Textes philosophiques

Jean Klein   la liberté et le silence du mental


Qu'est-ce qui nous fait sortir de cette paix ?

    C'est un réflexe.  Jusqu'à maintenant, vous avez conscience de vous-même uniquement dans la perception, dans votre relation avec les événements et les sentiments.  Tant que vous ne savez pas ce qu'est réellement le silence, vous ne vous sentez pas en sécurité dans cet arrêt où ne se trouve pas de place pour l'ego.  Celui-ci existe en rapport avec une situation et est toujours poussé à s'approprier quelque chose.  Mais si vous êtes conscient qu'il est indispensable de lâcher prise, si vous ne voulez plus imaginer tout le temps, vous laisserez les choses venir naturellement à vous et vous serez libre.  Évidemment, à ce moment-là, le « vous » a disparu, il reste uniquement la liberté.

Êtes-vous libre parce que vous ne faites plus attention aux mouvements de l'esprit ?

   Étant pleinement un avec la vie, attraction et répulsion s'effacent.  Tout ce qui est expression, extension de celle-ci va son chemin, mais sans réaction, sans concentration, sans tension, qui se manifestent seulement à l'instant où l'ego s'interpose et contrôle.  Vous vivez réellement dans le moment, hors du mouvement du devenir, tout est accompli dans l'instant, vous êtes vide de passé, de mémoire. Quand vous êtes entré dans la pièce, vous vous êtes assis et vous avez ôté votre veste.  Où était votre esprit quand vous avez ôté votre veste ? Voyez seulement l'acte, l'acte d'ôter sa veste, sans agent qui se soit interposé.  En réalité, il n'y a jamais d'agent, c'est une surimposition, une forme de mémoire qui apparaît après l'action.  Dans l'acte lui-même, seule existe l'unité.  Vous pouvez croire qu'il est possible d'agir et de penser « j'agis » en agissant, mais les deux ne se produisent pas en même temps, ainsi que je vous l'indique souvent.  Le « je » en tant qu'agent est une pensée, l'action en est une autre et ne pouvant cohabiter, leur rapide succession donne une impression de simultanéité, mais il ne peut y avoir qu'une pensée à la fois.

Voulez-vous dire que vous n'avez pas ôté votre veste en toute connaissance de cause ?

   Voyez... Je suis assis ici, mais je ne suis pas mon corps, il est objet de ma perception.  Cet objet a chaud et c'est cette sensation de chaleur qui ôte la veste, un acte tout à fait spontané, mais personne n'agit.  Que j'aie ôté ma veste apparaît après coup, c'est une idée, une image de moi-même en tant qu'agent.  Durant l'action, il n'est pas possible d'être dans une idée de soi et dans l'action en même temps. Vous êtes violoniste.  Quand vous jouez du violon, vous ne pouvez penser: Je joue du violon, vous êtes entièrement impliqué dans le mouvement, sans l'image d'un interprète.  La pensée « je joue » peut rapidement traverser votre esprit, mais à cet instant-là, vous êtes dans l'idée, pas dans le jeu ; notre langage est dualiste.  Quand vous dites : je joue du violon, cela signifie que le jeu appartient à un je ; si vous identifiez le je avec l'interprète, vous avez une idée de vous-même jouant du violon.  En réalité, ce je n'a rien à voir avec celui qui joue.

L'insondable silence

A, B, C, D, E, F, G, H, I, J, K, L, M, N, O, P, Q, R, S, T, U, V, W, X, Y, Z.


Bienvenue| Cours de philosophie| Suivi des classes| Textes philosophiques| Liens sur la philosophie| Nos travaux| Informations
 
philosophie.spiritualite@gmail.com