La méthode d'explication de texte

Comme pour la dissertation, il vaut mieux partir du modèle, le lire en regard du texte (de Kant sur l'histoire) et de voir comment la copie procède, comment elle est structurée. Ensuite, on essaiera de faire aussi bien, de se rapprocher d'un bon commentaire. Penser à la différence entre les deux exercices. Ne pas mélanger la dissertation et le commentaire . 

I Préparation

1. Première lecture

Prendre connaissance du texte sans rien souligner. Ne chercher qu’à voir de quoi il parle, afin de situer quels sont les thèmes qu’il met en jeu. Nous devrions reconnaître des problèmes posés en cours et des notions qui ont été étudiées.

2. Seconde lecture

Souligner les mots importants : les concepts clés du texte. Encadrer les mots de liaison (or, mais, donc, par conséquent...). Il s’agit de mettre en évidence les idées fortes du texte et la manière dont le texte est construit.

3. Troisième lecture

Prendre un peu de distance et lire le texte avec un objectif déterminé : trouver quel est la thèse centrale du texte. Que veut donc montrer l’auteur. A l’aide des mots de liaison noter comment il s’y prend. Écrire dans la marge un titre correspondant à des parties du texte (introduction avec définition de la Nature, objection sur ...).

4. Préparer au brouillon une introduction

Il s’agira en partant du texte de déterminer quel est la question à laquelle le texte répond. Nous devons découvrir quel est le problème philosophique précis, universel (donc pas celui de Kant, Descartes ou Platon) qui est soulevé par le texte.

5. Pour ce qui est de la structure de l’introduction, voir la méthode de dissertation. C’est la même méthode à deux différences près : 1) la question posée vers laquelle converge l’introduction est celle que nous avons trouvé en travaillant sur le texte (Sur un texte de Hobbes on pourrait trouver par exemple : quel est la fonction principale de l’État ? Est-ce de garantir la sécurité du citoyen ?). 2) Au lieu de faire suivre cette question par une analyse du problème, on écrit une formule comme " dans ce texte Hobbes montre que... ". Il est bon de terminer par une interrogation sur le problème.

L'essentiel de l'introduction ne consiste pas à donner un plan (cela n'intéresse pas beaucoup le correcteur), mais surtout à poser le problème du texte, à l'identifier, à déterminer son enjeu. Le plan peut venir ensuite (on ne pas venir, ce qui est encore mieux, cela donne plus de suspens puisqu'on va le découvrir en lisant la copie.

4. Sur une feuille à part, noter les uns au dessus des autres les expressions importantes relevées dans le texte.

II   Préparation du plan

     5. Comme nous suivrons de manière linéaire le texte, le plan est vite déterminé : il y aura autant de parties que nous en avons découvert dans le texte.

     6. Sur la feuille ajouter tous les éléments qui seront utiles à l’explication du texte. Là j vais ajouter tel exemple, là je ferai la différence entre ... Pensez que pour le correcteur ce que vous ajoutez au texte pour l'expliquer est très important. Si vous ne faites que délayer le texte, ce sera de la paraphrase. Toutes vos connaissances utiles à l'explication du texte sont donc bienvenue.

     7. Pour la partie qui suit l'explication (que nous appelons ici le commentaire), il est bon de faire comme si on se préparait un rédiger une petite dissertation à partir du texte.

     La différence, c'est que l'on commencera cette seconde partie par une formule rituelle du genre : l'intérêt philosophique de ce texte est de montrer que…

     La proportion correcte du développement sera 2/3 d'explication, 1/3 de commentaire et pas l'inverse, sinon le correcteur vous dira : "vous avez choisi le commentaire et ne fait, vous rendez une dissertation".

     Une fois exposé ce qui constitue pour vous l'essentiel de ce que le texte nous apporte, il faut enchaîner sur une discussion du problème du texte, mais d'un point de vue qui n'est plus celui de l'auteur : c'est vous qui prenez la plume pour discuter le problème.

     Construire cette partie comme une petite dissertation avec vos connaissances.

    Il y a deux possibilités, soit vous êtes d'accord avec l'auteur, auquel cas le commentaire servira à prolonger l'explication précédente. Soit vous n'êtes pas d'accord, et le commentaire servira à développer un complément d'argumentation. Soyez mesuré, vous ne pouvez pas juger un auteur à un texte de 10 lignes.

III Rédaction

     Suivre le texte pas à pas pour expliquer chaque idée. Il s'agit de faire en sorte que l'on traduise le texte pour une personne qui l'a lu mais ne l'a pas compris.

     Le principe est donc de développer et surtout pas de résumer : on doit décortiquer le contenu du texte. Donc avec une phrase du texte, on en fait trois d'explication et surtout pas l'inverse. Le plus grave défaut d'un commentaire, c'est de n'être qu'un résumé.

     Insister sur tous les mots techniques pour les définir. Pour nous allons dans le détail, plus nous faisons effectivement du commentaire de texte.

    Se servir du concept opposé pour essayer d'expliquer. Le plus possible, faire des distinctions conceptuelles ("la joie n'est pas le plaisir, la joie…", "il ne faut pas confondre le temps psychologique et le temps objectif…" C'est ce que le correcteur va retenir de votre devoir. Si la copie commence dans le brouillard et finit dans la confusion, sans que rien n'ait été précisé, vous êtes sûr que le résultat n'est pas bon. Si vous avez établi des distinctions, mis au clair ce qui était avant mélangé, la réflexion a fait des progrès.

     Ajouter des exemples quand le texte n'en comporte pas.

    Essayer de faire des liens avec vos connaissances de cours, proposer des rapprochements prudents avec d'autres auteurs. "Ce que Descartes dit dans ce passage est très proche de ce que Bergson dit à propos de..."

     Considérer que l'on fait de la recherche sur un texte philosophique. Nous partons à la découverte des choses-mêmes, pour mieux comprendre la difficulté qui nous est proposée, le texte se présente comme un éclairage sur cette difficulté.

     Il ne faut pas prendre le texte comme "l'opinion de", dire "Kant pense que", surtout ne pas prendre de distance je-m'en-foutiste : sous entendu "lui il pense cela, moi, cela ne me concerne pas". S'impliquer dans l'explication à fond, en faisant comme si c'était moi qui avait rédigé un texte que je défend, que j'explique (pour mon petit frère). Pour expliquer, je me mets à la place de l'auteur. Ce n'est que dans le commentaire que l'on peut prendre une distance. Il faut donc s'interdire : de répéter le nom de l'auteur tout au long de l'explication, de répéter "l'auteur pense que", c'est très mauvais car cela vous pousse sur la pente consistant à faire non pas une explication, mais un résumé.

     Dans le commentaire par contre, il sera possible de reprendre une distance, c'est là que la formule "Descartes admet que" est bienvenue, si nous voulons contester tel ou tel point particulier. L'important, c'est de montrer les enjeux du texte. 

 

En conclusion, revenir sur la question initiale, la question au cœur du texte et faire le bilan de ce que l'on peut considérer comme étant la thèse de l'auteur (pour Rousseau la réponse à cette question…) puis compléter avec ce que vous apportez dans le commentaire (mais nous avons vu que …).

Ne pas s'obliger absolument à faire une "ouverture", il est possible de finir net et précis. L'essentiel, c 'est de donner à la fin du devoir une certaine élévation, de finir en beauté (c'est la dernière impression que l'on donne à son correcteur).

Tout relire pour éliminer les traces des effaceurs et corriger les fautes d'orthographe et de grammaire.

Voyez les qualités et défauts d'un commentaire.

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