Dan Simmons   Hypérion de (cycle complet)

chez Robert Laffont, trad.G. Abadia

Genre : science fiction.
thème: technique, conscience, devoir, langage, religion, etc.


Impossible de faire un résumé d’un tel livre, impossible de le ramener à un thème, impossible de mettre de côté son style, impossible de le comparer à quoi que ce soit d’autre. C’est un monument. Un chef d’œuvre qui une fois lu risque de rendre assez terne la science fiction traditionnelle... Impossible de le commenter de manière exhaustive !!!

Parlons du style tout d’abord. Stupéfiant. Dan Simmons change de style avec le changement de personnage, notamment dans les récits des pèlerins dans le tome I. Il est capable de passer d’une écriture froide de juriste, à une écriture crue et assez érotique de polar, à la verve débordante d’un poète, au roman pathétique jusqu’à l’extrême. Il était possible de faire six livres avec les récits d’Hypérion. En tout cas, l’atmosphère de suspens est oppressante à souhait d’un bout à l’autre.

Sur le fond, beaucoup, beaucoup d’idées. Le roman est nourri de problématiques philosophiques essentielles et de données scientifiques pointues.

Ce qui me semble remarquable, c’est la spéculation sur les ondes temporelles, les marées du temps, qui entourent les constructions d’Hypérion. L’écoulement linéaire du temps est superficiel. Quelque part, tous les événements existent comme un tout simultané. Un champ de force et de conscience pourrait mener depuis la strate du temps linéaire de notre monde actuel de la vigilance, vers l’a-temporel et de l’a-temporel revenir vers le passé ou aller vers le futur, à condition que le véhicule emprunté soit plus subtil évidemment que le corps physique, qui lui est soumis à la temporalité de l’actuel. Le monstre, le Gritche est venu du futur pour hanter l’univers actuel ou commence le récit.

Ce qui est remarquable aussi c’est l’habileté de Dan Simmons à projeter la structure d’Internet dans le futur pour imaginer une nouvelle entité qui naîtrait de son développement, désigné par le terme le Centre. Cette entité est composé des IA immatérielles (intelligences artificielles). - Noter entre parenthèses que Matrix pompe allégrement dans les thèmes d’Hypérion - . C’est comme si la conscience collective prenait d’abord une forme de réseau informatique, puis que celui-ci, nourrit de la connexion de millions de machines, passait du stade passif d’opérateur au stade actif d’acteur et d’entité séparée. Pour finir par se retourner contre l’homme qui l’a produit. C’est un fantasme qui fascine et nourrit l’imaginaire fantastique, comme l’empire de la machine sur l’homme a inquiété certains auteurs dès le XIXème siècle. Mais c’est très différent. Une machine reste une machine, reste de la matière. Par contre un flux d’informations qui se globalise, c’est de l’esprit et c’est en un sens bien plus inquiétant ou passionnant à considérer.

Serge Carfantan


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