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Textes philosophiquesGabriel Marcel Problème et mystère« La pensée métaphysique comme réflexion braquée sur un mystère. Mais il est de l’essence d’un mystère d’être reconnu ; la réflexion métaphysique suppose cette reconnaissance qui n’est pas de son ressort. Distinction du mystérieux et du problématique. Le problème est quelque chose qu’on rencontre, qui barre la route. Il est tout entier devant moi. Au contraire le mystère est quelque chose où je me trouve engagé, dont l’essence est par conséquent de n’être pas tout entier devant moi. C’est comme si dans cette zone la distinction de l’en moi et du devant perdait sa signification. Le naturel : la zone du naturel coïncide avec celle du problématique. Tentation de convertir le mystère en problème. Coïncidente du mystérieux et d e l’ontologique. Il y a un mystère de la connaissance qui est l’ordre ontologique… De la définition de la pensée métaphysique comme réflexion braquée sur un mystère, il suit qu’un progrès de cette pensée n’est pas réellement concevable. Il n’y a de progrès que dans la problématique. D’autre par le propre des problèmes est de se détailler. Le mystère est au contraire ce qui ne se détaille pas»… Un problème authentique est justiciable d’une certaine technique appropriée en fonction de laquelle il se définit, un mystère transcende par définition toute technique concevable… Par le fait même qu’il est de l’essence du mystère d’être reconnu ou à reconnaître, il peut aussi être méconnu et activement nié ; il se réduit alors à quelque chose dont « j’ai entendu parler », mais que je récuse comme n’étant que pour d’autre, et cela en vertu d’une illusion dont ces autres sont dupes, illusion que je prétends quant à moi avoir percée à jour. Toute confusion entre le mystère et l’inconnaissable doit être soigneusement évitée : l’inconnaissable n’est qu’une limite du problématique qui ne peut actualisée sans contradiction. La reconnaissance du mystère est au contraire un acte essentiellement positif de l’esprit, l’acte positif par excellence. Journal métaphysique, p. 124-126. 146-147. Indications de lecture:
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