Textes philosophiques


Kant    Histoire et téléologie naturelle


   « Une tentative philosophique pour traiter l'histoire universelle en fonction du plan de la nature qui vise à une unification politique totale dans l'espèce humaine doit être envisagée comme possible et même comme avantageuse pour ce dessein de la nature. C'est un projet à vrai dire étrange, et en apparence extravagant, que vouloir composer une histoire d'après l'idée de la marche que le monde devrait suivre, s'il était adapté a des buts raisonnables certains; il semble qu'avec une telle intention, on ne puisse aboutir, qu'à un roman. Cependant, si on peut admettre que la nature même, dans le jeu de la liberté humaine, n'agit pas sans plan sans dessein final, cette idée pourrait bien devenir utile; et, bien que nous ayons une vue trop courte pour pénétrer dans le mécanisme secret de son organisation, cette idée pourrait nous servir fil conducteur pour nous représenter ce qui ne serait sans cela qu'un agrégat des actions humaines comme formant, du moins en gros, un système ».

 Idée d'une histoire universelle du point de vue cosmopolitique.

Indications de lecture :

     La chaîne des événements de l’histoire, qui se développe au sein même d’une apparente discorde, réalise en fait le progrès de l’humanité, qui emporte celle-ci vers sa finalité réelle. En obéissant au dessein téléologique de la nature, l’histoire élève l’homme de sa rudesse naturelle vers un état de culture. Il y a une sorte de « ruse » providentielle, de « main invisible », selon l’expression d’A. Smith, par laquelle les impulsions irrationnelles de l’espèce humaine sont forcées par la nature, à l’insu des hommes, à s’enchaîner rationnellement.

    Il existe pour Kant une sage Nature-Providence à l’œuvre dans l’histoire humaine, conduisant les hommes, malgré leur volonté, à réaliser un but final, qui est, par-delà la culture et la civilisation, la moralisation. Cette Nature n’est pas seulement la nature, cours mécanique des choses physiques. C’est aussi et surtout une sorte d’intelligence divine, sagesse profonde et suprême orientant l’histoire vers un telos ultime, la paix. La nature est donc pensée ici comme une sorte de Providence ; elle est caractérisée par la finalité externe. Elle est le nom que l’on donne à l’accord des moyens et des fins, dont l’homme n’est pas responsable. Ainsi comprise, la nature ne s’oppose pas à la raison, bien au contraire, elle la complète.

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Texte préparé par Stéphanie Combabessou

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