Textes philosophiquesHusserl le corps propre centre de référence sur l'espace"Si nous considérons la manière dont le corps propre et dont les choses se présentent, nous trouvons l'état de choses suivant : tout ego a son domaine de perceptions chosique et il perçoit nécessairement les choses dans une certaine orientation. Les choses apparaissent et elles le font sous telle ou telle face et dans ce mode d'apparition est inclus, sans qu'on puisse jamais l'abolir, le rapport avec un « ici » et ses directions fondamentales. Tout être spatial apparaît nécessairement de telle manière qu'il apparaît près ou loin, en haut ou en bas, à droite ou à gauche. Il en est ainsi en ce qui concerne tous les points de la corporeité apparaissante, qui dès lors ont, en relation les uns avec les autres, leurs différences du point de vue de cette proximité, de ce haut et de ce bas, etc. en tant que ce sont là des qualités d'apparition d'un type propre et qui comportent des degrés comme c'est le cas pour des dimensions. Le corps propre possède alors, pour l'ego qui lui appartient, ce trait distinctif, unique en son genre, qu'il porte en soi le point zéro de toutes ces orientations. L'un des points de l'espace qui lui appartiennent, fût-ce même un point qui n'est pas effectivement vu, est constamment caractérisé sur le mode de l »ici » central ultime, à savoir d’un ici qui n’en a aucun autre en dehors de soi par rapport auquel il serait un « là-bas ». De la sorte, toutes les choses du monde environnant possèdent leur orientation par rapport au corps propre, tout comme en effet toutes les expressions de l'orientation commandent un tel rapport. « Loin» veut dire loin de moi, loin de mon corps, « à droite » renvoie au côté droit de mon corps, par exemple ma main droite, etc. Grâce à sa faculté de libre mobilité, le sujet peut dès lors déclencher le système de ses apparitions et, du même coup, déclencher le flux des orientations. De tels changements ne signifient pas ici des changements affectant les choses environnantes elles-mêmes, et en particulier ne signifient pas que celles-ci se meuvent : c’est le corps du sujet qui « change de place » dans l’espace… Tandis que le sujet est toujours pour chaque maintenant au centre, dans l’ici, d’où il voit toutes choses et pénètre le monde de la vue et par conséquent de son corps dans l’espace, est une place qui change » Recherches phénoménologiques pour la constitution, p. 223-224.
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