Textes philosophiquesMichel Henry l'obscurité ontologique du sentiment« La révélation qui trouve dans l’affectivité sa présentation effective est une révélation cachée. La phénoménalité qui la constitue et dans laquelle elle se résout tout entière, tout entière étrangère à la lumière du monde, n’est pas autre chose que le s’éprouver-soi-même de l’être qui s’éprouve lui-même et demeure en soi et, dans le secret de ce demeurer-en-soi-même, fait l’expérience de soi, n’est pas autre chose que l’intériorité du sentiment et de la vie, que l’affectivité elle-même comme telle. Personne n’a jamais vu un sentiment, un sentiment n’a jamais rien fait voir. Pourtant, quand rien n’est vu et quand le pouvoir qui nous fait voir les choses fait également défaut, dans la nuit sans partage et sans degré que laisse en se retirant la lumière du monde, dans l’invisible, le sentiment est là tout entier, qui grandit et se nourrit de son obscurité. L’obscurité de l’invisible ouvre la dimension ontologique où le sentiment trouve son existence originelle, elle est le lieu où il déploie son être et s’épanouit, le milieu où il fructifie, où il est possible. L’affectivité est l’essence intérieure qui ne s’étale pas dans le lumière mais reste en soi et se retient tout entière en elle-même, hors du monde. La pudeur est un sentiment particulier mais aussi l’essence ce de tous les sentiments et leur possibilité ».L’Essence de la Manifestation, II, PUF; p. 679-680.
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