Textes philosophiquesYvan Amar Se confronter aux grands penseurs« On reconnaît un grand penseur à la qualité poétique de sa pensée. C’est une rigueur. Une rigueur poétique. La pensée d’un grand penseur ne cherche pas à emprisonner ce qu’il dit.Elle est au service de la conscience libre dont il témoigne. Le cœur même de son témoignage est cette liberté. C’est donc cette liberté que l’on ressenti dans la pensée et dans le rigueur de sa pensée structurée. Si bien qu’à aucun moment un tel penseur ne transmet dans sa pensée un objet de pensée. Il transmet plutôt une façon, un art de penser. De même qu’un grand peintre ne transmet pas un tableau, mais l’art de peindre, l’acte pur, de la peinture, parallèlement, un grand penseur centré dans cette liberté ne transmet pas un objet pensé, une pensée que l’on peut apprendre, mais l’art de la pensée infinie, l’art de la pensée libre. Quand je vous propose la pensée comme voie et la rigueur nécessaire à une telle pensée, l’ordre qui va présider à la naissance de cette pensée prend sa source dans al liberté, et beaucoup plus dans un acte infini de penser que dans un objet que l’on pourrait appeler « la pensée de Untel ». Une telle pensée, non aliénée, non enfermante, ne repose profondément sur aucune croyance. Elle ne défend aucun système et personne n’en est propriétaire. Fréquenter une pensée qui n’est plus un objet, mais qui est un acte libre de la conscience dans le monde de la pensée, oblige peu à peu : A prendre conscience de sa propre mécanicité, de sa propre dépendance à la croyance ; à prendre conscience qu’il existe autre chose dans le monde de la pensée que des objets successifs appelés « pensées ». La pensée comme voie d’éveil, p. 98-99. Ed. du Relié.
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