|
Textes philosophiquesEdgar Morin notre Patrie, la Terre"La Terre est devenue notre patrie. Et l'enracinement de cette conscience, loin de nier les patries singulières, les englobe seule permettra le minimum de reliance, de solidarité, de fraternité nécessaire pour promouvoir une anthropolitique. Aujourd'hui, la prise de conscience de la communauté de destin terrestre et notre identité terrienne rejoint la prise de conscience des problèmes globaux et fondamentaux qui se posent à toute l'humanité. Réintroduire l'humain dans al planète, c'est le réintroduire aussi dans la vie dont il est issu, dont il fait partie, que le nourrit, et c'est le réintroduire dans sa destinée concrète, inséparable de la biosphère - étant donné la relation d'autonomie/dépendance homme/nature. C'est intégrer la conscience écologique dans la politique et cela d'autant plus vitalement que l'écocide serait suicide. C'est effectivement rétablir l'alliance des antiques civilisation avec la nature - personnifiée dans des dieux, des esprits et des génies - mais sur un mode nouveau: celui du double pilotage de la planète par les force éco-organisatrice inconsciente de la vie et par les force organisatrice consciente de l'être humain. La Terre est notre réalité objective et notre patrie subjective. Nous avons objectivé la terre sur nos écrans de télévision. Nous la voyons, objet céleste, bleue comme une orange. C'est la rationalité même qui nous amène à la Terre: les deux trous de l'ozone qui se sont formés dans l'Artique et l'Antarctique, l'effet de serre provoqué par l'accroissement du C02 dans l'atmosphère, les déforestations massives des grandes sylves tropicales, productrice de notre oxygène commun, la stérilisation des océan, mer et fleuves nourriciers, les pollutions sans nombre, les catastrophes sans frontière, tout cela nous montre que la patrie est en danger. Et l'affectivité nous y enracine: c'est notre seule maison, le seul lieu vivable et aimable dans le cosmos, notre matrie et notre patrie.". Une Politique de Civilisation, en collaboration avec Sami Naïr, ed. Arléa, p.22-23.
|