Patrick Veran
Q. Je m'étonne de cette prédominance du concept de réalité dans la plupart des travaux philosophiques, plus encore par l'opposition morale qui est faite par rapport à l'illusion ou au rêve. D'une part l'illusion, le rêve, sont aussi réels que le reste. Certes ce ne sont pas des choses partagées par tous mais le langage permet une mise en commun (marque de la réalité) des sensations qui en découlent (on pourrait parler de la madeleine de Proust). D'autre part une question est complètement mis de côté, la question scientifique : comment et à quelle fin rêve-t-on ? Et pour rejoindre le point de vue psychologique : qu'est-ce que l'inconscient ?
L'identité n'est pas la conscience ou la raison. L'identité est bâtie sur un mode heuristique de réaction par rapport à des situations (complexes ou réduites à des signaux) extérieures. Au début de l'article il est écrit "Se plonger dans l'illusion, c'est comme rester scotché devant un écran où tourne en boucle des divertissements." mais l'exercice de la raison, basé sur une modélisation de la réalité adaptée au point de vue de notre identité (et donc d'une "heuristique exploratrice"), n'est rien d'autre qu'une illusion. La culture, par exemple, n'est en aucune manière liée à la réalité. Pour en venir à la conclusion et à "l'insurrection radicale", je pense qu'il est bien plus courageux de considérer sa réalité comme une simple modélisation et par là-même de prendre des risques avec l'identité que l'on se construit. Ceci permet de prendre conscience, au minimum, que plusieurs point de vue peuvent exister sur un même sujet et d'aboutir, et c'est le tout début de la sagesse, à une forme de tolérance (et pourquoi pas d'ouverture d'esprit ?).
R. La question de la réalité est fondamentale et inséparable du problème de l'illusion. L'opposition entre la veille et le rêve n'est pas "morale". Elle est une modalité de la constitution que l'ego donne à la réalité. Bien sûr que le rêve est réel en tant qu'expérience, réel pour le rêveur. Là n'est pas la question. Or, implicitement, vous sous-entendez que la science nous met en face d'une "réalité", qui repose en fait sur le consensus d'expérience des sujets scientifiques. Il y a une différence entre ce consensus et l'expérience privée du rêve. D'autre part, le consensus d'expérience n'existe que dans l'état de veille et par rapport à lui. Ce qui est constamment rappelé dans les cours. La question de l'interprétation du rêve est traitée dans d'autres leçons. Elle n'a pas grand intérêt ici, car ce qui est important, c'est qu'effectivement chaque nuit se produit la bascule de la veille dans le rêve. Vous vous faites de l'identité une représentation qui est celle de la construction de l'ego. Ce n'est qu'un sous-produit de la mémoire, ce n'est pas l'identité. C'est effectivement une illusion au bout du compte. Nous n'avons pas besoin de prendre conscience que plusieurs points de vue sont possible, c'est une banalité contre laquelle nous nous heurtons tous les jours. Tolérer la différence de point de vue, c'est effectivement autre chose, car il ne s'agit pas simplement de s'aligner sur le relativisme, mais en même temps de comprendre que tout affirmation n'est pas nécessairement exacte, du seul fait qu'elle provienne d'un point de vue.
Patrick Veran
Trouvé ceci sur le Net, (j'ai perdu la
référence, mais la citation est intéressante) : "Dans certains cas il est
bien plus lourd de savoir certaines choses que de les ignorer, et il est
bien plus léger parfois d'être confiant dans quelques innocentes illusions
plutôt qu'alourdi par la connaissance de vérités que l'on ne sait pas
comment intégrer dans un certain moment".
R. Oui. Question de maturité. Il y a des
écrivains comme Oscar Wilde qui avaient érigé la fuite de la réalité en
manière de vivre. Mais bon, cela ne peut pas durer. L'illusion est par
nature faite pour s'effondrer. Il faudra bien un jour s'éveiller au réel.
Nicolas Abba
Pourquoi notre vie serait-elle pas fausse ? Et pourquoi ne le saurait-on pas
? - nous ne sommes pas nous même. Peu de monde se rend compte de ce qu'on
loupe. L'Homme a, comme toutes les autres espèces, été muni de « l'instinct
de survie » pour assurer sa conservation sur Terre et ainsi se développer.
Il a été le seul à percer, à apprendre et se développer des sens que n'ont
pas les animaux. L'instinct de survie l'a donc amené à acquérir un mode se
vie différent.
R. La tendance à la conservation de soi,
c'est une tendance universelle, toute existence cherche à se perpétuer.
Spinoza appelle cela le conatus: la tendance à persévérer dans l'être. Rien
ne mal, ni de faux là-dedans. C'est naturel. Maintenant, si nous regardons
de près le monde actuel, il est évident que les gens qui en sont réduit à
seulement survivre, parce que leurs conditions de vie sont précaires, ont
une vitalité très réduite .On ne vit vraiment que lorsque l'on s'élève
au-dessus du souci oppressant de la survie dans un milieu aussi hostile que
notre monde actuel qui met effectivement une pression énorme sur les plus
faibles.
A supposé maintenant que les conditions de vie
(ce n'est pas la même chose que la vie) soient correctes, il ne s'ensuit pas
pour autant que la vie soit vraiment vécue dans sa plénitude. C'est là que
se pose le problème de l'illusion. Si nous vivons dans une fiction, y
compris si cette fiction est collective, alors il y aura une sorte de vide
existentiel. D'où l'impression que la vie - telle que nous la vivons - est
"fausse".
Nicolas Abba
A un certain stade de développement l'Homme aurait du s'en détacher
parce que c'est sans doute ça qui l'a amené à ce que nous sommes : des
aveugles ! L'Homme a de lui même inscrit se « code » dans ces gènes et c'est
sans doute sa plus grave erreur parce c'est ce qui a défini le système
hideux dans lequel nous vivons. Tout a été basé sur cet « instinct de survie
», il a décidé de notre situation aujourd'hui en agissant comme en suivant
une doctrine,tout a été étudié à partir de ce point de vue qui a ainsi tout
transformé. Ce système agit aussi individuellement sur les personnes, il
prend le contrôle de la pensée, ce qui fait qu'un personne pense peu par
elle même, elle pense en suivant cette doctrine. Résultat, cela agit aussi
sur le comportement de la personne qui produit de l'égoïsme dans la plupart
des cas. Cette prise de contrôle modifie la façon de penser mais également
notre manière de voir les choses et entraîne une perte de lucidité envers
notre manipulation qui nous empêche donc de la remarquer, on peut comparer
ceci à un système d'autodéfense. Il est assez influent et puissant pour nous
imposer un mode de vie qui nous conserve au maximum mais on vit dans
l'inconscience la plus totale ! Ce n'est pas nous qui assurons notre survie
mais cet instinct manipulateur qui assure la sienne par la création de ce
système. Notre vie est adaptée à cette doctrine et est contrôlée par cette
dernière, par conséquent : RIEN EST VRAI, il semblerait qu'on vive dans un
illusion !
R. Alors, on est donc dans la Matrice! !
Réveille toi Néo!
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Avec la participation de
Patrick Veran, Nicolas Abba.
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