David Hume

Textes philosophiques

David Hume l'état de nature comme fiction ou mythe

« Cet état de nature doit être regardé comme une pure fiction, qui n’est pas différente de celle de l’âge d’or, inventée par les poètes, sinon qu’on décrit le premier comme rempli de guerre, de violence et d’injustice, tandis qu’on nous représente le second comme l’état le plus charmant et le plus paisible qui puisse être imaginé. En ce premier âge de la nature, le saisons étaient si tempérées, à en croire les poètes, que les hommes n’avaient aucune nécessité de se procurer des vêtements et des logement pour se protéger de la violence du froid et de la chaleur. Les rivières étaient de vin et de lait, les chênes donnaient du miel et la nature offrait spontanément ses produits les plus savoureux. Ce n’étaient pas les principaux avantages de cet âge heureux. Non seulement les orages et les tempêtes étaient absents de la nature, mais ces autres tempêtes plus furieuses qui causent aujourd’hui tant de tumulte et engendrent tant de confusion étaient inconnues du cœur humain. On n’entendait jamais parler de l’avarice, de l’ambition, de la cruauté, de l’égoïsme ; l’affection cordiale, la compassion, al sympathie étaient les seuls sentiments alors connus de l’esprit. Même la distinction du mien et du tien étaient bannie du sein de cette heureuse race de mortels, emportant avec elle les notions même de propriétés et d’obligation, de justice et d’injustice…

Bien que j’affirme qu’en cet état de nature ou en cet état imaginaire qui a précédé la société il n’y ait ni justice ni injustice, je n’affirme pas pour autant qu’il y était admis de violer la propriété d’autrui. Je soutiens seulement qu’une chose comme la propriété n’existait pas et, par conséquent, qu’il ne pouvait rien y avoir qui soit tel que la justice ou l’injustice ».

Traité de la nature humaines, III, II, II, G.F., p. 94-95 et 103.

Indications de lecture:

Comparer avec Rousseau qui concède l'argument en un sens. il a rendu viste à Hume à Londres. Mais Rousseau maintient la dimension métaphysique.

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