Katia Bertrand Pour recevoir les NDE*, ne faut-il pas qu'il y ait des études scientifiques précises? Si on en reste aux témoignages, cela nous entraîne dans des idées de religion, d'Être suprême etc.
R. Exactement. Nous devons être très exigeants en la matière. On ne peut pas résoudre une question aussi délicate à coup de croyances "moi j'y crois, moi j'y croit pas", ce qui n'est pas philosophique. C'est une question de fait et dans cette question est impliquée, à la fois l'explication et l'interprétation. Comment rendre compte de ces expérience? Quelles en sont les incidences sur la vie de ceux qui les ont vécu? Comment resituer dans le problème de la représentation de la mort ce type d'expérience limite?
Nolwen Le Serrec Q. Le problème, c'est que dans ce cas, on est obligé de dire que toutes les histoires que l'on raconte sur les fantômes etc. ne sont pas seulement des superstitions mais ont peut-être un fond de vérité non?
R. Exact. Raison de plus pour être encore plus vigilant et de n'aborder la question qu'à partir d'études scientifiques sérieuses, avec beaucoup de précautions. Rejeter en bloc les NDE serait dogmatique. Les accepter sans réserve serait de la crédulité. C'est aussi stupide dans les deux cas. Nous maintenons une ouverture d'esprit à l'expérience et cette expérience a du sens, le tout est de l'approcher avec rigueur, avec une interrogation précise.
Nolwen Le Serrec Q. Peut-il y avoir NDE dans le cas d'un accident brutal, sans passage par le coma?
R. Ou bien la personne lors d'un accident subit un tel dommage corporel qu'elle ne peut revenir à la vie et meurt, ou bien elle est ranimée et peut-être sortie d'un processus qui aurait pu la mener à la mort si le SAMU n'avait pas été là pour la sauver. Si c'est le cas, je ne vois pas comment désigner l'état dans lequel elle est restée avant d'être réanimée sinon par le terme de coma. Disons état de mort cérébrale parfois prolongé pour certains cas. Sur la définition exacte du coma, il faudrait consulter un biologiste.
Max Arbieu Q. Peut-on adhérer à la thèse d'Epicure quand on accordé un peut d'attention aux autres points de vue examinés avant?
R. Je reconnais que pour être épicurien aujourd'hui, il faut ignorer toutes les recherches contemporaines sur la mort et s'en tenir à une vision matérialiste conséquente. C'est la position dominante chez les intellectuels pourtant. Mais même une fois considéré les recherches précédentes, la thèse d'Epicure a une vertu, car elle nous montre que même dans cette position, la peur de la mort n'est pas fondée. Son mérite est aussi d'être très économe en hypothèses : il suffit de partir de nos sensations et de refuser de voir au-delà.
Nolwen Le Serrec Pourquoi des espèces disparaissent? cf .Schopenhauer.
R. Ce que dit Schopenhauer concerne le maintient de la vie en elle-même, cela ne concerne pas les destructions qui sont le fait de la technique humaine qui fait effectivement des dégâts considérables.
Nolwen Le Serrec C'est la même chose avec les dinosaures!
R. Oui, on dit que cela est dû à une catastrophe écologique. Peut-on présupposer une sorte de volonté de la Nature de balayer la surface du globe de toute vie? S'il y a destruction périodique des espèces dans le Temps, alors la thèse de Schopenhauer est insuffisante, car il faudrait y inclure (cf .la théorie cyclique du Temps en Inde), une fluctuation périodique d'apparition et de disparition de la vie.
Nolwen Le Serrec Ce que Schopenhauer évoque c'est un présent éternel.
R. Oui, c'est le rapport éternel de la Vie avec elle-même dans lequel elle se maintient.
Blanche Konrad Cette éternelle jeunesse se situe dans l'instant et dans l'espace.
R. Oui. L'espace-temps-causalité ne sont pas séparable sur le plan du relatif. La Vie maintient l'unité de la Manifestation.
Alice Verland En tout cas, si on comprend le processus naturel de la mort, on l'apprivoise mieux.
R. Schopenhauer a le mérite de situer la mort dans la processus qui l'enveloppe, processus qui lui donne effectivement un sens.
Emilie Molders Mais il est difficile d'accepter de penser que nous ne sommes qu'un moyen !
R. Oui. Ce n'est pas une consolation! Chaque individu est un maillon par lequel la chaîne de la Vie se maintient indéfiniment et si on ne voit en soi-même que le maillon, ce n'est pas très glorieux! Mais ne sommes nous que l'individu?
Blanche Konrad l y a une continuité biologique dans le corps vivant, mais est-ce seulement dans le corps vivant?
R. La continuité du corps est limitée, la continuité de l'âme est peut-être différente, tout dépend si dans son essence l'âme est oui ou non une harmonie du corps, comme le pense Epicure, ou d'avantage.
Emilie Molders Parler de la vieillesse comme d'une maladie me semble très paradoxal. Cela donne raison au refus de la mort et à son angoisse.
R. Oui, c'est très juste, parce qu'à partir du moment où on dénie le caractère inéluctable de la mort, on laisse un espoir fou, de vivre encore et encore et cela conduit à refuser la mort.
C'est une question difficile, mais il me semble que le problème doit être complètement séparé, considéré à part et en lui-même. Ce qui est en cause, c'est la manière dont nous vivons qui a tendance à user excessivement l'organisme. Il semble qu'il y ait dans l'intelligence du corps des moyens extraordinaires pour s'auto-réparer et que ces moyens pourraient peut-être être renforcés. Dans l'Ayur-veda indien, il existe des préparations qui favorisent le maintient de l'intégrité. Les rasayanas. Il me semble assez intéressant de poser cette question à part, rien que pour remettre en cause l'idée que la vieillesse doivent nécessairement sombrer dans la plus totale décrépitude. Voir dans la vieillesse une maladie est une formule provocante, mais qui n'est pas totalement dénuée de sens. Il est peut-être possible d'assurer au corps, avec une vie saine, une nourriture correcte, un maintient assez élevé. Une photo m'a un jour interloqué, celle d'un hatha-yogi célèbre, Tatvulababa, il avait 90 ans, mais son corps en paraissait 40. Il avait une hygiène de vie très soignée. Cela me paraît intéressant à souligner. Cela nous fait sortir de la seule considération de la mort, pour envisager le concept d'intelligence du corps.
Jean Vladimir Therémez C'est formidable ! Tous ceux qui sont revenus de l'Au-delà sont sans exception catégoriques : l'Au-delà c'est l'exacte antithèse de l'immonde enfer des Êtres Vivants où nous sommes. Il ne nous reste donc plus que de devenir enfin Adultes.
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Avec la participation d'Émilie Molders, et de Blanche Konrad, d'Alice Verland, de Nolwen Le Serrec, Max Arbieu, Katia Bertrand. * Near Death Experience, expérience de mort imminente.
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