vu quelques années auparavant. A un moment, j'ai senti comme si mon esprit était aspiré en altitude. Je me suis senti dans un espace immense, d'où j'observais la nature dans une relation d'harmonie inconnue. En même temps, j'avais conscience de m'être échappé d'une petite sphère qui figurait ma personnalité. Cette vision, ou plutôt cette intuition n'a duré que quelques secondes. Pourtant, lorsque je suis "redescendu", soit je réintégrais ma personnalité et tout reprenait le cours habituel, soit j'y renonçais pour rester dans l'harmonie.
     J'ai choisi d'abandonner cette personnalité qui, d'un seul coup, m'était apparue terriblement étriquée. Dans les heures et les jours qui ont suivi, je me suis rendu compte que mon univers avait changé. Je me découvrais complètement pacifié, en grande sérénité. Jusque là, j'allais au boulot avec des épaules de plomb et tout à coup le fardeau s'était volatilisé. En famille aussi, toute l'atmosphère avait changé. Au début, je ne pouvais que constater ces transformations sans comprendre ce qui s'était passé. Tout ce que je pouvais dire c'est que j'avais quitté mon petit Moi pour pénétrer dans mon grand Moi.
     Petit à petit, j'ai commencé à y voir plus clair. Ce que j'appelais intuitivement mon petit Moi était constitué de l'ensemble des événements, expériences et acquisitions que j'avais accumulés depuis ma naissance, auxquels je m'étais identifié jusque-là, alors que ce que je qualifiais de grand Moi ne portait aucune marque de mon passé. Le petit Moi me dirigeait à coup d'exigences, de craintes, de pulsions, de recherche de l'intérêt. Le grand Moi ignore toutes ces motivations d'action. Il est remarquablement immobile, à l'exception d'une propension irrépressible à une relation d'harmonie et d'empathie à l'égard des autres humains et de toute la nature en général.
     Au fil des mois, j'ai pas mal parcouru la littérature, découvrant avec surprise et délice que toutes les grandes traditions spirituelles de l'humanité connaissent cette transformation de la conscience tout en la décrivant chaque fois selon des interprétations et un langage culturel propre. Ma manière de parler du petit et du grand Moi n'est d'ailleurs rien d'autre qu'une approche culturelle plus moderne de ce qui est connu depuis des millénaires.
Par contre, il est effarant de constater à quel point l'homme moderne, particulièrement en Occident, ignore l'existence de cette transformation de conscience, allant même jusqu'à la nier farouchement, empêtré qu'il est dans l'accouchement du règne de la raison. Curieusement, étant de formation scientifique, j'étais un adepte inconditionnel de la raison (ce qui a peut-être retardé ma transformation de quelques dizaines d'années). He bien je suis toujours un adepte de la raison mais son champ d'application est maintenant tellement vaste que la comparaison est difficile. Malheureusement, tant que la raison reste un outil au service de l'ego, elle n'est d'aucune aide pour découvrir le "grand Moi" et rejette donc ce qu'elle ne peut comprendre. Elle organise la société, et tout particulièrement l'éducation, selon des valeurs qui renforcent l'ego, conduisant l'humanité dans un malaise planétaire de plus en plus perceptible ... jusqu'à l'anéantissement ?
      A moins que ce malaise ne soit justement le prix à payer pour découvrir la transformation. N'est-ce pas dans la douleur que la lumière jaillit ?     

Philippe D.

     Merci pour votre témoignage. C'est exactement ce que nous pouvons souhaiter sur le forum. L'expérience directe d'une expansion de conscience. Ce qui est important dans la fin de votre texte, c'est votre référence à la raison. Cette mention "ce qui a peut-être retardé ma transformation de quelques dizaines d'années". Qu'est-ce qui peut constituer un frein, sinon le mental lui-même? La raison, c'est le mental doué d'une faculté d'organisation spécifique, le mental qui met en ordre à sa manière propre (ce qui n'a que fort peu ) voir avec la manière de la nature. Comme vous vous en êtes rendu compte, le seul problème c'est la mise au service de l'intellect en faveur de l'ego. La raison n'est pas un problème. Si elle est à sa place. Qui est toute petite en fait. L'intelligence va bien au-delà. Rien n'est un problème en soi, si chaque chose est à sa place. Seulement, il y a urgence dans la situation actuelle de la Terre. Et le problème est créé par le mental, sous forme de conditionnement collectif assez sombre. Qui débouche sur le malaise actuel. La maladie de la vie. Parler de "prix à payer" me semble faux. La souffrance est sur un plan relatif. Un changement de conscience réel est un changement de plan et de ce nouveau point de vue, je doute qu'il puisse y avoir encore une perception de la dualité récompense/sanction. Non, c'est plutôt en enchaînement naturel de causalité auquel nous ne pouvons pas échapper. La conscience collective produit une pensée qui est le monde actuel. Son reflet. Le reflet est sous notre nez, le problème, c'est que nous avons curieusement perdu tout bon sens. Nous ne regardons pas. Alors, il semble que dans ces conditions, il faut une certaine dose d'outrance pour qu'un choc se produise. Cela se produit automatiquement.

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