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Textes philosophiquesKant la morale ne conduit pas au bonheur« La morale n'est donc pas à proprement parler la doctrine qui nous enseigne comment nous devons nous rendre heureux, mais comment nous devons nous rendre digne du bonheur. C'est seulement lorsque la religion s'y ajoute, qu'entre en nous l'espérance de participer un jour au bonheur dans la mesure où nous avons essayé de n'en être pas indigne. Quelqu'un est digne de posséder une chose ou un étant, quand le fait qu'il la possède est en harmonie avec le souverain bien. On peut maintenant voir (einsehen) facilement que tout ce qui nous donne de la dignité (alle Würdigheit) dépend de la conduite morale, parce que celle-ci constitue dans le concept du souverain bien la condition du reste (de ce qui appartient à l'état de personne), à savoir la condition de la participation au bonheur. Il suit donc de là que l'on ne doit jamais traiter la morale en soi comme une doctrine du bonheur, c'est-à-dire comme une doctrine qui nous apprendrait à devenir heureux, car elle n'a exclusivement à faire qu'à la condition rationnelle du bonheur et non à un moyen de l'obtenir. Mais quand elle a été exposée (vorgetradgen) complètement (elle qui impose simplement des devoirs et ne donne pas de règle à des désirs intéressés), quand s'est éveillé le désir moral, qui se fonde sur une loi, de travailler au souverain bien (de nous procurer le royaume de Dieu), désir qui n'a pu auparavant naître dans une âme intéressée, quand, pour venir en aide à ce désir, le premier pas vers la religion a été fait, alors seulement cette doctrine morale peut être appelée aussi doctrine du bonheur, parce que l'espoir d'obtenir ce bonheur ne commence qu'avec la religion"". Critique de la Raison pratique, P.U.F.. p. 139-140. Indications de lecture :Les passages soulignés sont en italique dans le texte de Kant.
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