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Textes philosophiquesJean-Claude Guillebaud critique de la main invisibleLa main invisible du marché deviendra le "dieu caché" régulant la société pour le plus grand profit de ses membres…en voulant mettre l'égoïsme de chacun au service de tous, elle en vient à légitimer celui-ci… Elle érige un "mal" en principe organisateur et fait ipso facto l'éloge d'un égoïsme qu'il lui faudra, tout à la fois, combattre. Comment, dès lors, ne pas voir ce qui crève les yeux: le malaise qui accompagne cette fin de siècle se nourrit du pressentiment qu'une absurdité, quelque part, est à l'œuvre? A-t-on jamais connu, dans l'Histoire, une civilisation dont le "vice" serait le fondement principal?… Dans une démocratie de marché intégrale, le "vice" de la cupidité devra être tout à la fois célébré pour son efficacité productive et combattu pour sa dangerosité sociale. La Refondation du Monde, Seuil, p. 60 sq.
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