En rappel d’une leçon
précédente : il faut se méfier des termes en -isme. Ils peuvent ou non être
assumés parce ceux qui en revendiquent l’appellation, par exemple Sartre assume
sa définition dans l’existentialisme, Lévi-Strauss assume le
structuralisme, à une époque, Edgard Morin assumait le marxisme etc.
Dans ce sens, le terme en -isme désigne une doctrine au sein de laquelle
une personne se reconnaît. Mais les termes en -isme ont aussi un emploi
polémique pour caser dans une catégorie méprisante et réductrice des adversaires
que l’on cherche à ridiculiser. Ainsi, de nos jours le terme complotisme,
fait l’affaire, il a exactement cette fonction ; et on peut en fabriquer
beaucoup d’autres du même genre : obscurantisme, platisme, soucoupisme
etc. ont aussi des adeptes. En pareil cas, on est dans le flou complet, car
le mot se vide de contenu et sert seulement d’invective. Celui qui est visé par
le -isme en question le refuse.
Ceci-dit, que faire
avec le wokisme ? Y a-t-il un contenu sur lequel s’accorde des partisans
ou est-ce une catégorie polémique, un mot creux, du verbiage internet sans
signification réelle ? Est-ce le nom donné d’une tribu qui n’existe que de
manière virtuelle dont personne se revendique ? Ou, vu ses effets,
le wokisme est-il le ferment d’une guerre idéologique ?
Si c’est le cas, une guerre menée par qui et dans quelle visée destructrice ?
L’histoire nous apprend que les idéologies sont loin d’être neutres et qu’elles
peuvent être très violentes. En effet, comme nous l’avons vu dans des leçons
précédentes[1],
l’être humain agit en fonction de ses croyances. Nul n’agit sans qu’il n’y ait
en amont dans son esprit des constructions mentales qui justifient ce
qu’il fait, le meilleur comme le pire. L’idéologie n’est rien d’autre qu’un
système de croyances à portée collective. Toutes les idéologies naissent, se
développent et finissent par mourir, car aucune ne parvient à achever sa
prétention insensée à vouloir tout expliquer et à passer pour une vérité
absolue. Toute idéologie tend à être totalitaire par le seul fait que l’ego
nourrit l’attachement aux croyances, parce qu’il s’y investit à fond et les
soutient contre la réalité. Notons bien cela : une idéologie, il faut
vraiment y croire, et la croyance n’est pas la vérité.
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[1]
Serge Carfantan Six Études sur la Société, ch. XXI. Voir aussi
La Question de la Vérité, ch. III.
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© Philosophie et spiritualité, 2020, Serge Carfantan,
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