Textes philosophiques

Henri Frédéric Amiel     comment la pensée vient s'interposer entre la conscience et le réel


     "La multitude des possibles m'intercepte toujours la réalité et m'en sépare; les fruits de Tantale viennent toujours se mettre entre ma bouche  et la pomme qui est sous ma main. L'irrésolution indéfinie est bien la forme de mon être, qui ne voulant que le mieux, traverse le bien sans s'y arrêter. L'évidence subjective, la conscience et l'intuition de ce qui me convient me manque tout à fait; j'ai peur, instinctivement peur d'être satisfait, content, fixé, heureux. J'ai la malédiction d'Ahasvérus pour loi intérieure : Marche! marche! San trêve, sans repos, et, ce qui pis est, sans but. Je ne sais pas où je vais, ni ce que je veux, ni ce qu'il me faut, ou plutôt j'ai la terreur de mon mal, je me détourne de ma souffrance, j'ai le sentiment de besoins insatiables que j'aime mieux ignorer, et encore j'ai honte de ne pas être content, ou honte de me contenter à trop peu de frais.

Journal intime lundi 27 octobre  1856.

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