Textes philosophiques

Henri Frédéric Amiel     Tentation nihiliste


     "Tout devient pour moi fumée, ombre, illusion, vapeur; même ma propre vie. Je tiens si peu à tous les phénomènes, qu'ils finissent par passer sur moi comme des lueurs et s'en vont sans laisser d'empreintes. Avec un moi de réclusion et de concentration, je serais à volonté fou, visionnaire, halluciné, extatique. LA pensée remplace l'opium et le haschich; elle peut enivrer tout éveillé et diaphanéiser les montagnes et tout ce qui existe. C'est par l'amour seul qu'on se cramponne à la réalité, qu'on rentre dans son moi, qu'on redevient volonté, force, individualité. L'amour pourrait tout faire de moi, même s'il le voulait, un génie. Par moi-même et pour moi-même, je préfère n'être rien:

     Car le néant peut seul bien cacher l'infini.

     Le nihilisme quiétiste, le bouddhisme rêveur, l'universalité recueillie et immobile, l'omniscience ponctualisée, le coma vigil de l'esprit: c'est à peut près l'état où j'arriver par cette voie".

Journal intime lundi 27 octobre  1856.

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