Dominique Lerez
L'attention telle qu'elle est décrite par Simone Weil est appelée dans le
bouddhisme conscience Hishyrio. La manière dont elle présente l'attention
est très proche du bouddhisme.
Bernard Dupuis
Q.
Est-il possible d'avoir une habitude de porter son attention sur un objet?
Si on veut s'en débarrasser, suffit-il de détourner son attention ou cette
habitude représente elle une attention involontaire?
R.. Mais c'est l'habitude elle-même non? Une habitude est
une attention toujours portée aux mêmes objets, dans le même mouvement
machinal de l'action. Au début, l'attention est volontaire et ensuite, comme
dit Bergson, la conscience s'en retire et cela devient automatique. Sinon,
votre question implique aussi le problème de la fixation obsessionnelle
de la pensée sur un objet. Le besoin de surveiller de mettre en ordre, par
peur du désordre (la saleté, l'eau du robinet qui ne doit pas couler, la
fenêtre qui doit rester entr'ouverte etc.) En fait ce type d'attention est
hallucinatoire et n'est pas de l'attention consciente, elle est très
largement inconsciente.
Q. Existe-t-il une attention consciente involontaire qui
ne soit pas d'ordre obsessionnel?
R. Je penserai tout d'abord au regard fixe, vous savez,
avec la torpeur qui demeure, on voit des personne, regarder un mur sans
regarder vraiment, c'est comme si l'attention était absorbée et qu'il y ait
en même temps inconscience. Notez bien que dès la personne relève la
tête et regarde vraiment, elle sort de cet espèce de black out.
Nicolas. D.
Q. Que pensez-vous du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité ?
Est-ce, pour vous, réellement un trouble neurologique, ou ne provient-il pas
de notre civilisation bruyante et agitée ?
R. L'agitation mentale de notre époque est un trouble qui se traduit par des
comportements, le trouble neurologique va avec, la neurologie
peut montrer les mécanismes qui sont en jeu.
Q. Cependant, que
pensez-vous des symptômes déjà présents en 1902 ? L'environnement était
drastiquement différent du nôtre : pas de télévision, pas d'ordinateur.
Croyez-vous encore à des facteurs extérieurs qui amènent le déficit dans ce
cas précis ?
Les recherches neuropsychologiques se penchent sur le rôle des gènes dans le
syndrome hyperactif. Les chercheurs étudient notamment la relation qu'il
peut exister entre les déficits génétiques, les troubles de l'attention et
l'hyperactivité. Il existerait en effet une prédisposition génétique à ce
syndrome d'hyperactivité. Le tiers des enfants hyperactifs commenceront à
avoir des problèmes de comportement dès leur première année de vie : ils
pleurent plus souvent et plus longtemps, ont de la difficulté à s'alimenter,
sont plus actifs et dorment moins longtemps. Je suis également l'une de ces
personnes qui combat les réductionnismes biologiques tels que l'être humain
est un cerveau, un estomac, etc. Par contre, nous ne pouvons pas fermer les
yeux sur notre dualité biologique, lorsque de nombreuses expérimentations,
stimulant électriquement certaines parties du cerveau, occasionnent des
nausées ou des hallucination auditives et visuelles. De même qu'une
génétique imparfaite, malheureusement, développe des encéphales imparfaits,
structure nerveuse demeurant globalement, le comment de l'être humain et non
son pourquoi, ce qui ramène à notre condition. Ainsi, ce texte superficiel
amène une autre sortie réflexive : les pathologies cognitives humaines
sont-elles des corollaires sociales ou neurologiques ? Ou un peu des deux,
selon le cas* ?
Un essai de Boris Cyrulnik,
De chair et d'âme, est un excellent premier choix, afin d'ouvrir ses
horizons, lorsqu'on entame une réflexion sur les pathologies psychologiques.
R. Je ne fais pas de
séparation. Cela forme un tout. Je ne vois pas trop ce que l'on gagne à
chercher absolument des mécanismes dans le cerveau. On en trouve pour tout
ce que l'on veut. A chaque émotion éprouvée, toute une biochimie se met en
place. Mais que fait-on concrètement? Il faut laisser le sujet inconscient
de ses dysfonctionnements et donner des pilules?
Kevin Petit
L'écoute de nos pensées entretient-elle l'ego ou nous en libère-t-elle ?
R. Elle libère
incontestablement. Attention de bien prendre cependant l'écoute dans le vif
du sujet, comme observation, ou même observation étonnée. Par contre dès que
l'on introduit du commentaire réflexif avec le cortège de jugement de
l'introspection on est reparti dans le mental au service de l'ego.
pour ajouter un commentaire, cliquer sur l'image.
Avec la participation de Dominique Lerez,
Bernard Dupuis.
Bienvenue| Cours de philosophie| Suivi des classes|
Dialogues| Liens sur la philosophie| Nos travaux| Informations E-mail : philosophie.spiritualite@gmail.com
|