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Textes philosophiquesSaint Augustin Les idées mathématiques ne viennent pas des sensLa mémoire contient aussi les rapports, les lois innombrables des nombres et de l’étendue. Nulle de ces idées n’a été gravée en nous par les sens corporels, car elles ne sont ni colorées, ni sonores, ni odorantes, ni rapides, ni tangibles. J’entends, lorsqu’on en parle, le son des mots qui les expriment ; mais le son des mots, c’est une chose, les idées qu’ils signifient, c’en est une autre. Les mots sonnent différemment, selon qu’ils sont grecs ou latins ; les idées ne sont ni grecques ni latines, ni particulières à quelque autre langue. J’ai vu des lignes tracées par des artisans, aussi minces qu’un fil d’araignée. Mais les lignes géométriques ne sont point l’image de celles que mon œil de chair m’a révélées. Pour les connaître, il n’est nul besoin de penser à un corps quelconque, c’est dans son esprit qu’on les reconnaît. Je connais par l’usage de tous les sens corporels les nombres nombrés ; mais bien différents sont les nombres nombrants ; ils ne sont pas l’image de premiers, et c’est ce qui explique leur existence absolue. Qu’il me raille de ces propos, celui qui ne conçoit pas de tels nombres. Moi je le plaindrais de sa raillerie. Les Confessions, livre X, G.F. p. 215. Indications de lecture
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