Célèbre
blague russe :
« Tout ce qu’on nous a dit sur le communisme était faux, mais tout ce
qu’on nous a dit sur le capitalisme était vrai. »
Didier Levand Bonjour, D'abord laissez-moi vous dire que je trouve votre cours de philosophie très bien fait dans son ensemble. Cependant en tant qu'anarchiste et donc en personne totalement neutre (les résultats catastrophiques du capitalisme à l'échelle mondiale étant prouvables en chiffres), je me
permettrais de rectifier votre vision du mot "idéologie". En effet, si l'on prend le sens littéral du terme il s'agit de la "science de l'idéal social", et vu que nous affirmons haut et fort l'inutilité de la politique, je l'appellerais plutôt application concrète de la philosophie économique et éthique. La philosophie du droit étudie un "concept",les lois, qui ne sont là que pour protéger ceux qui les ont créées et montrent tous les jours leur incapacité à viser la "stabilité sociale". Bien à vous.
Sébastien Dousset
Merci du temps que vous nous consacrez. J'ai lu sur un site d'un de vos
collègues que Marx dénonçait deux contradictions du système capitaliste: -
au stade de la production: le travailleur est dépossédé de la plus value
dégagée par son travail. La plus value est-elle ce que vous appelez dans le
cours la valeur ajoutée?
R. Oui, c'est la même chose,
c'est une autre façon de traduire.
Sébastien Dousset
-au stade de l'échange: le travailleur devient une marchandise (bien
susceptible d'être échangé). Comment cela se fait-il?
R.
C'est l'aliénation fondamentale de l'économie marchande, elle fait de celui
qui est à l'origine de la valeur économique des objets un objets parmi
d'autre : on parle de coût du travail! Ce type d'aliénation à l'origine peut
être justement récupéré à condition que le travailleur un équivalent
raisonnable de ce qu'il produit. Mais il est clair qu'au sein du
capitalisme, l'objectivation est plus radicale, car c'est le capital qui
régule toutes les valeurs vers un souci premier, l'accroissement du profit.
Sébastien Dousset
Autre question: Quel critère pourrait nous permettre de distinguer
l'échange juste du vol ou de l'exploitation?
R. L'échange est juste quand la valeur ajoutée circule dans le
cycle de l'échange sans être soustraite et que celui qui crée de la valeur
reçoit l'intégralité de ce qu'il a produit. L'exploitation, c'est dérober la
plus grande part de la valeur ajoutée au profit des intermédiaires. Le vol,
c'est de donner des miettes au travailleur alors que les entreprises
réalisent des profits gigantesques.
Kévin Petit
Il me semble intéressant de constater que ce qui est recherché du coté du
capital (l' accroissement sans fin du profit) se décalque, du côté du
consommateur, par la volonté d'accroissement sans fin des objets. Le fait de
mettre un absolu dans l'argent d'une part, et dans les objets d'autre part
procède dans les deux cas du temps psychologique (l'attente d'un avenir
meilleur). A ceci près que ceux que nous pouvons appeler "capitalistes"
n'ont pas besoin d'être enrégimentés par la publicité pour faire de l'argent
un absolu. Dans ce sens, pourrait-on considérer, qu'en créant de faux
besoins matériels, en "embourgeoisant" la société, "les capitalistes" ne
feraient que projeter leur avidité sur "le peuple" pour la maintenir ? Cela
signifierait que ce "peuple" ne prend en fait les apparences que pour la
réalité qu'on lui décrit et que sa part de naïveté, d'inculture et d'avidité
est en grande partie liée aux incitations de médias qui préfèrent la
confusion à la vraie information et au véritable questionnement.
Cordialement.
R. Il y a en amont une seule et même
structure psychologique, l'avidité de l'avoir dans l'accroissement de
l'objet est une projection de l'ego cherchant une augmentation de sa
puissance. Pouvoir m'asseoir gonflé d'importance sur une canapé cossu, dans
un salon luxueux et penser que je suis "arrivé" ! L'absolu placé dans
l'argent veut dire: la valeur ne vaut que si elle permet une augmentation
significative, celle-ci est bien sûr comprise comme matérielle mais ce n'est
pas du tout la vérité. Plus de confort, plus de machine, plus grande maison
etc. Le pauvre est aligné sur le riche il n'aspire à qu'à une chose, avoir
plus, jusqu'à être riche. En fait tout le système suit dans cette logique:
les puissants tiennent l'argent qui permet... de tout avoir. En fait l'ego
cherche une amplification de son pouvoir et c'est la racine de l'illusion.
Car rien de ce qui est acquis ne peut offrir la plénitude du Soi, car elle
n'a aucun rapport avec l'avoir. L'illusion est de croire qu'en ayant plus
(d'argent, de possessions etc.) je serai enfin pleinement moi-même. Ce qui
est complètement faux et c'est pour cette raison que cela ne marche jamais
très longtemps. Cinq minutes après le canapé l'angoisse peut remonter: bon?
Et alors? Et après? Quoi d'autre?... Le vide existentiel a tôt fait de
relancer une course de consommation. Pour retomber dans la même illusion.
pour entrer dans la discussion, cliquer sur l'image Avec la participation de Didier Levand,
Sébastien Dousset.
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