Textes philosophiques

Jean Klein     Regarder une fleur ou projeter


   "Vous regardez une fleur. Au moment où vous la regardez, il y a seulement regard, vous ne pensez pas : "voilà une fleur". Si vous le pensez, alors il n'y a plus de regard. Ainsi, en posant les yeux sur une fleur, il n'existe que le regard; il n'y a plus de fleur, il n'y a que le regard, dont vous n'avez pas conscience... Tout objet vu, entendu, touché, peut vous ramener à votre vraie patrie qui est pur regard, pur écoute, pur toucher. Au début cela paraît comme une attention pluridimensionnelle, mais si l'attention demeure, elle finit par se dissoudre dans la conscience. Vous commencez par être conscient de quelque chose, puis ce quelque chose reflue dans la conscience, dans sa patrie, et ce qui reste est une conscience sans objet qui se connaît par elle-même. Utiliser le terme d'écoute ou de regard revient à faire usage du mot prière. Prier, c'est attendre, une attente sans expectative...

     La conscience et son objet sont un. Un objet n'a aucune réalité en soi, aucune réalité hors de la conscience. Il dépend de la conscience. Ainsi quand vous regardez une fleur et qu'il y a seulement regard, la fleur est en accord en vous et en moi. Mais la perception de la beauté, la joie, ne peuvent que succéder au regard, ne peuvent apparaître que lorsque la fleur vous a renvoyé à votre regard, à votre propre beauté...

     La fleur est perçue et conçue. Elle est perçue avec les cinq sens et conçue avec le sixième. Généralement, concevoir survient trop rapidement, aussi devez-vous maintenir votre regard comme le ferait un artiste, un poète. Les artistes perçoivent la fleur, sans chercher à la concevoir. Ils ne la conceptualisent pas; il la voient avec leurs cinq sens. Quand la perception est maintenue, on permet à la fleur d'être réellement une fleur. Tout de la fleur est alors exploré. Quand vous regardez la fleur sans la recouvrir de concepts, vous êtres dans la floraison. C'est un printemps éternel. Je me souviens que Théo, dans une lettre à son frère, Vincent Van Gogh, lui parlait de ses arbres semblables à des flammes. Van Gogh lui répondit qu'i voyait les quatre saisons simultanément. Ce n'était pas une conception. C'est cela une perception.

Transmettre la Lumière, p. 52-53.

Indications de lecture:

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