Textes philosophiques

Berkeley    beauté de l'univers et intelligence infinie


    "N'y a-t-il rien dans les bois et les bosquets, dans les fleuves et les sources claires, qui adoucisse, qui charme, qui transporte l'âme? A la vue du vaste et profond océan, d'une énorme montagne dont la cime se perd sans les nuages, ou d'une vieille forêt ténébreuse, nos esprit ne se remplissent-ils pas d'une angoisse captivante? Les rochers et les déserts eux-mêmes ne sont-ils pas d'une sauvagerie enivrante? Quel plaisir sincère l'on éprouve à voir les beautés naturelles de la terre! Pour entretenir et renouveler notre goût pour ces beautés, le voile de la nuit n'est-il pas périodiquement tiré sur son visage, ne change-t-elle pas de parure avec les saisons? Quelle harmonie en assemble les éléments! ... Quelle délicatesse, quelle beauté, quel art dans les organismes animaux et végétaux! Avec quelle excellence les choses sont adaptées, aussi bien à leur fins particulière qu'à leur rôle de parties opposées du tout! Alors qu'elle s'aident et se soutiennent mutuellement, ne font-elles pas aussi ressortir, ne s'éclairent-elles pas les unes les autres?

     Elevez maintenant vos pensées de ce globe terrestre jusqu'à ces astres glorieux qui ornent la voûte élevée des cieux. Le mouvement et la place des planète ne sont-ils pas admirablement établis pour leur destination et leur ordre? Ces planètes qu'on appelle à tort erratiques, les vit-on jamais dévier dans leurs courses répétées à travers le vide sans que pourtant leurs routes soient marquées? Ne décrivent-elles pas autour du soleil des aires propositionnelles aux temps? Telle est la fixité, l'immutabilité des lois par lesquelles l'Auteur invisible de la nature anime l'univers. Combien vive et éclatante est la splendeur des étoiles fixes! Combien magnifique et combien riche cette négligente profusion avec laquelle elles paraissent semées par tout la voûte azurée! Cependant, si vous usez du télescope, celui-ci livre à votre vue une nouvelle multitude d'étoiles qui échappent à l'oeil nu. D'ici elles paraissent serrées et petites, un regard plus proche voit d'immense orbes de lumières à diverses distances, qui se perdent au loin dans les abîmes de l'espace. Maintenant, c'est l'imagination que vous devez appeler à l'aide. Les sens faibles et bornés ne peuvent discerner les mondes innombrables qui tournent autour de leurs centres ignés; dans ces mondes l'énergie d'une Intelligence toute-parfaite se déploie à l'infini sous des formes diverses. Ni les sens, ni l'imagination ne sont assez amples pour embrasser l'étendue illimitée et son contenu scintillant. Même si l'intelligence, dans son effort, active et tend tous ses pouvoirs jusqu'à l'extrême limite, il reste encore hors de son étreinte un surplus sans mesure. Pourtant tous les vastes corps qui composent cette puissante construction, quelque distants et reculés qu'ils soient, sont enchaînés dans une mutuelle dépendance et dans une union mutuelle par quelque mécanisme caché, par une force et un art divins; même avec cette Terre, qui avait presque glissé hors de ma pensée qui se perdait dans cette multitude de mondes. L'ensemble du système n'est-il pas immense, beau, glorieux au delà de toute expression et de toute pensée! "

Trois dialogues entre Hylas et Philonous, Aubier-Montaigne, p. 95-97.

A, B, C, D, E, F, G, H, I, J, K, L, M, N, O, P, Q, R, S, T, U, V, W, X, Y, Z.


Bienvenue| Cours de philosophie| Suivi des classes| Textes philosophiques| Liens sur la philosophie| Nos travaux| Informations
 
philosophie.spiritualite@gmail.com