Textes philosophiquesBerkeley toute existence est relative à l'esprit"Vous avez certes dit que la réalité des choses sensibles consistait dans une existence absolue hors de l'intelligence des esprits, et distincte de leur perception. Comme corollaire de cette opinion sur la réalité, vous êtes obligé de refuser aux choses sensibles toute existence réelle: c'est-à-dire, selon votre propre définition, vous vous avouez sceptique. Mais je n'ai jamais dit ni pensé que la réalité des choses sensibles doivent se définir de cette manière. Pour moi, il est évident, pour les raisons que vous admettez, que les choses sensibles ne peuvent exister autrement que dans une intelligence ou un esprit. J'en conclus, non pas qu'elle n'ont pas d'existence réelle, mais que, puisque je vois qu'elles ne dépendent pas de ma pensée et qu'elles ont une existence distincte de la perception que j'en ai, il doit y avoir quelque autre intelligence où elles existent. Donc aussi certainement que le monde sensible existe réellement, aussi certainement il y a un Esprit infini partout présent que le contient et le supporte...On croit couramment que toutes les choses sont connues et perçues par Dieu, parce qu'on croit à l'existence de Dieu; alors que moi au contraire je conclus immédiatement et nécessaire l'existence de Dieu de ce que toutes les choses sensibles doivent être perçues par Lui." Trois dialogues entre Hylas et Philonous, Aubier-Montaigne, p. 99.
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