Textes philosophiquesShri Aurobindo le mental intellectuel et l'expérience spirituelleJe poserai une simple question à ceux qui voudraient faire du mental intellectuel la mesure et le juge de l'expérience spirituelle. Le Divin est-il quelque chose de plus grand ou de plus petit que le mental? La conscience mentale avec son investigation tâtonnante, son argutie sans fin, son doute insatiable, sa logique rigide, sans souplesse, est-elle quelque chose de supérieur ou même d'égal à la Conscience divine, ou est-ce quelque chose d'inférieur par son action et sa condition? Si elle est plus grande, alors il n'y a pas de raison de chercher le Divin. Si elle est égale, alors l'expérience spirituelle est tout à fait superflue. Mais si elle est inférieure, comment peut-elle défier, juger, faire comparaître le Divin comme un accusé ou un témoin devant son tribunal, le sommer de se présenter comme un candidat à un examen devant un jury d'examinateurs ou l'épingler comme un insecte sous le regard du microscope? L'animal vital peut-il tenir pour infaillible la mesure de ses instincts vitaux, de ses associations d'idées et de ses impulsions vitales, et par cela juger, interpréter et sonder le mental de l'homme? Il ne le peut, parce que le mental de l'homme est un pouvoir plus grand travaillant d'une façon plus vaste, plus complexe, que la conscience vitale animale ne peut pas suivre. Est-il si difficile de voir que, de la même manière, la Conscience divine doit être quelque chose d'infiniment plus vaste, plus complexe que le mental humain, pleine de pouvoirs plus grands, de lumières plus grandes, se mouvant d'une manière que le simple mental ne peut juger, interpréter ou sonder par la mesure de sa raison faillible et de sa demi-connaissance limitée? Le simple fait demeure, que l'Esprit et le Mental ne sont pas la même chose et que c'est dans la conscience spirituelle que le yogi doit entrer (dans tout cela je ne parle pas du tout du supramental). Lettres sur le Yoga, Buchet-Chastel, vol I, p.199. Indications de lecture:
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