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Textes philosophiquesEmmanuel Mounier valeur absolue de la personne humaineCe serait sortir de notre propos que vouloir donner de la personne, au début de ce chapitre, une définition a priori. (…) La personne, en effet, étant la présence même de l’homme, sa caractéristique dernière, n’est pas susceptible de définition rigoureuse. Elle n’est pas non plus objet d’une expérience spirituelle pure, détachée de tout travail de la raison et de toute donnée sensible. Elle se révèle cependant à travers une expérience décisive, proposée à la liberté de chacun, non pas l’expérience immédiate d’une substance, mais l’expérience progressive d’une vie, la vie personnelle. (…) Disons tout de suite qu’à cette exigence d’une expérience fondamentale le personnalisme ajoute une affirmation de valeur, un acte de foi : l’affirmation de la valeur absolue de la personne humaine. (…) Nous voulons dire que, telle que nous la désignons, la personne est un absolu à l’égard de toute autre réalité matérielle ou sociale, et de toute autre personne humaine. Jamais elle ne peut être considérée comme partie d’un tout : famille, classe, État, nation, humanité. Aucune autre personne, à plus forte raison aucune collectivité, aucun organisme ne peut l’utiliser légitimement comme un moyen. (…) Lorsque nous parlons de défendre la personne, on nous soupçonne ainsi volontiers de vouloir restituer le vieil individualisme. Il est donc temps de distinguer plus précisément la personne de l’individu. Cette distinction nous entraîne tout naturellement à décrire la vie personnelle de l’extérieur à l’intérieur. Nous y découvrirons cinq aspects fondamentaux. Manifeste au service du personnalisme », chapitre II.
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