Textes philosophiques

Aristote   la douceur juste milieu entre la colère et l'apathie


       « La douceur de caractère (praotès) constitue la juste mesure (mésotès) en ce qui concerne les sentiments de colère. Ce milieu n’a pas reçu de nom, non plus que les état extrêmes ; nous donnons donc ce nom de douceur à l’attitude moyenne qui tend d’ailleurs plutôt vers le défaut, lequel n’a pas de nom spécial. L’excès ici pourrait porter le nom d’irascibilité (orgilotès), car la passion qui en résulte est la colère, dont les causes sont aussi nombreuses que diverses. L’homme qui se met en colère pour des motifs valables et contre qui le mérite, ajoutons encore au moment et durant le temps voulus, obtient notre approbation. Cet homme pourra être appelé doux de caractère, puisque la douceur de caractère est louable : l’homme doux veut, en effet, se garder des troubles de l’âme et se refuse à être le jouet de la passion, il obéit aux ordres de la raison et, dans la mesure que veut la raison, il se permet la colère dans les circonstances et durant le temps que cette raison approuve. Cette douceur paraît incliner plutôt vers le défaut que vers l’excès, car elle pousse l’homme au pardon plus qu’à la vengeance. »

Aristote, Éthique à Nicomaque, IV, 11

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