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Textes philosophiquesMichel Henry La maladie de la vie« Vouloir éliminer la vie, quand ce projet prend naissance dans la vie elle-même, procède toujours d'un secret mécontentement - un mécontentement qui est le fait de la vie, dans la mesure où c'est elle qui veut cette élimination, un mécontentement à son endroit, dans la mesure où ce qu'elle veut éliminer, c'est elle-même. Nous avons donné la théorie de ce mécontentement en tant que mécontentement de soi: il est le vouloir de la souffrance de se défaire de soi. Se défaire de soi, se nier soi-même, c'est là toutefois ce que ni la souffrance ni la vie en général ne peuvent faire, n'étant chacune rien d'autre qu'un s'éprouver soi-même en chaque point de son être et ainsi, comme effectuation phénoménologique de l'auto-affection dans le Souffrir primitif, comme passivité radicale et insurmontable de la vie à l'égard de soi et comme son essence, que le lien absolu du pathos, le lien qui ne peut-être délié. Vouloir briser ce lien, c'est en quelque sorte accroître son infrangibilité: l'éprouver plus fortement. Sa faiblesse de la vie consiste dans sa volonté de se fuir soi-même - et c'est là une tentation permanente - mais la vraie faiblesse, ce qui fait d'elle la faiblesse, c'est l'impossibilité où elle se trouve de mener à bien ce projet, I'échec insurmontable auquel se heurte dans la vie son vouloir se défaire de soi. L'impossibilité de rompre le lien qui lie la vie à elle-même, c'est-à-dire aussi bien d'échapper à sa souffrance, redouble celle-ci, exaspère la volonté de lui échapper et, du même coup, en retour, le sentiment de son impuissance, le sentiment du Soi comme impossibilité principielle d'échapper à Soi, lequel sentiment culmine finalement et se résout dans l'angoisse.". La Généalogie de la psychanalyse,
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