|
Textes philosophiquesPlaton obéir au dieu intérieur"Admettons que vous disiez : " Nous allons t'acquitter, à une condition toutefois : c'est que tu ne passeras plus ton temps à examiner les gens ni à philosopher. Mais si on t'y reprend, tu mourras. " Je vous dirais : " Athéniens, je vous sais gré et je vous aime; mais j'obéirai au dieu plutôt qu'à vous; et tant que j'aurai un souffle de vie, tant que j'en serai capable, soyez sûrs que je ne cesserai pas de philosopher, de vous exhorter, de faire la leçon à qui de vous je rencontrerai. " Et je lui dirai comme j'ai coutume de le faire : " Quoi! Cher ami, tu es Athénien, citoyen d'une ville qui est plus grande, plus renommée qu'aucune autre pour sa science et sa puissance, et tu ne rougis pas de donner tes soins à ta fortune, pour l'accroître le plus possible, ainsi qu'à ta réputation et à tes honneurs; mais quant à ta conscience, quant à la vérité, quant à ton âme, qu'il s'agirait d'améliorer sans cesse, tu ne t'en soucies pas, tu n'y songes pas! " […] Jeune ou vieux, quel que soit celui que j'aurai rencontré, étranger ou concitoyen, c'est ainsi que j'agirai avec lui; et surtout avec vous, mes concitoyens, puisque vous me tenez de plus près par le sang. Car c'est là ce que m'ordonne le dieu, entendez-le bien; et de mon côté, je pense que jamais rien de plus avantageux n'est échu à la cité que mon zèle à exécuter cet ordre. Ma seule affaire, c'est en effet d'aller par les rues pour vous convaincre, jeunes et vieux, de ne vous préoccuper ni de votre corps ni de votre fortune aussi passionnément que de votre âme, pour la rendre aussi bonne que possible; oui, ma tâche est de vous dire que la fortune ne fait pas la grandeur d'âme, mais que de celle-ci provient la fortune et tout ce qui est avantageux, soit aux particuliers, soit à l'État. […] Là-dessus, acquittez-moi ou ne m'acquittez pas; mais tenez pour certain que je ne changerai jamais de conduite, quand je devrais mille fois m'exposer à la mort.". Théétète
|