Dan Simmons     L'échiquier du mal, 

Collection folio, traduit par J.D. Brèque.

Genre : action et fantastique. Ce n'est pas de la science fiction comme Hypérion.
Thème : Le devoir, la conscience morale


Dan Simmons est obsédé par la question du mal. C’est la question du mal qui hante le monument d’Hypérion. Ici le problème est exposé sous une forme qui est celle d’un film d’action rapide et violent. Le personnage clé est Saul, un juif sorti vivant des camps de concentration (cf le premier tome d’Hypérion), Dan Simmons ne se gène pas pour décrire l’horreur indicible des camps. Il va exposer une histoire fondée sur une hypothèse : il existerait parmi les hommes des génie du mal doué d’une puissance de manipulation si forte qu’ils sont capable de diriger l’esprit d’un autre pour le mener au meurtre. Willi Borden est un nazi qui s’est servi de Saul en manipulant son esprit pour tuer son adversaire, au cours d’une partie d’échec tenue avec des êtres humains à la place des pions. Des années plus tard, Saul retrouve l'oberst et se souvient encore de l’expérience de possession par l’esprit. Il n’a plus qu’une idée en tête, le retrouver pour le tuer. L’histoire est compliquée, pleine de rebondissements, mais ce qui compte, c’est une théorie qui apparaît p.435.

Selon un certain Kohlberg, le développement moral de l’humanité connaîtrait 7 degrés :

Au niveau 1 le critérium de la morale se bornerait à la distinction entre plaisir et douleur, le plaisir est ;le bien, la douleur est le mal. C’est le stade de l’enfant. C’est l’enfant à qui on dit « c’et pas bien », parce qu’il a frappé son camarade à la récréation.

Au niveau 2, le sens moral prend appui sur l’autorité, celle des parents sur l’enfant. Est mal ce qui est interdit, est mal ce qui est assorti de sanction ; est bien ce qui permet la récompense. C’est typiquement l’apprentissage de l’adolescent qui a besoin d’un appui extérieur pour se construire et qui le trouve dans le tuteur de l’autorité.

Au niveau 3 la notion d’autorité s’abstrait complètement, se transporte à l’intérieur et devient un concept, celui de règle à suivre qui implique un devoir. C’est ce qui fonde la discipline chez le militaire et le policier, le scrupule de l’employé de banque. C’est l’homme qui a des principes stricts et n’en déroge pas.

Au niveau 4 le sens moral se fonde sur le consensus d’opinion, est bien ce qui est bon selon l’opinion, est mal ce que la majorité réprouve. Le On domine ici, et ce type de critère est très influant partout où l’opinion joue un rôle. C’est là un critère qui est commun dans le champ de la politique et des média.

Au niveau 5 l’individu est capable d’aller au delà du consensus d’opinion, le critère devient la loi servant le bien commun. C’est en quelque sorte une morale utilitariste. C’est la position de l’avocat idéaliste, tel qu’o le rencontre dans les roman de John Grisham, le bien commun est vu ans la figure e la loi qui sert de critère moral.

Au niveau 6 l’individu est porté par un altruisme qui s’affranchit des limites de la loi, des limites culturelles et ethniques et se pose dans la « bonne action ». C’est la moralité caritative des temps modernes. C’est le modèle des restau du cœur ou d’Amnsty internationnal.

Au niveau 7 l‘individu se fonde, non plus sur un engagement particulier, mais sur des principes universels de soutient de la vie. Il est indispensable d’ajouter ici, sur l’amour sans limite. Ici l’auteur ne mentionne que les noms de Jésus Bouddha et Gandhi, en signalant que très rares sont les hommes qui ont atteint le niveau 7.

Cette classification possède une pertinence remarquable. Par contre, ce qui reste à discuter, ce sont les principes soutenus par l’auteur. Il dit en effet que les hommes vivent à un niveau et y demeurent toute leur vie. Cela sous-entend qu’il n’y a pas de mutation possible d’un niveau vers l’autre. Il est exact que la rigidité mentale commune fait que l’homme de la raideur des principes ne sera pas prêt de lui-même à faire le saut qui le mènerait au niveau supérieur. Les bonnes gens du niveau 4 n’iront pas d’eux même faire le saut du niveau 5. Le devenir habituel est une ornière dans laquelle la plupart des hommes s’inscrivent assez vite. Seulement une habitude résiduelle, cela se change, une devenir peut se transcender. Il suffit que la conscience accède à la verticale de l’existence. Si nous consultons l’expérience de ceux qui sont passé par les NDE, nous voyons par exemple qu’il est indéniable que leur système de valeur a changé a moins d’un cran. Tout accès à la transcendance permet de passer au delà des conditionnements. En clair, le niveau 7 n’est pas si inaccessible que cela, même à l’entendement le plus commun.

Reste l’hypothèse la plus remarquable du livre. Kohlberg est tombé devant une possibilité, l’existence d’un niveau 0 du développement moral. Cela signifie qu’il existerait des individu dépourvu de sens moral, pour qui un acte provoquant la souffrance ou un acte ayant un effet quelconque sont identique. Une sorte d’insensibilité au mal. En psychiatrie cela s’appelle folie morale et c’est évidemment très dangereux, car de tels individus ne se rendent tout simplement pas compte de ce qu’ils font. Où Dan Simmons innove, c’est en supposant des personnalités de niveau 0 douée en plus de faculté psychiques supérieures, tel l’Oberst pour qui la domination des un plaisir, la souffrance donnée une fête. Pire, les individus de ce type reçoivent l’énergie psychique des victimes et sont des vampires psychiques. Plus le vampires psychique exerce sont « Talent », plus il pratique le « Festin », plus il rajeunit. Les tyrans de l’Histoire deviennent évidemment des personnalités niveau 0, la hiérarchie de domination dans l’humanité (p.239), serait couronnée par ces individus. Seule l’évolution biologique serait en cause, elle qui aurait provoquée la mutation biologique dotant de certains hommes du « Talent » t pas d’autres (p.341). Willi Borden, le bourreau, dit que contrairement à ce que pense Saul, la violence est l’essence de la condition humaine, et non une maladie. Il dit que ceux qui possèdent le Talent ont seulement à u plus haut point l’amour de la violence (p.435). Discours d’un Calliclès monstrueux en quelque sorte. La suggestion que donne Dan Simmons, c’est qu’au niveau 0, l’enjeu de l’existence n’est plus que jeu : ici celui des échec avec de malheureux pions que sont les humains. Et le plaisir du jeu est assorti du plaisir tiré de la violence. C’est un portait remarquable du démoniaque, ce n’est plus de l’humain. L’humain ne commence qu’au niveau 1. C’est ) partir du niveau 1 que l’on peut dire que les hommes ne font le mal que par ignorance. Un homme n’est pas pervers par nature. Les niveau 0 ne sont pas humains, bien qu’ils aient l’apparence de l’humain. Ici le mal n’est plus accidentel. Ici se rencontre une volonté du mal, volonté qui est de plus assortie d’une puissance supérieure.

C’est terrifiant. Mais c’est une question de fond quant à la manière de nous devons affronter le mal sous toutes ses formes. Nous ne pouvons pas traiter de la même manière une violence résiduelle, une violence qui est la conséquence des frustrations et une violence qui repose sur une volonté du mal chez un être qui est dépourvu de sensibilité morale.

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