Textes philosophiques

A. Jacquard   Un concept flou: les races humaines


    Dès que l'on observe un ensemble aussi complexe que l'ensemble des hommes, on ressent la nécessité de réaliser des classifications, des regroupements, en affectant à une même catégorie les individus paraissant les plus semblables. Pour que ce classement ait un sens biologique il faut naturellement que les caractères permettant d'apprécier les ressemblances soient héréditaires et qu'ils présentent une certaine stabilité d'une génération à l'autre.

     Les premières tentatives de classification ne pouvaient reposer que sur les données fournies directement par l'observation: les formes et les couleurs des individus; ces classifications pouvaient être subtiles, tenir compte de paramètres complexes, mais par construction, elles ne pouvaient concerner que l' "univers des phénotypes". Ainsi les taxonomistes ont-ils pu définir diverses "races" en fonction de la couleur de la peau (noirs, blancs ou jaunes), de la texture des cheveux (crépus ou lisses), du rapport de la largeur de la tête à sa longueur (dolichocéphales ou brachycéphales), etc. Selon les caractères étudiés, les classes ou "races" ainsi définies pouvaient être variables et les polémiques étaient vives entre ceux qui, comme H. Vallois, décelaient 4 races principales et 25 races secondaires et ceux qui en comptaient 20, ou 29, ou 40...

     Les découvertes de la génétique ont permis de préciser enfin la problématique, en apportant la possibilité de donner un contenu plus objectif au concept de race: une race est un ensemble d'individus ayant en commun une part importante de leur patrimoine génétique. Il s'agit cette fois de caractéristiques intrinsèques des divers groupes humains, indépendantes de leurs conditions de vie; la classification concerne l' "univers des génotypes". On peut donc espérer aboutir à des résultats clairs, entraînant l'adhésion générale.

     Malheureusement, le comportement des scientifiques en ce domaine a été celui, dénoncé par l'Écriture, consistant à "mettre du vin nouveau dans de vieilles outre", c'est-à-dire à interpréter des observations nouvelles à l'aide de vieux concepts; malgré des progrès remarquables de la connaissance, la confusion des esprits n'a fait que croître; les biologistes qui ont eu le courage d'aller contre les idées reçues J. Hiernaux), J. Ruffié) ou A. Langaney par exemple, récemment en France, n'ont pas bénéficié d'une audience suffisante; l'opinion reste marquée par des théories, totalement dépassées, mais qui gardent l'autorité des vieux mythes.

Eloge de la différence

Indications de lecture:

  Voir textes d'Axel Kahn.

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