Dialogues et commentaires sur la leçon:
Le sens de l'Histoire


Denis Lavand
Q. Suite à la lecture de votre leçon 22, je me suis posée la question suivante: comment est-ce qu'un progrès moral à lieu? et dans quelles conditions le passage s'effectue?

R. Votre question est franchement difficile si on la prend très sérieusement. D'un point de vue spéculatif, on peut suivre facilement la démonstration de Hegel, mais c'est très théorique, pratiquement, le progrès moral apparaît comment? Hegel estime que l'Histoire est en marche, qu'elle poursuit une fin qui est celle de l'Esprit se manifestant dans le monde. Cette fin conduit à la réalisation de l'État dans laquelle la liberté humaine est rendue possible. Il estime que dans cette épopée, les passions humaines finissent par se réconcilier avec la Raison. Cependant, il admet que l'Histoire est un vrai calvaire pour l'Humanité, souvent ponctué de violence. Les pages blanches sont rares dans l'Histoire. Alors, dans cette direction, la plupart des auteurs en philosophie politique estiment que le progrès se manifeste par l'accès à un système démocratique, l'idée étant que plus le monde sera gouverné démocratiquement, meilleur il sera moralement.
        Je ne suis pas convaincu que le progrès moral de l'Humanité passe par un changement de système politique. Un système, c'est comme une chemise, on en change, mais cela ne change pas l'homme qui la porte. Quand nous parlons de progrès moral, nous pensons évidemment à l'homme, pas à un système (politique ou économique). A la limite, avec des être humains idéaux, tous les systèmes seraient bons ! Non, le problème gît dans la mutation de la conscience collective depuis une condition violente et chaotique, vers une condition qui soit un état de paix et de cohérence. J'ai bien peur que la réponse ne réside qu'en chacun de nous et qu'il n'y ait pas de processus absolument nécessaire qui rende l'Humanité meilleure. L'homme a un libre arbitre et le conserve, il est capable du pire comme du meilleur. Il lui revient de choisir un monde plus heureux et plus libre en vivant individuellement de manière plus heureuse et plus libre. Seule un complète lucidité est capable de maintenir l'intégrité morale dont nous avons besoin. Il n'y a pas de "mécanisme" ici pour rendre l'homme moral. Il n'y a que la conscience pleine et entière qui le permette. Par contre, il me semble qu'une éducation qui viserait l'expansion de la conscience, qui serait éclairée et éclairante serait très utile pour créer un monde neuf. 

Gabriel Bounoure
Remarque Concernant la leçon 22 "sens de l'histoire", peux t'on dire que notre monde actuel tourne autour d'un même "esprit" celui d'un "pouvoir" mondial, comme le décrit Louis Quesnel (sens de l'histoire) et pourquoi l'homme cherche-t-il autant ce "pouvoir"?

R. Je ne connais pas votre référence et d'après ce que vous dites, je ne sais pas s'il s'agit d'une critique ou bien d'une thèse constructive. Je m'appuie sur S. Aurobindo dans L'Idéal et l'Unité humaine et Le Cycle humain qui considère que l'évolution de la conscience collective amènera une fédération mondiale des États.
 

Avec la participation de Denis Lavand et Gabriel Bounoure.


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