Textes philosophiquesRalph Waldo Emerson le philosophe et le poèteTandis que le poète peuple ainsi la nature de ses propres pensées, il ne diffère du philosophe que dans la mesure où la fin principale qu'il se propose est la beauté, tandis que celle du philosophe est la vérité. Mais le philosophe, non moins que le poète, soumet l'ordre apparent des choses et leurs relations à l'empire de la pensée. "Le problème de la philosophie", selon Platon, "est de trouver, pour tout ce qui existe de manière contingente, un fondement non contingent et absolu." Cela procède de la foi dans le fait que tout phénomène est déterminé par une loi, laquelle une fois connue permet de prévoir le phénomène. Cette loi, dans le cadre de l'esprit humain, s'appelle une idée. Sa beauté est infinie. Le vrai philosophe et le vrai poète ne font qu'un, et la beauté, qui est vérité, et la vérité, qui est beauté, sont le but qu'ils partagent en commun. Le charme d'une définition de Platon ou d'Aristote n'est-il pas tout à fait semblable à celui de l'Antigone de Sophocle? Dans les deux cas, une vie spirituelle a été insufflée à la nature, la masse apparemment solide de la matière a été envahie et dissoute par une pensée, le faible être humain a pénétré les vastes masses de la nature de son âme ordonnatrice et s'est reconnu dans leur harmonie, c'est-à-dire en a saisi les lois. La Nature, Allia édition, p. 66-67.
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