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Maurice le Dantec Babylon babieschez Folio SF, 1999. Genre : science fiction, hard-science. Le titre n’augure pas de la qualité de l’œuvre. C’est dommage, parce que c’est un livre très réussi. Dans la forme d’écriture tout d’abord, dans uns style original qui tient la route : lyrique-déjanté-cyberpunk-rock-machine. Sur le fond aussi, car la trame du livre joue sur une théorie évolutionniste qui allie l’idée de mutation vers le Surhomme nietzschéen et des théories génétiques récente, brassées dans un contexte d’hyper développement informatique. On suit un mercenaire des guerres modernes de manière très réaliste. Toorop est confronté à un trafic particulier qui a pour véhicule une femme : Marie Zorn, héroïne mère-porteuse qui a subit des mutations génétiques dans un obscur laboratoire lié à la mafia russe. Le livre se lit à toute vitesse, comme un polar d’espionnage, mais bien écrit, dans un genre qui réunit la hard-science et le film d’action science fiction. Ce que Marie Zorn porte en elle, ce sont deux enfants à venir, des jumelles mais qui seront douées d’une conscience nouvelle, dans relation d’unité avec l’ADN humain, bénéficiant de toute la mémoire de l’humanité déposée dans leur cellules. D’où l’idée d’une femme qui serait spontanément polyglotte. L’idée, c’est que Marie Zorn, a été artificiellement l’agent d’une mutation par laquelle la conscience perdrait ses limites individuelles pour devenir universelle, manipulant ainsi les événements de monde vivant de la planète terre. L’auteur a l’habileté de faire un lien entre la connaissance initiatique des chaman traditionnels de l’humanité et la génétique moderne. Des analogies étonnantes tendent à montrer que ce que les voyants anciens avaient découvert par une approche subjective, la science moderne l’a retrouvé par une approche objective[1]. La totalité de l’information conservée dans l’ADN serait de même nature que la Conscience primordiale dans laquelle puise les voyants anciens. C’est en alliant donc l’approche traditionnelle et l’approche moderne que cette connaissance devient utilisable. p.196 : « nous avons fait ce que Nietzsche pressentait des sciences à venir, Marie a été le théâtre d’Expériences menées conjointement sur elle, » p.697 « la matrice évolutionniste les jumelles : « Elles vont engendrer une clade. Une clade ? - Oui, un embranchement spécifique. A terme, ils nous supplanteront. Comme nous avons supplanté les néandertaliens... » La technologie prétend très vite ici pouvoir accomplir ce que la Nature accomplit déjà, mais sur une durée lente et très progressive. La mutation est ici très coûteuse, car elle prend la forme d’un virus qui met en péril l’espèce humaine actuelle. En clair, allons y pour le prochain stade de l’évolution, même s’il en coûte la disparition des 9 dixième de l’humanité ! Seul 1/10ème de l’humanité survivra, mais ce seront des Surhommes ! N’est ce pas une illusion que de vouloir forcer l’évolution ? La mutation évolutionniste ne doit-elle pas se situer d’abord dans la conscience, avant de s’opérer dans les cellules ? On a envie de convier l’auteur du livre à quelques lectures : Satprem La genèse du surhomme, Buchet-Chastel, les trois tomes de Mère, Le matérialisme divin, l’espèce nouvelle, la mutation de la mort, Robert Laffont. Il verra que le travail sur la conscience et sur le corps ne peut pas être mis entre parenthèses. Le fait même que ce livre soit imprégné d’idées sur l’évolution spirituelle, conjointement à l’évolution biologique n’est pas un hasard. C’est dans l’air du temps, lus exactement, c’est dans la conscience collective de l’humanité actuelle.
Chacun essaie à sa manière de fondre ensemble des intuitions disponibles dans la conscience collective. Ici le creuset est celui du roman de science fiction, mais sa sauce prend très bien. [1] Un article existe dans Nouvelles clés ou troisième millénaire sur cette analogie entre le serpent des chaman et l’hélice de l’ADN.
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