Nous partageons dans l’opinion la croyance selon
laquelle c’est le corps qui perçoit. La perception serait une réceptivité
passive, une table rase où vient s’inscrire via les sens un ensemble de données
venant du monde extérieur. La perception va alors de l’objet vers le sujet. Il
suffirait d’ouvrir les yeux pour voir la « réalité ». Les intentions, les
conditionnements, les
croyances viendraient seulement après. A la limite,
elles comptent pour du beurre. L’esprit est négligeable. A l’appui de cette
croyance, il y a bien sûr l’explication tirée du paradigme mécaniste qui réduit la perception à une fonction
du cerveau. On en vient même à dire, quand il y a erreur, que c’est le cerveau
qui nous trompe !
Mais justement, la
plupart des gens confondent à tort le
cerveau avec l’esprit.
C’est l’esprit qui voit, observe ou regarde. Le corps n’est que son instrument.
Dans l‘univers est un hologramme,
Michael Talbot raconte une expérience dans laquelle un homme hypnotisé est
suggestionné pour ne pas voir sa propre fille dans la salle au moment où il
sortira de la transe, alors qu’elle se trouve en face de lui dans le public. Au
réveil en effet, on le voit qui cherche partout du regard sans la voir, alors
qu’elle est juste devant lui. L’expérience est limite certes, mais elle pointe
vers une idée profonde :
c’est l’esprit qui perçoit, qui pointe vers
ce qu’il voit avec ses intentions, ses conditionnements et ses croyances.
La perception va du
sujet vers l’objet
et
non l’inverse. Et c’est la condition ordinaire dans l’état de
conscience habituel de l’état de veille. Si vraiment la perception résultait
d’une réceptivité passive, elle aurait dû s’imposer à notre homme, ce qui n’est
pas le cas.
Il y a clairement
contradiction entre ces deux points de vue. Et même si on les mettait ensemble,
on ne voit pas par quel mystère les relier. Rigoureusement parlant, il n’y a
qu’une seule manière de considérer la perception qui ait un sens, c’est
l’approche phénoménologique, car elle seule est à même de respecter l’expérience
vécue de la perception.
C’est
manquer de discernement de ne pas voir à quel point le mental est actif au sein
de la perception, de ne pas remarquer que notre perception est d’ordinaire une
projection du connu sur le perçu. Rien de plus habituel que notre propension à
surimposer au domaine de l’objet les formes qui
sont dans notre esprit.
Or la
surimposition est par excellence, le mécanisme de l’illusion, d’où il ressort
que dans l’état de conscience dit normal, nous ne percevons que des apparences
qui peuvent être très éloignées de la réalité. Ce qui soulève une question
délicate : En quel sens
peut-on dire que la perception est illusoire ?
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© Philosophie et spiritualité, 2019, Serge Carfantan,
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