L�intellect est un outil mental qui n�est � l�aise que dans l�analyse et le d�coupage en petits morceaux. La pens�e fragmentaire est une paresse du mental. L�intuition v�ritable qui donne naissance � une pens�e globale va toujours au-del� et c�est pr�cis�ment la marque de l�intelligence. S�agissant de l�humain, il est bien plus facile de penser dans la s�paration que dans l�unit�.
L�ego a besoin de se donner des limites et il le fait en s�attribuant une d�finition, une identit� limit�e qui ne peut avoir de sens qu�oppos�e � une autre identit� limit�e. Il y a moi et l�autre. Or l�autod�finition la plus commune est �videmment dirig�e vers l�identification � un collectif culturel. Le sens intime je suis ne met pas de barri�res, il est immerg� dans la Totalit�, mais le sens de l�ego ne se satisfait que dans la limite, la s�paration. Le moi se pose en s�opposant ! Au niveau le plus gr�gaire du d�veloppement de la conscience le contenu du moi est encore tribal. Sur le fil de la dualit� il y a � nous � et � eux �. Lourdes cons�quences. Dans les relev�s de L�vi-Strauss, nous les � hommes �, les � valeureux � et eux les � singes de la terre � et les � �ufs de poux �, ou bien nous les � civilis�s � et eux les � sauvages �, nous les � d�velopp�s � et eux les � sous-d�velopp�s �, nous les � croyants � et eux les � m�cr�ants �, nous les � Occidentaux � et les � autres �, le reste du monde... ! L�ethnocentrisme n�est qu�une extension de l��gocentrisme sur le plan du collectif ; une fois cette structure mentale apparue, se constitue un ego collectif qui se met � fonctionner comme l�ego individuel en marquant la s�paration. Aucune appr�hension de la Totalit� au moins comme une humanit� une, intimement li�e dans une m�me famille.
Une vision somme toute tr�s superficielle. Intenable. L�univers serait int�gralement interconnect�, la vie serait partout intimement en relation avec elle-m�me� sauf les humains entre eux ! Faut-il prendre au s�rieux la fable selon laquelle chacun vivrait dans son quant � soi enferm� dans son petit monde personnel, comme une ville assi�g�e ne pouvant exister qu�en repoussant tous ces barbares que sont les � autres � ? Il ne manque pas d�exp�riences qui prouvent que la s�paration entre moi et autrui est purement fictive. En fait � ma � conscience n�est pas seulement � mienne �. Des connexions existent qui relient � mon � esprit, � ma � conscience � l�esprit et la conscience des autres. Peut-on mettre en �vidence une communication transpersonnelle dans la Totalit� ?
Einstein voyait dans la s�paration entre les �tres humains une sorte d�illusion d�optique de la conscience. � Un �tre humain fait partie d�un tout que nous appelons l�univers ; il est limit� dans l�espace et dans le temps. Il per�oit ses pens�es et ses sensations comme s�par�es du reste, ce qui est une sorte d�illusion d�optique de la conscience. Cette illusion est pour nous une prison qui nous restreint � nos d�sirs personnels et � une affection r�serv�e � nos proches �. Malheureusement c�est bien dans cette illusion que nous pensons le monde et c�est dans cette illusion que nous cr�ons toutes sortes de probl�mes. Le comble, c�est que nous tenons tellement � faire de cette illusion notre � r�alit� �, que nous avons invers� les choses (c�est le processus de l�illusion), nous pensons la s�paration comme r�elle et l�unit� comme illusoire. C�est si bien �tabli depuis la Modernit� que, juch� de la hauteur de notre savoir objectif et monologique, nous interpr�tons les connexions transpersonnelles comme des ph�nom�nes � paranormaux � ou comme une vague r�surgence de la � mentalit� primitive �. Cependant, le savoir objectif tir� du quadrant SD est nul et non avenu dans cette affaire, car nous sommes ici sur le terrain intersubjectif. Le quadrant IG. Il est possible que dans ce registre se soient justement les peuples traditionnels qui aient beaucoup � nous apprendre. Gregory Bateson par exemple admettait que la conscience avait sa propre �cologie au sens o� elle n��tait pas seulement conscience d�un individu, mais aussi une conscience collective et par-del�, conscience de l�humanit�.
Les
anthropologues parlent de � magie sympathique � quand ils sont confront�s � des
pratiques telles que celles des shamans et des sorciers donnant lieu � des
transferts psychiques. Mettons de c�t� l��uvre de Carlos Castaneda, lecture
pourtant tr�s stimulante sur les sorciers Yaqui au Mexique, mais o� la fronti�re
entre l�effet litt�raire et l�observation n�est pas vraiment claire.
Les �tudes de James Frazer sur le sujet restent une r�f�rence. Il a d�crit la mani�re �trange dans le vaudou dont le shaman am�rindien tra�ait la figure d�un individu dans du sable, puis la per�ait avec un b�ton pointu ou lui infligeait des blessures. Frazer a pu observer par le biais de t�moins que souvent la personne cibl�e tombait malade, devenait l�thargique. Pour user d�un si�alors hypoth�tico-d�ductif, si la pratique �tait effectivement av�r�e, alors cela voudrait dire que l�intention de nuire rapport�e � un substitut symbolique de la personne r�elle a une r�sonance, comme un son particulier �mis d�un point ferait vibrer ailleurs une seule corde, et atteindrait sa cible dans un effet appari� � la qualit� de l�intention.
Selon les observations conduites par maints anthropologues, des clans entiers semblent demeurer en contact, ind�pendamment du lieu o� se trouvent leurs membres. A. P. Elkin a montr� que les aborig�nes d�Australie sont v�ritablement in-form�s du sort de leur famille ou de leur proches, m�me quand ils sont hors de port�e de communication sensorielle. La mort d�un anc�tre est le plus souvent pressentie et implique que l�on rebrousse chemin. Un homme du groupe annonce que son p�re est mort, ou bien que sa femme a accouch�, qu�il y a des troubles non loin du village. Il en est tellement certain qu�il est pr�t � retourner chez lui sur le champ.
Laszlo donne l�exemple des Sentinelese et des autres tribus des �les Andaman dans l�oc�an Indien qui sont rest�es tr�s isol�s du reste de la plan�te. En 2004, lors du tsunami, on a pens� qu�ils avaient d� �tre afflig�s de tr�s lourdes pertes, voire d�une extinction. Mais ce ne fut pas le cas. Ils s��taient r�fugi� � temps sur les hautes terres. Les journalistes ont pens� qu�ils avaient d� �tre inform�s du danger en observant le comportement des animaux. Mais Laszlo sugg�re que ce n�est peut-�tre m�me pas n�cessaire, il est possible tout simplement qu�ils aient pr�serv� le m�me type de sensibilit� � l�environnement que poss�de les animaux. Ce type d�in-formation peut tr�s bien circuler � partir du m�me niveau subtil et non verbal qui permet la connexion transpersonnelle.
En bonne logique l�intention de gu�rir pourrait emprunter les m�mes
voies. Le gu�risseur � et cela correspond � une pratique tr�s r�pandue
aujourd�hui � agit � distance sur le patient en dirigeant vers lui une intention
curative qui se diffuse comme une �nergie positive. Le plus souvent, que le
gu�risseur et le malade se trouvent dans la m�me pi�ce ou qu�ils soient � des
kilom�tres de distance ne joue aucunement pour les r�sultats. Pour ceux qui
n�auraient jamais �t� confront�s � ce genre de ph�nom�ne, voyez le documentaire
La Matrice vivante qui fournit de tr�s bons exemples dans un contexte
contemporain. Les �tudes se multiplient sur le sujet depuis quelques ann�es et
viennent corroborer les r�sultats de la m�decine corps-esprit. Celle-ci
maintient que le lien psychique de l�intention du m�decin � l��gard du malade
joue un r�le fondamental dans le processus de gu�rison, de la m�me mani�re que
l�attitude d�esprit que le malade entretient vis-�-vis de sa maladie est tout
aussi d�terminant. La preuve incontestable appara�t dans l�effet placebo et
nocebo. Dans les exp�riences conduites � ce sujet, on a pu remarquer qu�il y
avait une diff�rence statistique nette dans les r�sultats obtenus entre la
situation o� le m�decin sait qu�il administre un placebo et celle o� il
croit administrer un m�dicament contenant une substance active alors
qu�il s�agit seulement d�une pilule de sucre. La conviction
qu�il
met dans l�intention a un effet et elle est plus forte quand il dit de
bonne foi la v�rit�. Notons qu�aujourd�hui le corps m�dical est beaucoup mieux
pr�par� � ces id�es nouvelles et familiaris� avec la connexion corps-esprit que
de par le pass�. Certains m�decins comme Larry Dossey, en accord avec de tr�s
nombreux praticiens de sant�, vont jusqu�� dire qu�apr�s l��re I de la m�decine
biochimique viendra une �re II de la m�decine psychosomatique.
Dans le m�me registre, quelques mots sur la gu�rison par la pri�re, �tudi�e notamment par Randolph Byrd, de l�h�pital g�n�ral de San Francisco. Les recherches ont �t� publi� en 1988. L�exp�rience s�est d�roul�e sur une p�riode de dix mois. Byrd avait form� deux groupes, l�un compos� de 192 personnes qui n�avaient en commun que l�habitude de prier r�guli�rement et l�autre de 210 personnes servait de groupe t�moin. On donna au groupe de pri�re les noms de personnes atteintes de maladies du c�ur, en g�n�ral chaque malade pris en charge voyait converger vers lui cinq � sept intentions de pri�re. Les r�sultats furent assez spectaculaires et convaincant. Moins de prise d�antibiotique, moins d��d�mes pulmonaires. Aucun patient du groupe recevant les pri�res n�eut besoin d�incubation trach�ale, alors d�autres durent y recourir.
Notons que cette �tude n�a rien d�isol�e. On pourrait en mentionner beaucoup d�autres. Il existe � l�heure actuelle des preuves impressionnantes de l�efficacit� de la transmission de l�intention de gu�rison. Et cela veut dire en ce qui concerne nos investigations, une transmission t�l�pathique et t�l�somatique d�information et d��nergie. Que ses effets soient inexplicables dans le contexte de la m�decine classique n�a rien de surprenant, car celle-ci minimise ou nie la possibilit� d�une action de la conscience sur le corps. A la limite elle n�attribue de pouvoir curatif qu�� l�action d�une mol�cule d�finie, d�une substance mat�rielle pr�cise. Il suffit pour comprendre ce rejet tout simplement de reconna�tre que la � m�decine classique � repose sur un mod�le enti�rement fond� sur le paradigme m�caniste1 qui circonscrit par avance le territoire de ses croyances. Croire (magiquement !) que l�on ne peut venir � bout d�une maladie que par l�action d�un puissant m�dicament chimique et m�me � forte dose, c�est implicitement adh�rer � une repr�sentation d�action par contact au sens des premiers m�canistes. Les m�mes m�canistes cart�siens qui rejetaient la th�orie de Newton2 comme celle d�un charlatan estimant que son id�e d�action � distance �tait trop � mystique �.
Inversement, si, d�laissant le paradigme m�caniste pour prendre appui sur un paradigme qui inclut le niveau de corr�lation infinie dans le r�el, et la nature holographique de l�information, nous voyons qu�il est tout � fait plausible qu�un lien puisse vibrer � travers le champ unifi� de la Conscience d�un point � un autre, ou d�une personne � une autre. Nous avons crois� pr�c�demment l�id�e explor�e par Sheldrake d�une corde subtile d�ordre psychique entre l�animal familier et son ma�tre, pourquoi ne pas consid�rer qu�il serait tout aussi naturel qu�un tel lien existe aussi entre deux �tres humains ?
Prenons une exp�rience toute banale. Nous avons tous d�j� senti que quelqu�un
nous regardait pour ensuite nous retourner et tenter de d�visager la personne en
question. Le docteur William Braud3
s�est int�ress� � la question de savoir s�il pouvait y avoir transmission de
pens�es entre individus. Il a d�abord voulu v�rifier en laboratoire l�effet du
regard port� sur l�autre. Il a donc demand� � une personne de s�installer dans
une
pi�ce o� �tait une cam�ra vid�o. Elle a �t� reli�e � un polygraphe et on lui
demand� de se d�tendre. Dans la pi�ce d�� c�t�, Braud pouvait voir le visage du
participant sur son moniteur. Il a ensuite demand� � un deuxi�me participant de
regarder fixement cette personne sur le moniteur et d�essayer d�attirer son
attention, mais seulement quand un g�n�rateur de nombre al�atoire lui
indiquerait de le faire. Lorsqu�il regardait fixement cette personne dans
l�autre pi�ce, les mesures de conductivit� de la peau r�v�laient des pics
d�intensit� �lectrique. Une exp�rience d�j� tr�s significative. Ensuite Braud a
introduit des variations. Il a demand� aux volontaires de se rencontrer d�abord,
de se regarder intens�ment dans les yeux tout en faisant connaissance. La mesure
de conductivit� de la peau montrait que la personne �tait bien plus d�tendue
d�visag�es par celui qui se pr�sentait comme un nouvel ami. Ceci nous montre que
m�me en l�absence de dialogue effectif, lorsque nous d�visageons quelqu�un, nous
lui transmettons aussi une intention, plus encore un affect et une pens�e et
inversement, �tant d�visag� par quelqu�un nous recevons imm�diatement sur le
mode de l�empathie une intention, un affect et une pens�e. Il est tout � fait
possible qu�au niveau de la pens�e consciente, les choses ne soient pas tr�s
claires, car une fixation exclusive sur notre monologue int�rieur est possible,
cependant nul doute que le corps lui est tout � fait sensible. Le
corps r�agit aux signaux subtils qu�il re�oit, mais quand nous sommes
excessivement � dans la t�te � et pas assez pr�sent au niveau du c�ur, nous
pouvons aussi ne pas bien remarquer ce qui se produit, alors m�me que le
corps �motionnel a subtilement �t� affect�.
Braud a voulu savoir si des troubles tel que la nervosit� ou l�anxi�t� pourrait �tre sensiblement diminu� par un effet du m�me genre. Dans une exp�rience datant de 1983, aid� de l�anthropologue Marilyn Schlitz, il a mis en place une �tude comparative entre deux groupes, l�un compos� de personnes tr�s nerveuses, l�autre de personnes plus calmes. De la m�me mani�re que pr�c�demment la nervosit� �tait mesur�e par la conduction �lectrique de la peau. Dans une s�rie d�exp�riences on apprenait aux participants des techniques de relaxation, pour les calmer. Dans d�autres cas, on a seulement demand� aux volontaires de tenter de se calmer en portant l�attention sur le groupe qui pratiquait la m�ditation dans une autre pi�ce. Les r�sultats parlent d�eux-m�mes. On a not� assez peu de changements dans le groupe de personne qui �tait d�j� calme. Par contre dans le groupe de personnes nerveuses, non seulement la pratique directe de la relaxation avait un effet �vident, mais les effets d�influence � distance sur le groupe de personnes nerveuses ont donn� des r�sultats aussi bons que les exercices de relaxation pratiqu�s par eux-m�mes. Braud et Schlitz ont m�me not� que les sujets ayant une tendance � l�agitation mentale et � la distraction �taient ceux qui b�n�ficiaient le plus nettement du processus. Il semble qu�un champ de coh�rence s��tablisse quand un groupe de personnes entre dans un �tat de relaxation profond et m�me que ce champ de coh�rence se diffuse alentour. C�est un r�sultat qui est maintenant largement admis et confirm� par une pl�iade d��tudes. Nous pouvons d�sormais consid�rer comme acquise l�id�e qu�un groupe de personnes en m�ditation puisse diffuser une atmosph�re de paix et de silence capable d�affecter d�autres personnes aux alentours.
Le neuroscientifique Jacobo Grinberg en poste � Mexico, s�est d�abord int�ress� comme Castaneda aux prouesses des chamanes mexicains. Il pensait � selon ses propres termes � que les capacit�s chamaniques �taient li�es aux propri�t�s de la structure pr�-spatiale de la Conscience, il affirmait aussi qu�il s�agissait d�une trame holographique non locale. Lorsque le syst�me cerveau/esprit est libre de toute interpr�tation, le champ neuronal et la structure pr�-spatiale deviennent identiques. Dans cet �tat la perception est �tablie dans la conscience d�unit�, ce qui veut dire sans ego ni dualit�. La pure Conscience �merge alors dans un sentiment d�unit� et de lumi�re et les capacit�s psychiques du sujet sont sur�lev�es. Selon Grinberg toutes les d�marches spirituelles viseraient la perception directe de la structure pr�-spatiale de la Conscience. Le chamane aurait un don particulier ou une facilit� pour y acc�der, mais Grinberg pensait aussi que virtuellement tout le monde avait cette aptitude.
En 1987 il commence toute une s�rie d�exp�riences. Il demande � deux volontaires, habituellement un homme et une femme d�abord, de s�asseoir et de m�diter ensemble une vingtaine de minutes afin d��tablir un lien entre eux. Puis il leur propose de se rendre dans des pi�ces s�par�es, chacune d�elle dot�e d�une grille de protection contre les champs �lectromagn�tiques. Une cage de Faraday. L�observation montre que malgr� tout, les ondes c�r�brales des participants commencent � se synchroniser tr�s nettement, alors m�me qu�ils sont s�par�s. Le ph�nom�ne appara�t tr�s clairement sur les trac�s des �lectroenc�phalogrammes. Non seulement cela, mais les deux h�misph�res du cerveau de chacun des participants se synchronisent, ce qui normalement ne se produit que dans un �tat de m�ditation profonde. Grinberg a aussi observ� que la personne qui avait les ondes c�r�brales les plus coh�rentes semblait exercer une plus grande influence sur le second participant dot� de moins de coh�rence.
En 1994 Grinberg introduit une variante de l�exp�rience ; apr�s les vingt minutes de m�ditation, les deux personnes se s�paraient comme pr�c�demment dans les pi�ces munies du blindage de protection, mais cette fois, Grinberg projetait des �clairs �mis de fa�on al�atoire dans les yeux d�un des participants, tout en contr�lant l�enc�phalogramme de son associ�. Comme r�sultat, Grinberg obtint 25% des fois o� un �clair frappait les yeux d�un des volontaires une modification identique des ondes c�r�brales chez l�autre participant. Les sujets t�moins engag�s par Grinberg ne montraient eux aucune r�action correspondante. Statistiquement c�est d�j� tr�s significatif. Les r�sultats furent publi�s dans une revue prestigieuse, Physics Essays avec un �cho important car on avait l� une confirmation exp�rimentale de l�existence d�un champ unifi� universel.
La disparition de Grinberg peu de temps apr�s la publication de ses travaux n�a pas emp�ch� d�autres chercheurs de suivre la voie qu�il avait trac�. L�institut HearthMath a pouss� plus loin les recherches dans la m�me direction. Robert Kenny a publi� en 2004 un compte-rendu avec des r�sultats �largis. Il montre que lorsque ce sont des personnes qui vivent et travaillent ensemble, ou encore quand il s�agit de personnes qui font montre d�appr�ciation, d�empathie et d�amour pour les autres, les ondes c�r�brales des participants que l�on place dans les pi�ces s�par�es se synchronisent facilement. Lorsque par la pratique de la m�ditation elles parviennent � synchroniser leurs ondes cardiaques et c�r�brales, elles peuvent entra�ner la coh�rence des ondes d�autres personnes � se synchroniser sur les leurs. Le ph�nom�ne d�entra�nement engendre un sentiment de calme et d�intime connexion qui rend bien plus fluide la perception mutuelle de sensations, d��motions, mais aussi de pens�es et d�intuitions communes. Explorons plus avant cette question.
Guy Playfair, auteur de
La t�l�pathie jumelle propose une documentation substantielle sur une
situation que personne ne met en doute, la grande proximit� des jumeaux et la
syntonisation naturelle de leurs �motions et de leurs pens�es. Lors d�une
�mission de t�l�vision de 1997, il d�crit comment ont �t� test� quatre paires de
jumeaux. Les ondes cervicales, la r�action cutan�e, la pression sanguine �taient
sous surveillance. Les dispositions �taient semblables aux situation
pr�c�dentes, quatre �taient dans une pi�ce isol�e et les quatre jumeaux correspondants
dans une autre pi�ce isol�e et � bonne distance. Quand on faisait entendre par
surprise une sonnerie fix�e dans le dos de sa chaise, le second jumeau
enregistrait le choc.
De mani�re tr�s syst�matique. Le superviseur de l��mission ne pouvait que
commenter vaguement en disant � qu�ils avaient attrap� quelque chose venant de
quelque part �, mais nous savons maintenant qu�il ne peut s�agir d�un ph�nom�ne
exceptionnel qui laisserait supposer que seuls les jumeaux poss�dent ce genre
d�aptitude, l� o� les �tres humains plus �loign�s en parent� devraient se
contenter des circonvolutions compliqu�es du langage pour communiquer. Avec la
difficult� suppl�mentaire d��tre emp�tr�s dans l�interpr�tation, ce qui barre
encore la route � une compr�hension directe.
En fait on peut observer exactement les m�mes ph�nom�nes chez les personnes profond�ment unies, le lien entre une m�re et son enfant, le lien entre deux amoureux, entre des amis intimes etc. L�exemple des jumeaux est, disons plus m�diatique, mais dans le monde ordinaire, le lien psychique entre personnes proches n�a rien de myst�rieux, il est plut�t familier et va de soi. Exactement de la m�me mani�re que l�on s�habitue aux exp�riences de synchronicit� pour les trouver tout � fait naturelles. C�est plut�t l�inverse, il est assez �trange que les �tres humains qui se c�toient tous les jours ne pressentent pas qu�il n�existe entre eux aucune s�paration r�elle et qu�ils sont si intimement reli�s qu�ils peuvent souvent ressentir ce que l�autre pense et ressent. Nous avons vu que pour Sheldrake le lien t�l�pathique fait partie des lois de la nature. C�est la rupture de ce lien entre humains, de ce lien dans la toile de la vie qui pose question et fait myst�re. Pas son existence.
Il demeure que les psychologues � classiques � voudront bien admettre la connexion transpersonnelle entre des jumeaux, mais rechigneront devant la possibilit� de la m�me connexion entre humains ordinaires. Donc seuls ceux qui sont dou�s d�une certaine ouverture d�esprit5 reconna�tront le fait. Et pourtant nous avons suffisamment de m�thodologie s�rieuse pour mettre au point des exp�riences aux r�sultats fiables, en prenant soin de v�rifier des facteurs tels que la mauvaise interpr�tation des r�sultats, les signaux secrets, le trucage des appareils, la tricherie des sujets ou l�incomp�tence des exp�rimentateurs. C�est l�id�e d�une connexion subtile entre personnes qui doit �tre trop g�nante pour m�riter d��tre explor�e. On pr�f�rera certainement la fable selon laquelle chaque ego est bien � l�abri dans son blockhaus imprenable et que la pens�e est alors personnelle au sens de � planqu�e dans le blockhaus �. A quoi il faut r�pondre que certes, il y a d�un point de vue �thique quelque chose d�insidieux � vouloir p�n�trer dans l�espace des pens�es d�un autre. C�est aussi ind�cent que d�ouvrir son courrier ou de vouloir consulter ses mails. Cependant c�est aussi une grande na�vet� de croire que la pens�e puisse �tre confin�e comme dans un bocal (et o� ?) sans se traduire par une expression, tout � la fois subtile et aussi grossi�re par ses effets. L�int�rieur et l�ext�rieur communiquent en solution de continuit� non-duelle6. Une pens�e absorbe l�attention, se diffuse en �motions, s�imprime dans les traits du visage et fa�onne jusqu�� une d�marche. Je deviens ce que je pense jusque dans mon corps. Donc, � ce titre, un peu de sens de l�observation est d�j� suffisant pour se rendre compte que le blockhaus en question n�existe pas. Une personne d�place autour d�elle une atmosph�re, son corps �motionnel. Mais il y a plus �tonnant en qui concerne des niveaux de la pens�e.
Nous avons ailleurs fait l�observation suivante, observation que l�on retrouve � l�identique de la part de S. Aurobindo ou de Byron Katie. Ce que nous appelons � nos � pens�es rel�ve le plus souvent de suggestions attrap�es au vol dans le mental collectif. (Je reproduis ici un texte tir� d�un autre volume).
L�exploration de la conscience a amen� Aurobindo � voir que la cloison �tanche que nous pr�tendons �riger entre int�rieur/ext�rieur est largement fictive. Le chercheur spirituel finit par s�apercevoir qu�il est poreux et qu�une conscience plus large implique recevoir les pens�es d�autrui, �tre travers� sans protection par des volont�s, des d�sirs sans nombre7. Le cuir �pais de l�homme ordinaire ne jouant plus, le chercheur verra qu�il est tr�s perm�able. Dans le yoga Cette condition est in�vitable parce que la conscience gagne plus de transparence et pr�cis�ment d�s qu�elle s��tablit de plus en plus dans le silence. Le plus �trange, c�est que � dans cette transparence silencieuse nous ferons une autre d�couverte, capitale dans ses implications. Nous nous apercevrons que non seulement les pens�es des gens nous viennent de l�ext�rieur, mais que nos propres pens�es aussi nous viennent par la m�me voie, du dehors. Lorsque nous serons suffisamment transparent, nous pourrons sentir, dans le silence immobile du mental, comme des petits remous qui viennent frapper notre atmosph�re, ou comme de l�g�res vibrations qui tirent notre attention, et si nous nous penchons un peu pour �voir ce que c�est�, c�est-�-dire si nous acceptons que l�un de ces remous entre en nous, nous nous retrouverons soudain en train de penser � quelque chose : ce que nous avons saisi � la p�riph�rie de notre �tre �tait � une vibration mentale avant qu�elle n�ait eu le temps d�entrer � notre insu et de ressortir � notre surface pourvue d�une forme personnelle, qui nous fera dire triomphalement : c�est ma pens�e �.
L�exp�rience
est assez renversante, car s�il est par excellence quelque chose que nous
voulons d�fendre de toute intrusion externe, c�est bien notre pens�e. C�est le
for int�rieur o� campe fi�rement l�ego qui s�est en fait appropri� telle
ou telle pens�e qui lui convient. � Ma pens�e personnelle �. La v�rit�, c�est
que nous ne sommes pas capables de cr�er une pens�e, nous ne pouvons que la
puiser dans le mental universel.
� Le mental int�rieur est quelque chose de tr�s vaste qui se projette en
l�infini et finalement s�identifie � l�infinit� du mental universel �.
Dans la pens�e ordinaire, le m�canisme est imperceptible, parce que nous vivons jet�s dedans : parce que ce que nous appelons notre pens�e est un vacarme indescriptible, un cliquetis continuel ; parce que � le m�canisme d�appropriation des vibrations est presque instantan� automatique ; une fois pour toutes, par son �ducation, son milieu, l�homme est habitu� � s�lectionner dans le mental universel un certain type de vibrations, assez r�duit, avec lequel il est en affinit�, et jusqu�� la fin de sa vie il accrochera la m�me longueur d�onde, reproduira le m�me monde vibratoire, avec des mots plus ou moins sonores et des tournures plus ou moins neuves �. Le d�fi n�est pas de faire une pirouette de plus dans le m�me milieu, c�est d�effectuer un saut, un v�ritable changement de conscience. Comme l�indique Satprem, une fois que l�on a r�ellement vu cela, vu la part de suggestion que comporte le travail du mental, on d�tient la cl� de sa ma�trise. � S�il est difficile de se d�barrasser d�une pens�e que nous croyons n�tre, quand elle est d�j� bien install�e dedans, il est ais� de rejeter les m�mes pens�es quand nous les voyons venir du dehors �. Cette d�couverte d�cisive Aurobindo l�a faite lors des trois jours qu�il passa avec Bhaskar L�l� :
� Tous
les �tres mentaux d�velopp�s, du moins ceux qui d�passent la moyenne, doivent
d�une fa�on ou d�une autre, � certains moments de l�existence et dans certains
buts, s�parer les deux parties de leur mental : la partie active, qui est une
usine de pens�es, et la partie r�serv�es, ma�tresse, � la fois T�moin et
Volont�, qui observe, juge, rejette, �limine ou accepte les pens�es, ordonnant
les corrections et les changements n�cessaires, c�est le ma�tre de la maison
mentale, capable d�ind�pendance. Mais le yogi va encore plus loin, ; il est non
seulement le ma�tre du mental, mais tout en �tant dans le mental, il en sort
pour ainsi dire, et il se tient au-dessus ou tout � fait en arri�re, libre. Pour
lui, l�image de l�usine de pens�es n�est plus valable, car il voit que les
pens�es viennent du dehors, du mental universel ou de la nature universelle�
J�ai une grande dette envers L�l� pour m�avoir montr� ce m�canisme :
� Asseyez-vous en m�ditation, me dit-il, mais ne pensez pas, regardez seulement
votre mental, vous verrez les pens�es entrer dedans. Avant qu�elles ne puissent
entrer, rejetez-les et continuez jusqu�� ce que votre mental soit capable de
silence complet�� En un instant, mon mental devint silencieux comme l�air sans
un souffle au sommet d�une haute montagne, puis je vis une, deux pens�es venir
d�une fa�on tout � fait concr�te, du dehors. Je les rejetai avant qu�elles ne
puissent entrer et s�imposer � mon cerveau. En trois jours, j��tais libre. A
partir de ce moment, l��tre mental en moi devint une intelligence libre11 �,
et plus un ouvrier maniaque dans une usine de pens�es. C�est la fin de l�empire
des constructions mentales et le d�but de l��tonnement de comprendre que les
hommes vivent avec elles, comme
derri�res
des barri�res qui d�finissent leurs impossibilit�s. L�homme � apr�s avoir v�cu
vingt ans, trente ans dans sa coquille mentale, comme une sorte de bigorneau
pensant, commence � respirer au large �. L�antinomie �ternelle
int�rieur/ext�rieur se r�sout dans la foul�e : le dehors est partout dedans et
la conscience est toujours chez soi.
Nous voyons maintenant l�id�e m�me de communication transpersonnelle de la pens�e dans une perspective compl�tement nouvelle. Et la perspective de la Totalit� y est incluse. La synchronisation des ondes c�r�brales entre sujets atteste une connexion dans la totalit� qui d�borde la seule impression subjective pour s�inscrire dans un ph�nom�ne objectif. Nous voyons aussi que la conscience ne se r�duit pas seulement � � ma � conscience, selon la remarque de Bateson, elle s��tend bien au-del� et c�est pourquoi nous sommes en droit de parler de conscience collective. Pour la m�me raison, la pens�e n�est pas non plus seulement � ma � pens�e, il faut revoir l�id�e selon laquelle la pens�e serait � personnelle � autant que nous avons pu le croire.
Nous ne pouvons pas nous �vader de la conscience de l�humanit� et devons par empathie �tre affect�s des �lans exalt�s autant que des courants de souffrance de l�humanit�. Nous sommes immerg�s dans l��preuve de l�humain, nous baignons dans le mental collectif et nous pensons dans l�esprit. Nous rem�chons les pr�jug�s de la cuisine collective, nous attrapons les pens�es d�autrui, nous pensons et repensons ce que d�autres ont pens� avant nous, tout en croyant qu�il faut absolument nous distinguer �tre neuf et original, l� m�me o� nous ne pouvons l��tre, c�est-�-dire dans la conscience habituelle. Et apr�s cela nous trouvons bizarre que deux �tres humains puissent se transmettre la m�me pens�e !
Mais attention, si nous baignons dans le mental collectif comme le poisson dans l�eau, cela ne veut pas dire que pour autant que nos pens�es soient comme par magie des �tincelles intuitives in-form�es par la Totalit�. C�est sans compter sur le libre-arbitre humain, les distorsions �gotiques de l�ignorance, mais qui font aussi partie du lot de l�aventure humaine et de son �volution. Nous pourrions, si notre canal �tait plus clair, beaucoup apprendre de l�in-formation de la totalit�.
Changeons maintenant de point de vue, tout en demeurant dans la perspective de la communication transpersonnelle, mais cette fois pour aborder le volet transculturel. M�me probl�me. Peut-on tabler sur la s�paration herm�tique entre les cultures en imaginant qu�elles forment pour chacune un univers � part, tant par sa langue, ses concepts, ses valeurs, son histoire, ses coutumes, ses religions ? Bref peut-on regarder les civilisations comme des ilots o� prolif�rent une faune et une flore originale, mais sans relation avec celles d�autres �les ? Faut-il suivre ceux qui divisent l�humanit� en autant de civilisations h�t�roclites qui peuvent certes figurer dans un patchwork bariol�, mais sans unit� et sans inscription dans la Totalit� ? Pour le dire autrement, avons-nous des �l�ments s�rieux de connexions transculturelles entre civilisations. Au lieu de ne raisonner comme Huntington en termes de � chocs des civilisations �, nous allons voir que nous avons des raisons de penser qu�il existe des preuves, tant arch�ologiques qu�historiques, de liens transculturels.
C�est une question qui a travaill� certains arch�ologues. Autant suivre ici le r�sum� de Laszlo, il est tr�s clair : � En des lieux divers et � des �poques diff�rentes, les anciennes civilisations ont d�velopp� tout un �ventail d�artefacts et d��difices semblables. Bien que chacune y ajout�t ses propres ornements, les Azt�ques et les �trusques, les Zoulous et les Malais, les Indiens de la p�riode classique et les anciens Chinois fabriquaient leurs monuments et fa�onnait leurs outils comme s�ils suivaient le m�me mod�le. Des pyramides g�antes furent construites dans l�ancienne �gypte et dans l�Am�rique pr�colombienne avec une remarquable similitude de conception �.
De l�avis de beaucoup d�arch�ologues, on ne peut pas s�en tirer simplement en invoquant une solution utilitaire � un besoin commun. Il y a trop de similitudes dans les d�tails, une �volution par t�tonnement ne peut pas l�expliquer, surtout en tenant compte du fait que ces peuples �taient tr�s �loign�s les uns des autres. Ignazio Masulli, historien � l�Universit� de Bologne, a �tudi� les pots et les urnes et autres artefacts de civilisations ayants �volu� ind�pendamment les unes des autres, tant en �gypte, en Perse, en Inde qu�en Chine, sur une p�riode de � 5000, � � 2000 ans avec JC. Il y a des ressemblances frappantes quant � la conception et aux formes de bases. Ces civilisations vivaient tr�s �loign�es les unes des autres, � la fois dans le temps et dans l�espace et pourtant il y a des mod�les communs. Comme Masulli le reconna�t, il n�existe pas de r�ponse conventionnelle � ces questions. Ou alors il faut revenir � une explication analogue au mod�le des m�sanges bleues de Sheldrake. Si le mental humain est un collectif, il fonctionne comme une totalit� affect�e d�une r�sonance morphique ; donc ce que l�exp�rience humaine inscrit dans sa m�moire en un lieu sur Terre est susceptible de r�appara�tre plus facilement dans un autre lieu en �mergeant de l�inconscient collectif, dans l�imaginaire d�un artiste, d�un artisan ou d�un ing�nieur. Ce qui a �t� d�couvert en un point du globe entre automatiquement dans la m�moire akashique et peut alimenter une nouvelle apparition temporelle en un autre point. C�est exactement la fonction que remplit le champ A comme champ d�information et champ de m�moire holographique. Comme il y a un facteur de similitude, seul un esprit humain au profil semblable pourra d�coder cette information et l�exprimer dans une r�alisation. On pourrait aussi proposer une explication par l�intervention d�extraterrestres ! Mais entre le r�ductionnisme utilitaire qui est simpliste � comme on le voit dans les explications officielles au sujet des pyramides d��gypte - et les grandes envol�es ET, la solution d�une inscription des m�moires du mental humain dans la Totalit�, via le champ A est plus convaincante.
Nous avons vu pourquoi Freud est rest�
attach� � la notion d�inconscient personnel, il a tout de m�me tent� des
incursions dans un niveau plus large dans Totem et tabou. Il revient
surtout � C.G. Jung, � partir d�interpr�tations de r�ves et dans ses �changes
avec le physicien quantique W. Pauli, d�avoir approfondi la notion d�inconscient
collectif. Jung d�signe sous le terme � collectif � le plan transpersonnel de la
psych� inconsciente qui rejoint la m�moire archa�que de l�humanit�. Jung a
montr� que des mat�riaux �mergent de cette m�moire ancestrale dans l�imaginaire
collectif. Cette r�currence d'apparition dans les mythes, les l�gendes, les
contes revient dans tout l'histoire humaine � travers ce qu�il appelle les
arch�types. Ainsi les figures du dragon, du loup-garou, des f�es et autres
figures du bestiaire de l�heroic-fantasy que l�on retrouve un peu partout sur la
plan�te dans les traditions anciennes ne seraient en rien des cr�ations
originales de tel ou tel auteur particulier. Ce plan est diff�rent de
l�inconscient personnel constitu� lui des traces et des
refoulement
d�un sujet individuel. Quand Jung dit que nous naissons d�j� nanti d�un
inconscient collectif, ce n�est pas une figure de rh�torique, c�est � prendre au
pied de la lettre. Il se trouve que certains po�tes, certains �crivains se
d�couvrent une facilit� � se connecter � la m�moire archa�que et en tirer une
sorte d��loquence primale qui �veille chez le lecteur la r�miniscence fascin�e
de cette m�me m�moire endormie, latente en chacun de nous. L�interpr�tation que
donne Jung est certes parfois obscure, mais il est indiscutable qu�il a approch�
� sa mani�re d�assez pr�s une strate de la m�moire akashique. En fait le domaine
de l�astral selon l��sot�risme. Toujours est-il qu�avec l�hypoth�se de
l�inconscient collectif les barri�res entre les traditions des peuples, entre
les mythes culturels disparaissent. L�humanit� partage une m�me m�moire. Nous ne
pouvons donc plus nous �tonner de trouver des r�cits culturels extr�mement
proches entre des civilisations �loign�es, avec des th�mes partout r�currents,
comme celui du d�luge. Et il y en a bien d�autres.
Autre ph�nom�ne � prendre en compte : jusqu�� une �poque assez r�cente on s�est tr�s peu pr�occup� de mettre en rapport les acquis les plus importants de l�humanit� en les consid�rant comme des ph�nom�nes compl�tement s�par�s et nous en sommes venus � consid�rer comme allant de soi l�id�e que le g�nie �tait tout � fait � singulier � et de surcro�t compl�tement � al�atoire �. Nous commen�ons aujourd�hui � r�viser tr�s s�rieusement ce jugement.
Nous avons vu plus haut en passant que l�atomisme n��tait en rien exclusivement Grec, il est apparu aussi en Inde chez Kanada, et probablement � la m�me �poque. Newton et Leibniz ont d�couvert le calcul int�gral ind�pendamment et au m�me moment. La loi de Newton, qui dit que la force d�attraction est inversement proportionnelle au carr� de la distance du corps � son centre de rotation, a �t� d�couverte ind�pendamment par Robert Hooke. Lord Kelvin en Angleterre et George Robert Kirchhoff en Allemagne ont d�couvert en m�me temps que chaque �l�ment a produit ses propres lignes spectrales. John Lockyer, en Angleterre et Pierre Janssen identifi� en Inde, presque en m�me temps, les lignes jaunes spectrale de l'h�lium dans le soleil.
En 1905, sans s��tre concert�s, � quelques mois d�intervalle, Albert Einstein et Henri Poincar� publient des travaux tr�s proches qui vont aboutir � la relativit� restreinte. En 1974, gr�ce � un acc�l�rateur de particules, Burton Richter de l�universit� de Stanford d�tecte l�existence d�une nouvelle particule qu�il nomme PSI. Pratiquement au m�me moment, sur la c�te Est des �tats-Unis, Samuel Ting � Brookhaven d�couvre la m�me particule ! (Lui, l�appela la particule � j �) L� aussi, aucun des deux n�avait connaissance des travaux de l�autre. Sanction normale : le prix Nobel de physique 76 leur fut attribu� pour leur d�couverte conjointe.
Les anneaux de Saturne ont �t� d�couvert en 1850 par William C. Bond de l'observatoire de Harvard et deux semaines plus tard, ind�pendamment, par WR Davies en Angleterre. En 1846, JC Adams, de l�Universit� de Cambridge et Joseph Urbain Leverrier � l'�cole Polytechnique � Paris, calculaient de mani�re ind�pendante la position o� Neptune serait trouv�e.
En 1858, Charles Darwin en �tait au chapitre 11 de son livre De l�origine des esp�ces, dont l�hypoth�se lui paraissait tout � fait nouvelle, quand il re�ut la monographie d�Alfred Russell Wallace qui d�veloppait les m�mes id�es que les siennes. Fin 2007, une �quipe japonaise et une �quipe am�ricaine r�ussissent simultan�ment � transformer des cellules de peau humaine en cellules souches, ouvrant la voie � de nouveaux traitements contre le cancer, le diab�te et la maladie d�Alzheimer.
1876 voit la d�couverte du t�l�phone par Graham Bell et Elisha Gray. Mais l�histoire ne tiendra le nom que du premier qui fut simplement le plus rapide � d�poser le brevet. Toujours dans les inventions techniques, le phonographe est invent� la m�me ann�e, en 1877, par thomas Edison aux �tats-Unis et par Charles Cros en France. Le moteur � r�action a �t� d�velopp� simultan�ment � la fois par un ing�nieur allemand, Paul Schmidt, et par un ing�nieur britannique, Whittle, de l'Ordre de la RAF � Cranwell. Quand Hermann Oberth conseillait les g�n�raux allemands � propos du combustible liquide pour missiles � longue port�e, en Am�rique Robert Goddard travaillait sur des carburants similaires. Etc. La liste est longue.
Les cas de d�couvertes simultan�es se comptent par centaines et ils rempliraient plusieurs volumes. Il faut arr�ter de nous ressortir � chaque fois l�argument us� jusqu�� la corde de la � co�ncidence � fortuite. Il est plus simple de reconna�tre que des chercheurs travaillant sur un m�me probl�me entrent en r�sonance dans le mental collectif. Au niveau le plus fin de la R�alit�, ils sont de toute mani�re interconnect�s. L�humanit� est une, il est donc tout � fait naturel que des id�es-force apparaissent �� et l� au m�me moment. Et le ph�nom�ne ne date pas d�hier, il a toujours exist� dans l�Histoire, pour la bonne et simple raison qu�il n�existe pas de s�paration entre les �tres humains et que chaque �tre humain pense dans l�esprit. Dans la Totalit�. C�est moins flatteur pour le d�sir d�originalit� � tout prix, mais c�est sans aucun doute plus pertinent. Un peu de modestie nous ferait dire qu�un g�nie est surtout un canal qui re�oit intuitivement l�in-formation de la Totalit� bien plus qu�il ne la cr�e.
Aurobindo livre une description tr�s d�taill�e des niveaux qui se situent au-dessus du mental ordinaire, chacun �tant accompagn� du d�ploiement d��nergie qui lui est propre. Selon lui c�est comme un gamme de fr�quences de plus en plus �lev�es de l�intelligence, qui part du mental ordinaire que nous trouvons dans la vigilance et s��l�ve, comme par degr�s, jusqu�� une pulsation de plus en plus raffin�e et charg�e d�une �nergie plus dense. Au-dessous du mental ordinaire, il y a le vital, au-dessus se situe le mental intuitif. Un acc�s, m�me bref et partiel, au mental intuitif oriente de mani�re d�cisive la carri�re d�un homme, le dirige vers un art, le porte vers une �tude, ou cr�e une attirance irr�sistible vers le monde des id�es. Aurobindo appelle surmental le plan d�intelligence o� les artistes puisent abondamment leur inspiration, mais c�est aussi celui o� les philosophes et les grands savants captent des intuitions fulgurantes. Le surmental, semble apparent� avec ce que Platon appelle le monde intelligible, sauf que la teneur et la description qu�en donne Aurobindo n�est pas le fruit d�une �laboration sp�culative, mais est li�e � une l�exp�rience directe, � yogadrishti. � C�est du plan surmental, ou tout au moins � travers ce plan, que s�effectue dans le monde le pr�arrangement originel des choses, car de lui viennent les vibrations d�terminantes13 �. Le penseur, le scientifique y trouve leur perspective, plus exactement leurs id�es-force. Il y a � ce niveau une puissance synth�tique, une puissance intuitive, une coh�rence, mais ajoute encore Aurobindo, une forme subtile de division y subsiste, celle d�un point de vue. Cependant il ne viendrait pas � l�id�e d�Aurobindo de voir dans le surmental quelque chose de strictement � personnel �, c�est bien de Transpersonnel dont il est question. Nous ferions bien d�arr�ter de couper les cheveux en quatre et de vouloir � tout prix dans les �uvres de l�esprit, isoler, s�parer, opposer. Mieux vaut remonter vers la source intuitive et tenter des rapprochements.
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Un r�seau WIFI est d�j� install� dans le mental collectif ! Depuis des mill�naires. Il est dans la nature m�me de l�esprit et il est branch� sur masse d�information prodigieuse, ce que la tradition ancienne appelait les annales akashiques. Osons une formulation � la suite de Satprem : c�est pr�cis�ment en installant des proth�ses techniques qui singent l�Internet cosmique que nous nous privons d�une capacit� de recevoir directement l�in-formation toujours d�j� pr�sente dans la totalit�. Pour jouer sur une image de La Belle verte de Coline Serreau, plus d�porterons sur nos portables le soin de la communication et moins nous d�velopperons la t�l�pathie ! Plus nous d�porterons sur les machines notre m�moire et moins nous saurons mettre en �uvre notre aptitude � puiser directement dans l�in-formation de la Totalit�. Nous aurons tout juste r�ussi � pousser encore plus loin l�isolement �gotique artificiel et illusoire, compens� par une communication toute aussi �gotique, artificielle et illusoire. Nous communiquerons une information de plus en vide, mais l�ego triomphera en pr�tendant avoir �tabli une vraie communication entre les hommes ! Telle est la puissance de l�illusion. C�est toute l�ironie du choix du mat�rialisme qui tourne le dos � la dimension spirituelle.
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� Philosophie et spiritualit�, 2016, Serge Carfantan,
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