Textes philosophiques

Jean Klein     souffrance et contemplation


   "Quelle attitude adopter lorsque nous nous trouvons devant la souffrance physique?

     Jean Klein La douleur apparaît pour quelqu'un. Si vous vous identifiez à votre douleur, vous êtes complètement noyé dedans et alors vous luttez, vous vous défendez. La douleur permet de vous situer, de comprendre que vous n'êtes pas ce qui est douloureux: vous êtes en quelque sorte, le connaisseur de cette douleur.

      Quand vous laissez la sensibilité s'éveiller complètement, à ce moment-là, il y a une masse de sensibilité mais il n'y a plus de douleur, il reste une sensation. Nous pourrions dire que vous avez alors éliminé une grosse partie de la sensibilité.

     La douleur, comme la souffrance psychique, d'une certaine manière, sont des poteaux indicateurs qui vous permettent de vous situer. quand tout va bien, le plaisir, les choses agréables sont, pour nous, naturels, évidents et nous pensons y avoir droit tandis que la présence de la douleur, de la souffrance, nous donne la possibilité de nous situer dans un axe qui se trouve au-delà, une Présence silencieuse.

     C'est uniquement cet axe, ce centre qui représente une position libératrice où toute élimination de cette sensibilité, de cette sensation pourrait trouver une possibilité de s'éliminer, c'est-à-dire que l'organisme retrouve, de nouveau, son équilibre parce que la douleur n'est, au fond, que l'Harmonie rompue.

      Toute intervention dans la douleur est complètement arbitraire. Le médecin qu'on appelle quand il y a douleur est sensé connaître la nature des choses. S'il connaît vraiment la nature des choses qui fonctionnent harmonieusement, sa présence et son intervention permettent au fond d'aider cette nature à rentrer dans l'ordre.

     Mais il est très important que vous preniez sciemment, et par vous-même, l'attitude qui permet de réintégrer l'équilibre, parce que ce déséquilibre ne provient pas de la nature elle-même, mais d'une intervention du moi, d'un sujet, d'une personne. Cette personne isolée crée le conflit, la disharmonie.

     Quand vous contemplez la souffrance ou la douleur, vous vous détachez aussi de la personne et, dans cette position qui est votre nature, naturelle, qui est attention totale, cette conscience "une" permet à toutes choses de rentrer, à nouveau dans l'ordre, que ce soit pour vous ou pour une autre personne.

On peut bien vivre avec la souffrance ?

     Il faut l'aimer et alors il y a compréhension de la souffrance. La souffrance est surtout le résultat d'un point de vue fractionnel et lorsque vous aimez la souffrance, elle se transforme totalement.

Entretien donné à Saint Paul de Vence, mercredi 23 juin 1976. Paru dans la revue Troisième millénaire, N° 70, p.12.

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